Le téléphone sonne... faux
Vendredi 31 juillet à 19h20, sur France Inter, l’émission Le téléphone sonne, animée par Philippe Reltien, co-animée par Christian Chénot, traitait du thème suivant : « Les objectifs de la guerre en Afghanistan ». Les invités étaient : Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse et représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan (AfPak) ; Jean-Pierre Filiu, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (chaire Moyen-Orient), auteur de « Les frontières du Jihad » aux éditions Fayard (2006) ; Rony Brauman, médecin, ex président de Médecins Sans Frontières et professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. C’est parti pour 40 minutes d’indécence…

Commençons par du lourd : la répartition des interventions et des temps de parole : Thierry Mariani : 16 interventions, 13 minutes et 45 secondes de temps de parole. Jean Pierre Filiu : 4 interventions, 5 minutes et 14 secondes de temps de parole. Rony Brauman : 3 interventions, 4 minutes et 50 secondes de temps de parole. Trois fois plus de temps de parole pour Mariani que pour Brauman, Mariani totalisant un temps très supérieur à celui de ses deux opposants réunis… Mais ne nous inquiétons pas, nos trois compères auront tous une médaille, celle de la plus belle propagande. Ironie mise à part, une question vient immanquablement à l’esprit : pourquoi Filiu et Brauman acceptent-ils de participer à une telle mascarade ?
Une première réponse à cette question est peut-être qu’au-delà de ces chiffres hallucinants il ne faut pas perdre de vue qu’au fond, ces invités représentent, sous diverses variantes, un discours chargé d’annihiler tout sentiment d’indignation chez l’auditeur face à cette guerre à laquelle nous participons. Et les trois intervenants se retrouvent finalement sur la même ligne, à peu de choses près.
Dans un premier temps, l’analyse de ce qui est dit dans cette émission va nous permettre d’étayer cet argument. Elle sera pratiquée un peu à la manière d’un article du Plan B, journal satirique de critique des médias que certains connaissent sans doute, ce qui explique en partie la longueur de mon article (ne vous découragez pas…). Dans un deuxième temps, nous analyserons ce qui n’est pas dit, non pas en terme d’indignation manifeste et manifestée par tel ou tel intervenant, journaliste ou auditeur, mais ce qui n’est pas dit en terme de faits, c’est à dire ce qui est tout simplement dissimulé à l’auditeur, et qui me permets ici de dire j’accuse : j’accuse France Inter de réaliser une émission de débat et de confrontation avec les auditeurs traitant des « objectifs de la guerre en Afghanistan », sans que ne soient prononcés une seule fois les mots « pétrole » ou « gaz naturel »…
1. Ce qui est dit :
L’émission commence par nous saisir avec de l’émotionnel pur sucre : le témoignage d’une mère d’un des soldats tué dans l’embuscade de juillet 2008. Du trémolo, en veux-tu en voilà. L’impact est d’autant plus fort que ce témoignage nous arrive en pleine poire, sans que le journaliste ne l’ait introduit. Mais immédiatement après, comme une suite logique, c’est le marathon Mariani qui commence. On connaît son discours, bien rôdé, que le journaliste Philippe Reltien aide à dérouler par quelques questions bien placées en terme de rythme : on combat en Afghanistan 1) pour la sécurité du territoire national (le 11 septembre, etc…) et 2) pour la démocratie et la libéralisation des mœurs en Afghanistan (il ne nous ressort quand même pas les doigts vernis coupés de son prédécesseur Lellouche… on a presque envie de lui dire merci…). Tout de suite Chénot contre attaque, en commençant sa question par « On comprend bien, mais est-ce qu’il n’y a pas un problème d’objectif(s) de guerre… ». Ce sera la plus violente attaque contre Mariani de toute l’émission.
