Les blogs pullulent : aux abris ?
Pour donner sens à un chiffre, on a besoin d’un contexte : 80000 roses, ou 80000 euros, c’est selon, vont engendrer un doux sentiment de plénitude... 80000 blogs nouveaux chaque jour sur le Net, c’est manifestement une source d’angoisses.
Le Parlement européen vient d’ouvrir une série de débats sur le développement sauvage des blogs. Le compte rendu de la première réunion, proposé sur le site ->www.europarl.eu.int, exprime bien des peurs (pour savoir qui a dit quoi, voyez le site récemment dédié au citoyen européen par le Président Borrell). Ainsi, lit-on, il faut éviter l’ouverture "des blogs de Pandore" ; de nombreux blogs sont "des tissus de bêtises" ; diffamation, atteintes à la vie privée sont possibles, il n’existe "aucun cadre juridique" pour éviter les dérives (pornographie, incitation à la haine, calomnies...) Il n’y a "aucun cadre éthique", et "les blogueurs peuvent se comporter comme au Far west" ; les blogs "sont de plus en plus utilisés pour la promotion de certains produits sans restriction" ; on se demande "si les journalistes professionnels peuvent tenir un blog", si déontologiquement ils peuvent le faire, et la question est perçue comme "brûlante". On lit aussi que le premier député européen à avoir lancé son blog, l’Anglais Mr Corbett, a apprécié de faire campagne pour le oui à la constitution européenne par cette voie, que certains considèrent les blogs comme "un lieu de partage, d’échanges, de connexion entre les gens" et non un lieu d’information, que les blogs offrent parfois des informations utiles avant les médias (exemples donnés du tsunami et des attentats dans le métro londonien).
C’est plutôt, pour l’instant, confus, et parfois paradoxal : ainsi on juge que les blogs ne sont pas "fiables", mais on se précipite pour saisir les informations qu’ils diffusent avant les médias ; alors on va dire : ça dépend des blogs... On dit qu’il n’y a pas d’éthique parce qu’il n’y a pas de cadre juridique, mais on vit dans un héritage rousseauiste qui fait crédit à l’individu d’une bonne nature (et veille activement au respect de ses droits) : l’individu, le blogueur en puissance, n’aurait-il aucun sens moral ? Alors on va dire : ça dépend des gens... On souhaite que la presse évolue, mais on défend son statut et ses usages dès que des pratique nouvelles de discours informatifs apparaissent. Ca dépend de quoi ?
Cela fait beaucoup de questions, de soucis, de
conflits d’intérêt autour du "blogging" présenté en conclusion du
premier débat au Parlement européen comme "une forme transitoire en
devenir". Que dirions-nous, si nous étions à la table des débats ?
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