La grippe aviaire a disparu

En tout cas, elle a disparu de nos écrans de télévision et des unes des journaux. Bonne nouvelle, ou étrange phénomène ? Depuis quelques semaines, la grippe aviaire a disparu. Plus une trace. Plus un seul décompte de volatiles (oies, canards, perroquets...) roumains, suédois ou anglais, contaminés. Plus un seul diagramme montrant la progression implacable de la pandémie, la croissance exponentielle des personnes infectées, plus un seul schéma décrivant les modèles mathématiques de contamination. Plus un reportage sur les stocks de Tamiflu, de masques, et autres bottes en caoutchouc. Plus un seul débat où certains spécialistes prédisent l’Apocalypse, tandis que d’autres crient à la menace largement exagérée.

Alors que se passe-t-il ? Est-ce à dire que la menace a disparu ? Que le H5N1 a été éradiqué par les premiers frimas de l’hiver ? Bien sûr que non. Simplement après le battage médiatique sans précédent des mois de septembre et d’octobre, les médias sont passés à autre chose. On pourrait presque dater exactement la fin de la déferlante médiatique sur la grippe aviaire : le 29 octobre dernier, avec le démarrage des émeutes urbaines. L’ogre médiatique a alors abandonné son sujet de prédilection pour s’en trouver un autre ; la grippe aviaire dont les moindres soubresauts (nouveaux cas, évolution, controverses) étaient scrutés a complètement quitté le devant de la scène. Qui, par exemple, a entendu parler du point de situation du ministère de la santé du 8 novembre dernier ?

Bien sûr on pourra argumenter que l’actualité de la grippe aviaire a été moins « forte » au cours des dernières semaines, et que d’autres évènements étaient plus « chauds », mais ce qui frappe c’est ce traitement sur le mode « tout ou rien », sur le mode de l’excès. L’emballement médiatique semble exclure la mesure, le traitement dans la durée, l’équilibre. Soit la grippe aviaire est à nos portes, et des dizaines de milliers de morts sont annoncés, soit elle disparaît, rejetée dans le flot des anciennes nouvelles.

Alors : pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? Malheureusement, on peut parier que la grippe aviaire reviendra sur nos écrans dans les prochaines semaines, telle un épisode de type « Grippe aviaire, le retour ». Espérons simplement que les médias sauront éviter le seul traitement spectaculaire de ce come back.