Après quatre interventions successives de Mariani, Reltien refile brutalement la parole à Brauman, après avoir reformulé la première question d’un auditeur qui passait par là, et qui demande pourquoi on envoie pas plus de soldats, et pourquoi ils sont pas plus sur le terrain. Ben oui, quoi ! Qu’on leur foute enfin une bonne branlée à ces Talibans, qu’on les nique une bonne fois pour toute, et qu’ils nous emmerde plus ! Qu’on venge nos 28 soldats morts au combat, au Napalm s’il le faut ! Brauman est quand même un peu gêné, surtout parce qu’il s’attendait pas à avoir la parole si tôt. Il commence par rassurer Mariani et tous les auditeurs qui pensaient qu’il allait dézinguer son adversaire : « Je ne suis pas du tout convaincu par les explications que donnent M. Mariani (…) mais j’admets tout à fait que … je n’ai pas tous les éléments du problème… » Ouf ! Mais pourquoi on s’inquiétait, c’est vrai qu’à chaque fois qu’on parle de terrorisme, il est sain de s’imposer une confiance aveugle envers nos dirigeants… Mais Brauman ne s’arrête pas là : « Ca voile quelque chose », finit-il par dire, en faisant un chouette jeu de mot, puis « Personne n’est à même de comprendre », comprenez, de comprendre ces fichus objectifs de guerre. Et comprenez aussi, « personne », c’est à dire même pas lui, notre bon Rony, puisque, pas de panique, il ne nous fera aucune révélation à ce sujet. Mais sachant par sa grande pratique de ces émissions de propagande dont il est l’invité récurrent, que cette première intervention sera peut-être pour lui aussi la dernière, notre bon Rony continue, alors que Reltien essaie de le couper : « La France, aux côtés d’autres puissances, est intervenue en octobre 2001 pour des raisons qui sont parfaitement décentes, que tout le monde a fort bien compris, il n’y a eu absolument aucune opposition à cette intervention militaire à l’époque… » OK Rony. Total : 2 minutes 44 secondes de parole d’entrée de jeu. Bon score. Il s’est bien rattrapé. Reltien lui fait tout de même remarquer qu’il n’a pas répondu à la question de l’auditeur, qui était pourtant intéressante. Encore raté, Brauman ! Pas assez servile ! Mais tu feras mieux la prochaine fois… si on te donne encore la parole !
On passe ensuite à des questions d’auditeurs, qui, il faut bien le dire, font remonter le niveau de l’émission (mais pas trop non plus, on sait bien la manière dont les réalisateurs de l’émission choisissent les questions, et cette simple façon de faire devrait suffire à décrédibiliser totalement France Inter qui autorise et encourage ce genre d’information spectacle faussement participative). Un auditeur fait donc part de son étonnement quant à l’émotion suscitée par les soldats tués, qui sont pourtant recrutés pour… tuer et se faire tuer. Mais l’auditeur aurait pu aller encore plus loin dans son questionnement, en se demandant pourquoi les mêmes médias, qui d’un côté s’entêtent à servir la propagande de guerre du gouvernement, et donc à dissimuler les vrais objectifs des combats, sont-ils les premiers à exploiter l’émotion suscitée par la mort de soldats français… Question potentiellement embarrassante, qui met presque le doigt sur le double jeu indécent des médias… c’est sans doute pour ça que Reltien refile subrepticement pour la deuxième fois la question à Brauman… qui s’exécute et répond en substance que la mort de nos soldats est d’autant moins acceptée par les familles que les objectifs de la guerre (qu’il ne nous expliquera pas) ne sont pas expliqués. Vous comprenez ? Mais alors pourquoi Rony et ses amis ne profitent-ils pas des tribunes dont ils disposent, à France Inter et ailleurs, pour nous expliquer (un peu) ces satanés objectifs de guerre, et ainsi alléger la peine des familles ? Peut-être parce que Rony sait au fond de lui que la vérité ne ferait qu’accroître le sentiment d’absurdité ressenti par les familles de soldats tués, et favoriserait une certaine défiance dans l’opinion publique (Cf. Fahrenheit 911 de Mickaël Moore, la séquence sur la mère d’un soldat tué en Irak) ? Mais pourquoi attendre cette prise de conscience de la part de Brauman. Il le dit lui même : « (…) je ne suis pas anti-militariste (…) en tant qu’humanitaire, je connais les horreurs de la guerre (…) elles font partie de la dureté de la vie ».
