Le mythe de l’empereur-dieu Sarquosi
Ma méthode n’est pas (très) scolaire, une forme de cryptographie visant à décoder la méthode de com du gouvernement. Le but de cette analyse est d’expliquer la situation française dans les liens entre pouvoir et contre-pouvoir, classe dirigeante et ’peuple’ (ou classe dirigée), décision et résistance. Cette situation se définit, à ce qu’il me semble, par l’impuissance quasi-totale des contre-pouvoirs officiels et officieux à résister (prouver leur pertinence) et à exister pour et par le peuple, et cette impuissance comme détérioration, destruction des droits des dirigés.
[Mes lectures de références pour ceci sont, dans le lointain, un peu d’anthropologie structurale (Levi-Strauss), de la sémiologie, de la logique formelle et de la linguistique (académique) et le soupçon de Barthes, feuilleté et auquel le titre de ceci se réfère.]
C’est parti : et une topographie des registres narratifs des médias pour commencer. Topologie des domaines qui leurs sont liés : le pouvoir, ses effets, ses causes, les moyens et les fins.
L’exercice de la remise en ordre me semble être un premier niveau. Ou encore, exercice de la répression : Tarnak, les enfants à la sortie de l’école, le grand-père sans papier, les sans-abris. Logique de la peur, il y a un sentiment d’injustice avéré qui s’en dégage, et qui est voulu (cfr. les biais). Dans cette logique de la peur, un sentiment prédomine, celui d’impuissance face à cette injustice, car la criminalisation peut toucher n’importe qui. Si Lepen a aussi joué sur les peurs, la différence vient de la peur des forces de l’ordre, d’être pris pour coupable. La cause de ce message répressif se trouve dans les mass-media (jouant sur leur vocation d’infomacon, du chien écrasé), le moyen par lequel il existe se trouve dans la police/force de l’ordre, et a pour fin l’exercice de la répression.
Le second niveau se donne comme l’exercice du législatif. Ou encore, exercice d’une forme de pouvoir totalitaire. Hadopi, Lopsi, détaxe des plus riches. De manière avérée, le parlement vote des lois qui servent les puissants aux détriments des faibles. En s’affichant ostensiblement comme partisans de ces décisions, les portes-paroles envoient un message très clair, celui de la toute puissance du gouvernement, au détriment des gouvernés. C’est pour cela que Hammon parle de provocation - les contre-pouvoirs ne peuvent rien faire, et il y a là une volonté de zizanie, de destruction de l’adversaire, car il est, de fait, impuissant - mais à cause des votants, et pas de lui-même. La force paralysante de l’hypocrisie avérée. Si la cause de ce message de puissance totale réside dans la classe politique, légiférante, le moyen en est les médias qui avertissent. Et la finalité est la modification de la loi, et de son exercice. (Comme, aussi, le projet de suppression des juges d’instructions.)
Et le troisième niveau est le super bling-bling, le Sarquo star-fucker, le niveau du pouvoir populiste. Véritable force dans le système actuel, il assoit dans le rêve le petit empereur. Au-delà de son discours à la comme tout le monde, au-delà de sa familiarité avérée, sa fascination d’îcone passe par l’usage de ses droits et relations de président - mais dans ce qu’il lui donne comme avantages matériels : yacht, femmes, hôtels, jetset. Il s’adresse surtout aux faiblesses des désirs de l’individu : l’habitude face à la télé (ou dans les tabloïds) de voir des stars place le ptit N. parmi celles-ci. La cause de ce message est la volonté de l’empereur, le moyen en est le star-système, et il trouve toute sa raison d’être lorsqu’on le voit à la télé, avec Karlita.
Voilà donc les présupposés du mythe politique. Il explique, dans sa narration, l’histoire de l’empereur, ses belles aventures et ses petits ennemis, la puissance de sa volonté et la présence des flics dans les écoles. Il englobe la vie de la France en lui donnant les explications de sa souffrance et de ses joies.
Plus précisément, les trois niveaux se structurent de la manière suivante, comme le mythe, sur trois niveau :
Niveau de pouvoir : | CAUSE : | MOYEN : | FINALITE : | / Niveau de narration : |
Répressif | 1 médias : faits divers aux infos | 2 police, force de l’ordre | 3 sentiment d’injustice, peur | Le Réel, les faits |
Totalitarisant | 4 les sbires de la politique | 5 médias : rôle d’information | 6 modification du champ légal, zizanie | Le Symbolique, le devoir |
Populiste | 7 l’élite politique : Sarquo et ses amis | 8 le système de starification | 9 médias : rubrique people | L’Imaginaire, le rêve |
narration | figure narrative |
démonstration du mythe | Niveau de réalité du mythe. |
Voilà donc le gros mythème politique français. Quelques explications complémentaires sont nécessaires.
Les médias : A chacun des niveaux apparaissent les médias, mais dans différents rôles. Au niveau réel, ils parlent de la réalité du peuple, ils disent : les choses se passent de la sorte pour tout le monde, et ils jouent sur la peur de l’autre et de la répression. Au second niveau, ils sont un vecteur des sbires politiciens, et le rôle du journaliste n’est plus de se poser en autorité qui dit la réalité mais bien de trouver un interlocteur, l’interviewé - le centre de l’exercice de gouvernance. Au troisième niveau, ils existent comme machine à rêves, comme support d’images qui parle de ce qui ne concerne pas Mr tout le monde.
Les sbires et mains d’oeuvres : Sur l’axe 4-2, on voit l’execution du système, l’application du devoir et de la loi. Une forme d’axe du législatif à l’executif.
L’aristocratie : Sur l’axe 7-5-3, on voit apparaître les castes. Le peuple qui a peur (3), coincé par les flics et la loi (2 et 6), est la réalité française. Au-delà du miroir du petit écran (1-5-9), le rêve : les petits politicards et les stars (4 et 8) et enfin, l’empereur et ses proches (7).
Ce qui se dégage de ceci est l’innovation du clan du petit N. dans l’usage des médias. En le faisant apparaître au niveau de l’Imaginaire, du rêve, il polarise un antagonisme paradoxal. Au-delà de ses abus, il fascine ; la colère que Mr tout-le-monde voudrait avoir à son égard est culpabilisée par le respect de sa position. Si la présence des forces de l’ordre, omniprésentes en France pour l’instant, est certes désagréable, elle renvoie à l’empereur : ce sont ses envoyés, et ils ont tous les droits.
Cette assise de l’Etat comme invasif s’oppose à l’Etat de droit, mais c’est parce ce n’est pas Mr le Président Untel, mais une figure mythologique, construite de toutes pièces par les caméras, que les abus sont subis et tolérés. De la peur à l’envie, les médias inféodés structurent la place des uns et des autres dans l’imaginaire populaire français.
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