Le gouvernement s’attaque au cyberharcèlement
Le harcèlement scolaire, entre adolescents, qui se prolonge aujourd’hui jusque dans la rue et dans la maison avec les nouvelles technologies de la communication (ou cyberharcèlement), provoque encore et toujours de graves effets sur ses jeunes victimes : de décrochage scolaire, à de véritables dépressions, et parfois au suicide.
Très loin de diaboliser Internet et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, bien au contraire, Vincent Peillon, Ministre de l’Education nationale, a lancé en novembre 2013 une nouvelle campagne contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement qui poursuit l’adolescent en dehors des murs de l’enceinte scolaire.
Qu’on se le dise bien, Internet et les technologies numériques (téléphone portable, tablettes, ordinateurs, réseaux sociaux, apps, etc.) ne sont pas les causes du harcèlement scolaire. Ils n’en sont pas responsables. Comme n’importe quel autre média (télévision, téléphone, presse écrite, radio), Internet et le numérique ne sont que les vecteurs neutres d’un contenu. A ce titre, ils ne peuvent être remis en cause comme moyens de communication, dont la rapidité et la qualité de transfert en font les médias les plus performants et les plus démocratiques de l’histoire de l’humanité.
Toutefois, comme n’importe quel outil manié par l’homme, Internet et le numérique peuvent être utilisés à mauvais escient par ceux qui s’en servent. A l’image de la brique qui peut servir à construire ou à tuer selon celui qui la tient, Internet et le numérique peut servir aussi bien à construire, élaborer et améliorer les échanges entre être humains, comme ils peuvent être le prolongement tragique de propos et comportements méchants, agressifs, haineux, volontairement nuisibles et douloureux pour celui ou celle qui les subit.
Aussi, inutile de se cacher derrière Internet et force est de constater qu’aujourd’hui, l’ado de 15 ans qui s’amuse et se moque, de manière répétée, verbale ou physique, de son camarade de classe en raison de sa couleur de cheveux, de peau, de ses tâches de rousseur ou de son appareil dentaire, de son poids, de ses vêtements, de ses goûts musicaux (etc., etc.), qui l’insulte pour ces raisons et l’humilie en public dans la cour de récré, va trouver un formidable terrain en ligne pour poursuivre son harcèlement.
De l’insulte ou de la diffamation publique sur le mur Facebook de son camarade, ou du lancement de rumeurs ridicules sur Twitter à son propos, de la création de faux comptes sur Ask.Fm pour lui attribuer des questions et réponses honteuses et choquantes, jusqu’au piratage de comptes, au chantage affectif ou au harcèlement par sms, le constat est véridique : Internet peut être très mal utilisé par les adolescents. Pour rire ? Pour blesser. Pour lyncher.
Que faire si le harcèlement à l’école se poursuit à la maison sur ces technologies ? Ce harcèlement, qu’il se produise à l’école ou à la maison sur écran tactile, est bien le fait d’adolescents scolarisés que l’Education nationale doit prendre en charge dans son programme républicain : former les jeunes citoyens à devenir responsable, respectueux de leurs voisins et de la loi. Il en va bien de la responsabilité de notre gouvernement de s’occuper de ces faits réels et dramatiques. « Assurer la sécurité et la sérénité de tous les élèves et de tous les personnels dans nos écoles et nos établissements, c’est enfin transmettre et faire respecter les valeurs essentielles que sont la solidarité, la fraternité, la dignité de tous, (…) afin que l’Ecole de la république demeure (…) celle où se construit la société de demain »[1].
Aussi, l’ancienne campagne préexistante contre le harcèlement scolaire (« Agir contre le harcèlement à l’école ») est relancée par Vincent Peillon, Ministre de l’Education Nationale, par la création en novembre 2012 de la Délégation Ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, pour lutter plus efficacement contre le harcèlement scolaire. Voulant rompre avec une approche « partielle et court-termiste, au gré des faits divers »[2] la Délégation a lancé un programme de fond, à long terme, sur le terrain, plus concrète, plus actuelle, avec notamment une stratégie de lutte contre le cyberharcèlement, nouveau volet de la campagne lancée en novembre 2013.
Cette délégation ministérielle est ainsi rattachée à la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO).
Présidée par Monsieur Eric Debarbieux, professeur des universités, Paris Est Créteil, président de l’observatoire européen de la violence scolaire, la Délégation Ministérielle est composée de spécialistes et d’acteurs de terrains sur la question de la violence en milieu scolaire, dont 10 membres permanents et d’une trentaine de personnes formant le comité scientifique.
Ainsi, l’on peut retrouver au sein des membres permanents, par exemple :
- Caroline Veltcheff, Inspecteur d'académie - Inspecteur pédagogique régional Établissements et vie scolaire dans l’académie de Versailles. Elle sera notamment chargée d’établir le lien entre les disciplines d’enseignement, la prévention de la violence à l’école et d’accompagner la création de supports et d’outils de prévention.
Consciente des difficultés que cette lutte représente à court et à long terme, et que la seule répression ne suffit pas, la Délégation Ministérielle entend agir en amont, par plusieurs activités de sensibilisation et de prévention, grâce notamment à l’élaboration de plusieurs outils, tels que des clips où les stars des ados expriment leur douloureux passés, victimes de harcèlement.
Concernant le volet numérique qui nous intéresse plus particulièrement, on pourra trouver :
- Petit clip sur la question pour les plus jeunes
- Guide de prévention de la cyberviolence entre élèves destiné aux personnels pour leur permettre de prévenir, d’identifier et de traiter le phénomène.
- Formations des équipes éducatives et des parents aux outils numériques
- Enseignements à une pratique légale d’Internet et des réseaux sociaux dans le respect de ses camarades : tout comme on enseigne les élèves à ne pas cracher en cours
- Site collaboratif : la lutte contre le harcèlement constitue l’un des piliers du climat scolaire. La politique de prévention est une politique globale pour laquelle un site collaboratif est créé.
- La multitude d’actions de prévention, de lutte et de répression du cyberharcèlement est gigantesque
Pour suivre et informer sur la réalisation de la nouvelle campagne, le site « Agir contre le harcèlement à l’école » a été mis à jour. La page Facebook est également disponible.
Quant à nous, pour nous suivre, cliquez ici :
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