Vous avez dit « humanitaire » ? En effet, on passerait à côté de l’un des buts principaux de cette émission si l’on ne comprenait pas que la présence de Filiu, et plus encore celle de Brauman, servent en dernier ressort à faire passer la pilule de l’intervention militaire à des fins humanitaires. Et c’est à cela que va s’employer tout de suite M. Reltien à la 22ème minute d’émission : « M. Mariani, on fait de l’humanitaire quand on est dans l’armée française en Afghanistan, on fait du développement, on construit des écoles, heu, on fait de l’instruction, on forme des soldats, on forme de policiers, heu… et on combat… alors, on fait plusieurs choses ? ». Je vous laisse imaginer la réponse de Mariani, les 25 millions d’aides, etc… Heureusement, l’auditeur suivant explique que toutes ces aides se partagent entre d’une part les entreprises étrangères (principalement américaines), et d’autre part des chefs de guerre pas très clairs, parfois proches des Talibans, et des planteurs de pavot, la population se partageant le reste… Cet auditeur, à qui Reltien essaie de couper la parole (comme à tous les auditeurs de cette émission, qui sont quand même en train de faire le boulot des journalistes et des intervenants réunis, mais c’est peut-être ça au final, le concept du téléphone sonne…) cet auditeur, donc, pose la question de la nature de la démocratie que l’on prétend installer là-bas, puisqu’il rappelle que, pour la majorité des afghans, il est tout à fait inenvisageable d’envoyer ses enfants à l’école, surtout si l’on se tient à distance de l’argent de l’opium. Mariani ne se démonte pas. Il en est à sa 9ème intervention, il enchaîne : « La question de l’auditeur est intéressante… ».
Bref, n’en jetez plus. Tout ceci serait très amusant si il n’y avait pas des milliers de morts derrière. Et la question du nombre de morts, c’est encore un auditeur qui va la poser à 5 minutes de la fin (ce qui fera sursauter Reltien : « (…) ça me rappelle qu’on a plusieurs centaines de milliers de morts en Irak, ça » ). Mais avant ça, on aura eu droit à la promo des élections libres et de M. Karzaï « le président (qui) a toutes les chances d’être réélu » (dixit Reltien), et une remarquable sortie de l’expert Filiu qui nous explique que c’est Ben Laden qui a tué Massoud, et que « sans la mort de Massoud, il n’y avait pas de 11 septembre ». Comprenne qui pourra, c’est l’expert qui a parlé.
On en arrive au nombre de morts. L’auditeur demande ingénument à combien s’élève le nombre de morts civils en Afghanistan, puisqu’à la 12ème minute de l’émission, on nous avait dit que 1300 soldats de la coalition étaient morts depuis le début du conflit (« on peut pas encore comparer avec la guerre du Viêt-Nam et ses 55 000 tués américains » avait dit l’incorrigible Reltien, reprenant ainsi un argument des va-t-en-guerre : 1300 tués, c’est que dalle ! on arrête pas une guerre pour si peu !). Hou la la ! Les morts civils, les bébés carbonisés, c’est à Rony l’humanitaire de s’y coller, même si l’auditeur avait bien précisé qu’il posait sa question à Mariani ! Reltien a bien pigé, qui passe à Rony. Rony réceptionne et se met en tête de tester les capacités en calcul mental des auditeurs : « Y a un millier de civils qui sont morts au court des six premiers mois de l’année 2009 (…) et c’est un taux de mortalité qui va croissant, il y en avait moins l’an dernier, et l’an dernier il y en avait plus qu’il y a deux ans encore (…) ». A défaut de savoir si les auditeurs s’y retrouvent, Reltien, lui, s’accroche : « Si c’est six mois, on est pas loin du Viêt-Nam, là ! ». Rony, imperturbable, continue : « …il faut préciser que sur ce millier de mort, environ les deux tiers, 60% sont dus à des actions menées par les Talibans, et donc 40% sont dus à des dommages collatéraux ». La propagande fait elle aussi de gros dégâts collatéraux… Au final, soit vous prenez votre calculette, soit vous laissez tomber. On remarquera quand même que l’impact émotionnel que le nombre total des civils tués par la coalition aurait pu avoir sur les auditeurs aura finalement été annulé par ces pas de danse médiatiques.
C’est fini ? Malheureusement non. Mariani, pour se défendre, explique sur le finish que « dans la région où les anglais font des opérations de reconstruction, tous les civils (il insiste sur le « tous ») qui travaillent à la construction d’un barrage agricole, les civils qui sont des afghans, sont systématiquement assassinés ». La bourde Thierry ! La méga bourde que tu viens de faire là ! Et à 2 minutes 30 de la fin en plus ! Moi, en tant qu’auditeur, je commence à comprendre d’où ils viennent ces 60% de civils tués par les talibans, maintenant. Des civils qu’ont le choix entre collaborer et crever, c’est-y pas beau, ça ? Et qui ne bénéficient sans doute pas de la même protection que les « coalisés », alors qu’ils doivent sûrement se taper le plus sale boulot… Encore heureux que tu parlais des anglais, Thierry… C’est chouette de pouvoir accuser les autres, ça soulage, hein ? La preuve, tu continue : « (…) l’armée française, je le répète, n’a pas eu les mêmes règles de combat que d’autres armées (…) On peut être plutôt fier de ce qu’on fait à ce niveau là. » Reltien saisit la balle au bond : « Pas de carpet bombing comme disent les américains ?… ». Carpette, quel bon mot de la fin.
