Le risque opinion, un délit ?
Je suis tombé ce matin sur un article concernant « la veille de l’opinion » :
Et j’ai donc voulu en savoir plus.
Tout d’abord impossible de consulter le document complet, inaccessible aux particuliers. Il me reste donc le cahier des clauses particulières.
Interrogé par le post un blogueur annonce que depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, une cinquantaine d’appels d’offre de ce genre ont été lancés, tout cela sans qu’il y ait de remous.
Après quelques succinctes recherches, je m’aperçois qu’effectivement la « veille » d’internet en particulier, et de l’opinion en général, est déjà bien établie. Mais comme j’ai l’occasion de saisir un de ces appels d’offre, je me propose donc de le consulter. Sur le post toujours, le blogueur (d’une société pratiquant notamment de la veille d’opinion en ligne) appuie bien sur le terme « veille » pour rejeter celui de « surveillance ».
Pourtant, sur le texte lui-même, les termes « sources SURVEILLEES » sont clairement inscrits en titre de section à l’article 5.
Toutes les sources d’information y passent, et nous sommes loin de l’angélisme évoqué par le blogueur (une simple analyse de l’opinion) : « identifier », « repérer », « décrypter », « suivre », « anticiper », « alerter » sont les objectifs de cette « veille », veille qui ressemble plus à un contrôle de police qu’à une analyse sociologique vous en conviendrez…
La finalité de cette traque des « informations signifiantes pertinentes » c’est l’élaboration d’un « risque opinion », terme également suspect quant à l’absence analytique du jugement de ces opinions.
En réalité cette « veille de l’opinion » est destinée non pas à se faire une idée de l’opinion quant aux actions gouvernementales, mais à détecter les opinions défavorables au gouvernement, pour les surveiller dans leur évolution ; à savoir si leur visibilité ne peut pas être nuisible à l’image que veut donner ce gouvernement. On ne sait pas ce qu’il peut en découler en termes de sanctions, mais on peut aisément imaginer qu’il existe de nombreuses possibilités pour faire cesser l’activité d’un site « gênant ».
On voit bien qu’il sera à l’avenir très difficile d’exprimer librement une opinion « risquée », car le gouvernement aura tout le loisir de surveiller en amont toutes sortes de rassemblements d’opinions divergentes (dissidentes ?), et par là-même de les empêcher. il sera à terme créé une sorte de base de données où sera de facto reconnu un délit d’opinion, défini par ce « risque opinion »
Si l’on ajoute à cela les volontés gouvernementales de s’approprier un canal télévisé, nous ne sommes plus très loin de Winston Smith : ne pas assister aux programmes du gouvernement pourrait être mal vu, voire suspect… un terroriste peut-être ?
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