Légalité confirmée pour le téléchargement

Mais l’affaire n’en reste pas là, puisque, comme vous le savez, le P2P est par nature bidirectionnel. Il y a ce qu’on télécharge, et il y a ce qu’on partage pour permettre aux autres de télécharger. Or la mise en partage est bien illégale au regard du droit, ce que n’a pas manqué de reconnaître, comme d’autres avant lui, le TGI du Havre. L’internaute, qui avait partagé très exactement 14.797 fichiers MP3, a été condamné au versement de 500 € d’amende pour le parquet, et 3000 € de dommages et intérêts pour la Sacem, unique partie civile restante. La Société pour l’administration du droit de reproduction mécanique (SDRM) s’est désistée de sa demande, puisqu’elle ne peut prétendre de dommages que sur les actes de reproduction des enregistrements sonores, qui ont ici été confirmés légaux.
Je contrôle, tu payes
"Cette décision, bien que juridiquement orthodoxe, démontre
une fois de plus l’absurdité de la situation actuelle. Pourquoi
s’acharne-t-on à poursuivre des particuliers qui ne tirent aucun revenu
des œuvres qu’ils partagent ? Est-ce pour l’exemplarité ? Est-ce pour
prouver que le droit exclusif d’interdire la mise à disposition peut
être appliqué sur Internet, même si les poursuites ne concernent que
0,0025% des p2pistes ?", demande avec insistance Lionel Thoumyre,
également juriste responsable des nouvelles techniques à la Spedidam,
une société d’artistes-interprètes qui défend avec vigueur un projet de licence globale.
L’enjeu de ces plaintes (sans doute gelées pour quelques mois ou années) n’est pas de condamner le pirate, mais plutôt d’entretenir l’idée que la musique et la culture se contrôlent par le haut. La France du bas, celle qui utilise eMule
(en tous cas ceux qui y ont accès), doit se contenter d’acheter sa culture là où il lui est autorisé de le faire. L’enjeu des plaintes est le contrôle de la distribution et la sauvegarde d’un monopole totalement incompatible avec la déconcentration des accès au savoir provoquée par Internet. Une licence globale telle que celle proposée par la Spedidam peut être critiquée sur de nombreux points. Mais il faut au moins lui reconnaître le mérite de permettre à tout un chacun de diffuser des oeuvres sans risquer, comme au Havre, de devoir payer 3500 euros. "Cela pèse tout de même très lourd sur le budget d’un prévenu, père de trois enfants, dont le revenu mensuel s’élève à 1500 €", note Lionel Thoumyre.
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