2. Ce qui n’est pas dit :
J’ai déjà dit plus haut que ce qui m’avait choqué après avoir écouté cette émission, était que pas une fois le mot « pétrole » n’y était prononcé. Elément déclencheur d’indignation. Ainsi sont les humains. J’ai donc été jeter un coup d’œil sur Wikipédia à l’article « Afghanistan » (vachement bon, le tuyau…). En voici quelques extraits :
En ce qui concerne le gaz naturel : « Dans les années 80, les réserves étaient estimées par la Banque mondiale à 140 milliards de m³. Aujourd’hui, les études préliminaires montrent que ces évaluations ont été sous-estimées d’au moins 18 fois, les réserves réelles seraient donc plus près de 2 520 milliards de m³ ». Et pour le pétrole : « Les réserves de pétrole seraient 90 fois plus grandes que ce que pensaient les Soviétiques dans les années 80. Aujourd’hui, des compagnies pétrolières comme Unocal, Texaco, BP et Total se sont installés à Kaboul en espérant remporter des appels d’offres du gouvernement. » On continue ? Au chapitre « Narco-économie », on trouve ceci : « Depuis la fin de la guerre d’Afghanistan en 2001 et la mise en place d’un nouveau gouvernement, la culture du pavot, qui était déjà diffuse à l’époque des Talibans, a aujourd’hui atteint des niveaux records estimée pour 2006 à 6 100 tonnes, ce qui dépasse largement la demande mondiale et concurrence durement les autres produits de la toxicomanie. La production par irrigation de légumes ou de fleurs peut s’avérer possible mais est très vulnérable aux sabotages. »
En lisant tout ceci, un nom a attiré mon attention, celui du groupe pétrolier UNOCAL. J’ai cliqué sur le lien dans Wikipédia, et j’ai lu ceci : « En Afghanistan, l’actuel président afghan Hamid Karzaï aurait été un conseiller de Unocal selon des informations du journal Le Monde ». Qu’en est-il ? M. Reltien aurait pu demander des précisions à M. Mariani, non ?
Poussé par ma curiosité, j’ai fait une recherche par simple association de mots-clefs sur Google, et je suis tombé sur un article d’Hocine Malti sur le site d’Algeria-Watch (un observatoire des droits de l’homme en Algérie). Sur le site, Hocine Malti est présenté ainsi : « Spécialiste des questions pétrolières internationales, ingénieur des pétroles, l’un des pionniers qui ont créé la compagnie nationale algérienne des pétroles Sonatrach, dont il a été vice président. Conseiller technique du secrétaire général de l’Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole (OPAEP), il a été nommé par le conseil des ministres de l’organisation, directeur général de l’Arab Petroleum Services Company (APSC), une holding multinationale. Hocine Malti est aujourd’hui consultant pétrolier. »
Le CV vous plaît ? Dans son article, on peut lire : « Depuis la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l’Union soviétique, les compagnies pétrolières américaines se sont ruées sur le nouvel Eldorado représenté par les pays d’Asie centrale, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan, tous extrêmement riches en pétrole et gaz. (…) ces pays sont entourés par la Russie au nord, la Chine à l’est et l’Iran à l’ouest, autant de pays considérés ennemis par les Américains et par lesquels ces pipelines ne doivent donc pas transiter ; ne restent plus alors que deux possibilités, l’Afghanistan au sud et la Géorgie à l’ouest. (…) C’est (…) durant les années Clinton que la compagnie pétrolière Union Oil Of California (UNOCAL) avait lancé, en association avec les Saoudiens de Delta Oil, la construction d’un gazoduc destiné à évacuer le gaz produit au Turkménistan vers l’océan Indien à travers l’Afghanistan et le Pakistan. C’est ce que l’on a appelé le Cent Gas Project. » Et parlant de l’éclatement du pays sous l’influence de multiples chefs de guerre, M.Malti écrit : « Unocal avait considéré que de toutes ces milices, seuls les Talibans constituaient une force disciplinée et en mesure d’imposer cette discipline à l’ensemble du pays. »
Je rappelle que lorsque les talibans ont pris Kaboul en 1996, Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de Clinton, a déclaré que c’était « un pas positif » (source : Wikipédia, article Afghanistan). Toujours dans l’article de M. Malti, on lit : « La coopération entre Unocal et les Talibans s’intensifia jusqu’au mois de décembre 1998, quand l’entreprise annonça avoir renoncé à la réalisation du Cent Gas Project. (…) On comprit aussi plus tard, avec l’arrivée de George W. Bush et des pétroliers texans à la Maison Blanche, que le projet Cent Gas n’était nullement abandonné et qu’il ne s’agissait en réalité que d’un report (…). Condoleezza Rice nommée conseillère à la sécurité avant d’accéder au poste de secrétaire d’Etat avait été membre du conseil d’administration d’Unocal. Hamid Karzai, futur chef de l’Etat afghan, chef d’une grande tribu pachtoun, était chargé, au sein d’Unocal des contacts et négociations avec les Talibans.(…) Notons aussi que c’est la fameuse société Enron, très proche du clan Bush, qui a entrepris les études de faisabilité du projet Cent Gas et que parmi ses actionnaires, on trouvait celui qui a été six années durant ministre de la défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld (…) ». Stop ! n’en jetez plus !
