L’UMP peut se permettre une « claque » aux municipales (et aux cantonales)
Pourquoi, d’un coup, les médias permettent à l’opinion publique de « lâcher » le gouvernement, alors qu’il était plébiscité il y a quelques mois ? Pourquoi Les Nouveaux Chiens de garde (1) du capitalisme s’autorisent-ils une telle dégradation de l’image du président ?
Les titres de la presse ont bien évolué ces derniers temps. Rappelons-nous les nombreuses interviews du Monde et du Figaro des ministres lors de la prise de leurs fonctions concernant leurs méthodes et leur passé. Rappelons-nous les éditoriaux enthousiasmés par le "changement" promis, vers la radicalisation du libéralisme. Rappelons-nous les journaux télévisés qui passaient leur temps à admirer l’action quotidienne du gouvernement (Grenelle, réformes) et la forme qu’il lui donnait.
Aujourd’hui, de Radio France à Libé, en passant par Le Figaro, on met bien en avant la « chute dans les sondages » du président. La gauche bande ! Elle n’a plus rien à faire pour les municipales. Toutefois, on entend le matin sur France Inter que « le message est clair, si les Français sont mécontents, ce n’est pas par rapport à ce qu’il fait, mais par rapport à ce qu’il ne fait pas ». Et pourtant, de nombreuses lois passent en ce moment, et l’actualité internationale n’est pas brillante. On parle beaucoup de « fabuleuses » primaires démocrates, comme si le peuple français s’identifiait à la gauche américaine, sans évoquer dans les titres du 20h les événements à Chypre (communistes réunificateurs qui prennent le pouvoir, l’UE flippe), en Grèce (grève quasi générale), ou le Tchad (trop complexe pour le public visé...). On occulte ce qui est important au profit de l’actualité « bling-bling » du couple présidentiel (cf. Les Guignols).
Il est vrai que les grosses réformes sont mises de côté pour quelque temps, mais qu’a à perdre la droite avec les municipales ? Faut-il avoir peur d’une « vague rose » dans les mairies ? 1) Une grande partie des municipalités est laissée à tel ou tel parti suite à des accords tacites aux niveaux locaux ou régionaux. 2) La mairie reste en France une institution sans grand pouvoir. D’un côté on félicitera l’Etat et les entreprises pour l’aide apportée à des projets « écolos » ou autres (sécurité...) et de l’autre on rejettera la responsabilité des échecs sur les municipalités (logements, pas d’attractivité des territoires pour les entreprises donc pas d’emplois).
La droite peut perdre, l’opinion publique fluctue bien assez vite.
Autre perspective : le remaniement ministériel. Il est certain que le président va encore nous surprendre avec de nouveaux secrétaires d’Etat, des nouvelles décisions phares.
Le traitement médiatique des municipales : une commune par jour !
Une super-méhode, qui a conquis toutes les formes d’information quotidienne (radio, télé, journaux) ! On voit défiler les bilans de plein de villes, les débats centraux de chaque commune, Pernaut nous emmène dans la ruralité. On nous apprend quels sont les enjeux : économiques, sociaux, urbains, écologiques. « Voter, c’est important » nous dit-on d’un air tant infantilisant que fatiguant et exacerbant. Du coup, après, on fait des sondages du style : 79% des électeurs iront voter « en pensant plutôt aux enjeux qui concernent (leur) ville » (2). Face à la propagande médiatique, c’est évident (bande d’imbéciles) ! Il n’empêche que 52% des gens ont voté pour le président, il y a 10 mois. Il a aujourd’hui 38% d’opinions favorables (3), c’est du délire ! On nous prend sacrément pour des cons dans l’histoire ! (Veuillez m’excuser pour cet emportement.)
Ce qui est prévisible, c’est un taux de participation hors normes pour ces municipales, en faveur des alliances de gauche (PS-MoDem-PCF-Verts).
Les mois prochains seront peut-être fatidiques en ce sens qu’une minorité de la population continuera à agiter les molécules du corps social par le bas. Un peu partout, sous plein d’étiquettes, on sait qu’un vaste mouvement confus se crée et commence à porter de nouvelles idées sur le pouvoir, la croissance, la consommation, les rapports de force. Reste à chacun de prendre la responsabilité d’une implication franche dans le(s) changement(s) qui s’impose(nt).
Nathan Blanckaert
(1) Les Nouveaux Chiens de garde, Serge Halimi, Passion d’agir.
(2) Sondage LH2-Libération, source JDD, 13/01
(3) Sondage Ifop-JDD, source Libération, 23/12
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