Les 10 personnalités qui ont marqué la décennie (2/2)
A l’heure où s’achève cette année 2009, se referme également la première décennie du XXIème siècle. 2000-2009, dix années qui ont vu l’émergence d’un nouvel ordre mondial, le développement de l’informatique, une véritable prise de conscience de l’urgence environnementale, la crise économique mondiale, la difficile construction d’une Europe politique. Dans 50,60 ans, quelle trace cette décennie laissera dans l’histoire ? Quelles personnalités resteront à la postérité, quelles sont les 10 personnages dont la marque qu’ils ont laissé sur la décennie sera reconnue par l’histoire ? Cette liste subjective comporte à la fois, quatre chefs d’état, un pape, deux sportifs et deux personnalités politiques. Seule fausse note, l’absence de personnalité féminine...
6 - Vladimir Poutine
Comment ne pas citer Vladimir Poutine, qui tout au long de la décennie, aura été aux manettes de la Russie : deux fois en tant que président du gouvernement ainsi que deux mandats de président de la Fédération. Le successeur de Boris Eltsine, à défaut de "décommunistifier" la Russie n’aura en réalité qu’accru la place de l’état dans le régime : entrée dans le capital de Gazprom et nomination des présidents de province par le Kremlin symbolisent cette centralisation. Élu puis réélu à la faveur de scores africains, Vladimir Poutine aura largement participé à ce qu’un pouvoir fort soit maintenu, dans la ligne droite des soviétiques. Presse muselée et menacée, électorat largement influencé, la Russie de Vladimir Poutine n’est qu’une URSS...capitaliste. Car économiquement parlant, la Russie a largement profité de ces "années Poutine" : une croissance en forte hausse largement basée sur l’exportation de matières premières. Reste que pour une majorité de russes, la reprise économique n’a pas engendré d’effets sur leur niveau de vie. Autre défi auquel le président du gouvernement russe a et fait face reste la crise démographique, que le régime a d’ailleurs timidement commencé à endiguer, sans obtenir de garanties à long terme (voir mon article à ce sujet).
7 - Hugo Chavez
Élu à la présidence du Vénézuela en 1999, Hugo Chavez n’a pris les rênes du pouvoir qu’au mois de février 2000. A l’aube d’une décennie qu’il marquera de son empreinte. Ce militaire, dont l’éloquence n’est pas sans rappeler un certain Fidel Castro, a depuis été réélu à deux reprises : en 2000, au lendemain du passage à la cinquième république et en 2006. Un amendement constitutionnel, que le peuple avait tout d’abord rejeté en 2007 avec 50,7% des suffrages puis approuvé deux ans plus tard avec 55% des suffrages, lui permettra de prolonger son séjour au Palais Miraflores, si le peuple le réélit, au-delà de la fin de troisième mandat en 2013. Alors pourquoi inclure Hugo Chavez dans ce top 10 ?
L’image ci-contre pourrait faire office d’argumentaire. Le président vénézuélien côtoie ici Ernesto Guevara et Simon Bolivar, deux personnalités qu’il considère et qui guident sa politique. Le Che, pour leur aspiration commune à assurer la justice sociale : sous le mandat de Chavez, le taux de pauvreté est passé de 55 à 30%, le taux de scolarisation a bondi de 370% et les dépenses d’ordres sociales de l’état ont grimé de 314%, sans parler des centres d’alimentation Mercal qui proposent des produits à bas prix, subventionnés par l’état, pour les foyers modestes. Le Che, également, pour la relation toute particulière qui les lient aux armes, au goût du conflit armé. Simon Bolivar, pour leur lutte contre l’impérialisme et le voeu pieux de Bolivar d’édifier une nation sud-américaine dont Hugo Chavez se veut le garant : ce n’est pas un hasard si le Venezuela a été rebaptisé République Bolivarienne du Venezuela. Si Hugo Chavez entre dans l’histoire, ce ne peut être que lié à son action pour perpétuer le rêve de Bolivar : il a justement participé à la fondation de l’UNASUR, l’union des nations sud-américaines. Serait-elle l’ébauche d’Etats-Unis Sud Américains ?