Je ne saurais dire si toutes les informations écrites dans l’article d’Hocine Malti, que je viens de citer largement, sont exactes mais je SAIS que c’est IMPOSSIBLE de réaliser et de proposer une émission ayant pour thème « Les objectifs de la guerre en Afghanistan » sans que les mots « pétrole », « oléoduc », « gaz naturel » ou « gazoduc » ne soient prononcés, surtout lorsqu’il s’agit du service public français. J’accuse, donc, à défaut de pouvoir faire un mauvais jeu de mots en « duc » à propos de ces journalistes (je risque la censure pour insulte, vous comprenez, mais ce n’est pas l’envie d’être un peu méchant qui me manque).
Je ne suis pas un spécialiste de l’Afghanistan, loin de là. Je suis juste un individu fatigué de subir la propagande déversée à flots par les médias… de la subir directement, même si j’essaie de garder une oreille critique (je dis « oreille » car, concernant les médias old school, c’est à dire ceux, à la différence d’internet, qu’on allume sans trop savoir ce qui va nous tomber dessus, j’écoute surtout la radio). Mais aussi de la subir indirectement, puisque la propagande pollue de plus en plus le discours ambiant, et au final, attaque chaque jour un peu plus l’esprit de révolte qui est en chacun de nous.
Je le répète, je ne suis pas spécialiste en géopolitique, aussi, les commentaires qui pourront apporter des précisions seront les bienvenus. Et oui, comme d’habitude, les commentaires vont être le lieu fertile, riche en scoops, où se construit la vérité, tandis que France Inter continue sa basse besogne.
Dans cet article, j’ai humblement mis en avant l’ingénuité avec laquelle j’ai effectué mes recherches sur l’Afghanistan pour que l’on se rende compte à quel point il est facile aujourd’hui de se construire un début d’opinion par soi-même. C’est aussi un message adressé aux médias puissants : attention, vous commencez à devenir ridicule…
Pour conclure, je dirai qu’en ce qui concerne cette émission du Téléphone sonne, les ficelles étaient vraiment grosses comme les câbles du pont de San Francisco. Ce qui veut dire que, si la dissimulation de la propagande par elle-même avait été plus efficace, je ne me serais sans doute pas indigné à ce point, et je n’aurais pas écrit d’article. Pour aller un peu plus loin, je citerai Frédéric Lordon, économiste, chercheur au Cnrs, et proche d’Acrimed, qui a déclaré vendredi 31 juillet, alors invité de l’émission Arrêt sur image de Daniel Schneidermann : « (La possession des médias par des grands groupes économiques) torpille même une critique un peu subtile des médias, qui passerait par des effets de champs, etc… ». Autrement dit, on a beau jeu de démasquer la propagande lorsqu’elle est aussi visible. Aussi, il ne faut pas oublier que la critique des médias ne peut se résumer à la mise à jour de la propagande pur sucre. Le pouvoir médiatique aura tôt fait de corriger le tir lorsqu’il se rendra un tant soit peu perméable à la critique qui pleut au dehors. Et alors, moins balourd, il en sera d’autant plus redoutable. Il faudra redoubler de vigilance.
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