La petite mosquée dans la prairie. Quand les musulmans explosent de rire...
Pas facile d’être musulman de nos jours. Sauf quand on s’appelle Zinedine Zidane ou Frank Ribéry. Ce qui n’est pas le cas des protagonistes de La Petite Mosquée dans la prairie, une série canadienne diffusée sur Canal+ cet été.
L’histoire conte l’arrivée d’un imam, l’animateur d’une communauté religieuse musulmane, en charge d’éclairer les fidèles sur la vérité de la foi, dans une bourgade canadienne dénommée Mercy. Mercy, comme The Sisters Of Mercy, les sœurs de la pitié, célèbre groupe gothique-cold wave des années 80.
Une série de quiproquos cocasses se succèdent à l’occasion de son arrivée. Ancien avocat, Amaar, le nouvel imam, annonce en plein aéroport qu’il ne compte pas se suicider (professionnellement s’entend) en quittant Toronto pour Mercy, à la stupéfaction de ses voisins. Il se fait arrêter par un policier retors qui interprète l’ensemble de ses propos comme s’il était véritablement un terroriste. Toute coïncidence avec une scène déjà vécue ne serait que purement fortuite.
Votre position Monsieur le missionnaire ?
Invité par Yazir Hamoudi, le leader économique des personnes de confession musulmane de la ville, le nouvel imam a fort à faire pour se faire accepter. Il lui faut convaincre une mère que le polygamisme de son fils serait mal venu, résister aux avances d’une jeune demoiselle voilée, « quelle est votre position, Monsieur le missionnaire ? », mais dont l’habillement suggère des formes plantureuses surtout quand elle s’habille « en protestante ». Le pasteur qui loue une partie de ses locaux pour l’établissement de la mosquée doit lui aussi faire face aux regards inquisiteurs de certains membres de sa communauté religieuse. Avant tout La Petite Mosquée réussit son pari parce qu’elle porte un regard tendre mais humoristique sur les musulmans sans dénoncer à outrance les comportements suspicieux des occidentaux, au premier rang desquels un animateur de radio, et se moquant surtout des failles de l’être humain. Avant d’être une série politique, où ses propos seraient porteurs d’un message, elle est avant tout une série de divertissement et à prendre comme telle. Sentiment confirmé par les propos de la réalisatrice Zarqa Nawaz (qui filme sans artifice et effets tape à l’oeil ses acteurs) : "À travers la comédie, j’espère qu’une petite lumière éclairera la lanterne de ceux qui ont des préjugés, notamment dans le monde post 11-Septembre. Mais la série est bien une sitcom, pas une satire politique". On est loin du choc des civilisations cher à Samuel Huntington même si...
Dans la peau d’un Noir, Pure laine...
La Petite Mosquée dans la prairie ne ravira pas ceux qui se facilitent la vie en mettant les individus dans des boîtes : les méchants d’un côté, les bons de l’autre, et si possible en utilisant des critères discriminants basés sur l’apparence, parce que, autrement, c’est plus facile de se tromper. La série figure dans la même veine que la série documentaire de Canal+, Dans la peau d’un Noir, ou encore Pure Laine, série canadienne elle aussi, mais du Québec cette fois-ci qui racontait l’intégration de Didier Lucien, venu d’Haïti, et enseignant en histoire de la Belle Province. Elle aide à décrypter nos peurs, nos angoisses qui pour être subjectives n’en sont pas moins reflétées sur les autres. Pour le meilleur et pour... le rire.
- Présentation des personnages ici
- Extraits vidéos à partir d’ici
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