8 - Benoit XVI
Benoit XVI, le pape de la discorde ? Le successeur de Jean-Paul II, désigné en avril 2005 par un concile express, n’aura eu de cesse de susciter la consternation des milieux progressistes, face à ce pape qualifié de "rétrograde". Joseph Ratzinger, dès le début de son mandat, est confronté à son passé : on lui reproche son affiliation aux Jeunesses Hitlériennes. En réalité, loin d’être un partisan nazi, il a d’ailleurs été envoyé en camp de concentration pour avoir déserté, ce fils de militaire a été enrôlé de force. Par la suite, il doit faire face à un véritable tollé lorsqu’il annonce que les prêtres pourront si ils le souhaitent dire la messe en latin, revenant sur les acquis de Vatican II.
En janvier dernier, il avait prononcé l’annulation de l’excommunication de quatre évêques intégristes, dont Mgr Williamson qui avait à plusieurs reprises dérapé sur la Shoah, de la Fraternité Sacerdotale Pie XII. Stupeur dans la communauté juive et chez les catholiques. Les propos que tiendra le pape sur la question du préservatif, estimant que le préservatif aggravait le problème du sida, suscita également de vives réactions. Pour beaucoup, Benoit XVI n’est que l’incarnation d’une église catholique qui ne vit pas avec son temps.Pourtant, le pontificat de ce pape controversé est en réalité marqué par une volonté de dialogue. Lorsqu’il autorise les prêtres traditionalistes à prêcher en latin et annule l’ex-communication de Williamson, il s’agit nullement d’une volonté de raffermir la position de l’Eglise Catholique mais bien d’unifier tous les croyants. Même volonté d’unité lorsqu’il engage le dialogue avec les orthodoxes.
9 - Usain Bolt
Deuxième sportif de ce palmarès, Usain Bolt, sprinteur, mérite amplement sa place. Le jamaïquain, qui a survolé les Jeux Olympiques à Pékin en 2008, et les Championnats du Monde à Berlin cette année, a réussi l’exploit de courir en 9"58 sur 100 mètres et en 19"19 sur 200 mètres. Triple recordman de la distance reine, Usain Bolt a amélioré le précédent record, détenu par Asafa Powell de 16 centièmes ! Un monde d’écart ! Pareille performance est d’autant plus surprenante qu’Asafa Powell, après son record de 9"72 en 2007, avait décrit d’étranges phénomènes : mon corps est devenu bizarre, j’avais l’impression que quelqu’un me plantait des coups de couteau partout avouait le jamaïquain. Ces sensations sont celles d’une rupture physiologique proche : son corps a failli ne pas supporter pareille performance. A 9"58, non seulement Usain Bolt n’a pas atteint la rupture physiologique mais il n’a pas fini de progresser : spécialiste du 200 mètres, il n’a débuté sur 100 mètres qu’en 2007 ! Pour nombre de scientifiques, le niveau atteint par Usain Bolt flirterait avec les limites de l’espèce humaine. Son record, pourrait bien être inviolé jusqu’à la nuit des temps...
10 - Barack Obama
Certains d’entre vous s’étonneront de ne voir le président américain n’apparaître qu’à la dixième position de cette liste, tandis que d’autres s’offusqueront de sa présence même. Le constat est simple : Barack Obama n’a pris ses fonctions qu’au début de l’ultime année de la décennie, rendant sa possibilité d’actions peu significative d’autant plus que le seul impact qu’il a impulsé, si l’on exclut le plan de relance, reste une réforme de la santé chèrement et tout juste acquise. La fermeture de Guantanamo reste conditionnée à une solution de replacement pour les prisonniers, les américains se refusant à les accueillir sur leur territoire. Quand aux effets de l’arrivée d’Obama au pouvoir sur l’équilibre géopolitique mondial, sa main tendue n’a pas permis d’affermir les tensions avec l’Iran, Cuba, la Corée du Nord et le Venezuela. C’est sans parler de l’Afghanistan où la coalition s’enlise et où le président américain va débloquer 30 000 soldats supplémentaires. Le même président américain qui s’est vu décerner, à la surprise générale, le prix Nobel de la Paix et qui lors de la remise des prix à Oslo a jugé bon de déclarer que la guerre était parfois nécessaire. En somme, si Barack Obama mérite cette place dans le top 10, c’est pour l’espoir qu’il incarne et qu’il a incarné, en rendant possible, dans un pays qui pratiquait encore la ségrégation raciale il y a 50 ans, l’élection d’un homme de couleur à la magistrature suprême. Obama pourrait donc, à l’image du Che, rester une icône, dont le visage resterait gravé à jamais sur des posters et des badges. Espérons seulement que le mandat de Barack Obama ne se limitera pas qu’à cela...
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