Le bourrage de crâne fonctionne bien
Ce dimanche 16 janvier 2011 à 16 heures, je consulte le figaro qui fait 2 sondages auprès de ses lecteurs. Le premier concerne l’éclairage public avec la question : accepteriez-vous que l’éclairage public soit revu à la baisse pour diminuer la consommation d’énergie ? A l’heure où j’écris, plus de 65% des votants ont répondu oui. La deuxième question, elle, s’intitule : Faut-il réduire le montant des indemnités de chômage ? Là, ce sont 51% des votants qui ont dit oui. Discutons donc de ces deux points avec un peu plus de détail.
L’éclairage public
Remarquons tout d’abord que l’éclairage public a été une nécessité et cette nécessité a été, historiquement, liée à la sécurité des citoyens. En effet, l’éclairage public est né, dans nos sociétés modernes, à une époque où le pouvoir d’achat global était bien inférieur à ce qu’il est aujourd’hui et il a donc bien fallu que sa nécessité soit grande pour qu’il lui soit attribué la priorité qu’il a eue. L’éclairage public a donc permis une baisse importante de la criminalité par dissuasion : agresser quelqu’un en pleine lumière est bien plus difficile. Un certain nombre de français, des lecteurs du Figaro en particulier, semblent avoir oublié ces faits élémentaires. Peut-être vaudrait-il la peine d’envoyer ceux qui plaident pour moins d’éclairage public dans une grande ville chinoise, Wuhan par exemple, où j’étais en 2005 et qui faisait à l’époque 8 millions d’habitants, dans laquelle, à environ 1 kilomètre de l’hyper centre, il n’y avait plus d’éclairage public et donc plus de vie, plus d’activité, plus de sécurité…
Et c’est là que l’on voit toute la puissance délétère du système qui nous gouverne. Sous prétexte d’économies d’énergie, bien entendues liée à la thèse encore plus délétère du réchauffement climatique, on convainc les gens qu’il faut qu’ils abandonnent des bienfaits essentiels de la civilisation. Par la même occasion, on les a convaincus que l’énergie est une ressource rare et qu’il y aura des conflits pour s’en procurer, la guerre d’Irak n’étant que les prémisses du futur qui nous attendrait. Pourtant, rien n’est moins faux. Nous avons de l’énergie à profusion, à condition de le vouloir toutefois. Les réserves d’uranium connues aujourd’hui sont chiffrées à 72 ans de consommation. Néanmoins, la même référence explique qu’avec 10% de croissance par an, si nous passons à la surgénération nous avons pour 6700 ans de réserves (pour le monde !). De même, si nous passons à la filière U233/th, nous avons des ressources que l’on peut estimer, en plus de la filière U238/Pu239, à plus de 20000 ans ! Pour ceux qui sont intéressés par l’Histoire, aucune civilisation n’a vécu aussi longtemps. En conséquence, si notre civilisation doit mourir, elle ne mourra pas d’un manque d’énergie. En conséquence, rogner sur la sécurité et le bien être, rogner sur le service public que représente l’éclairage public est un non-sens. Je ne dis pas qu’il faut gaspiller, mais entre limiter les gaspillages inutiles et diminuer l’éclairage public, il y a une marge qui me semble importante.
Les indemnités de chômage
Je serais curieux de voir ce que diraient ceux qui ont voté pour une diminution des indemnités s’ils venaient juste d’être licenciés surtout dans le contexte de crise dans lequel nous sommes et où trouver un emploi relève bien souvent du calvaire. Non seulement les indemnités ne sont pas si élevées, mais en plus elles sont dégressives avec le temps. A priori, une bonne réforme a été faite qui consiste à demander périodiquement au chômeur de montrer les efforts qu’il a faits pour trouver un emploi. Même si cette mesure a été assez décriée et même s’il n’est pas sûr qu’elle soit efficace en tout cas était-elle d’un certain bon sens. Je tiens aussi à rappeler que les indemnités de chômage sont là pour exprimer la solidarité globale du monde salarié face aux aléas de l’économie. Au nom de quoi ceux qui votent pour une diminution des indemnités remettent-ils en cause cette solidarité ?
En réalité, je crains que le mal ne soit plus profond. On a lentement, mais sûrement, instillé dans l’esprit des gens que les chômeurs sont en réalité des professionnels du chômage, qu’ils ne veulent rien faire sinon tirer sur le système. Ce n’est bien entendu pas vrai. Mais le bourrage de crâne quotidien, avec ses insinuations nauséabondes fait son effet, comme la gangrène. On manipule l’opinion, on détourne son attention des vrais problèmes et pendant ce temps-là, le système peut perdurer avec les prébendes qu’il assure à ses zélateurs.
Conclusion
Ne nous laissons pas berner par le système et ses hérauts, résistons ! Et pour le plaisir proposons au Figaro un petit échantillon de questions à poser à ses lecteurs.
- Faut-il rétablir des droits de douane ?
- Faut-il revoir la déontologie des médias ?
- Quelle liberté d’expression en France ?
- Souhaitez-vous que des observateurs de l’ONU viennent surveiller le bon déroulement des élections présidentielles et législatives en France ?
- Souhaitez-vous que l’Etat diminue le financement de la presse écrite en France ?
- Souhaitez-vous l’organisation d’un nouveau référendum sur l’adhésion de la France au traité de Lisbonne ?
- Souhaitez-vous que les journalistes aient un statut fiscal de droit commun ?
- Etc.
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