Les petites manipulations de France 2
L’affaire de la prochaine nomination (oups… ! de l’élection) de Jean SARKOZY à la tête de l’EPAD de la Défense a donné lieu a un concours de contrevérités et de soutiens courtisans. Passées plus inaperçues, les petites manipulations de France 2 dans son journal de 20H du mardi 13 octobre dernier.
Pour l’expliquer revenons quelques heures plus tôt, lors de la séance des questions au gouvernement.
Parmi les questions posées par l’opposition ce jour là, une interpellation de la députée de la Gironde Michèle DELAUNAY sur l’affaire Jean Sarkozy, et une question du Député des Hautes-Pyrénées Jean GLAVANY à propos du cas du soldat Ounoussou GUISSE, de retour d’Afghanistan, et dont la nationalité française est aujourd’hui contestée.
Lors de la réponse de M. APPARU à la question sur Jean SARKOZY, un fort brouhaha à la hauteur de l’indigence de ses propos. Lors de la réponse de M. Jean-Marie BOCKEL, une véritable bronca à la hauteur de l’inconséquence de ses explications.
L’ensemble de la séance est visible à l’adresse : http://www.lcpan.fr/emission/77165/video. (Question et réponse sur Jean SARKOZY à 00:42:47, question et réponse sur le soldat Ounoussou GUISSE à 00:50:43).
Revenons maintenant au journal de 20H de France 2 du mardi 13 octobre (toujours visible sur le site france2.fr).
David PUJADAS lance le reportage sur l’affaire Jean SARKOZY, annonçant que les députés de l’opposition avaient interpelé le gouvernement sur le sujet.
On voit le président de l’Assemblée nationale monter au perchoir, et le « décor » est planté par le journaliste : « Lorsque Bernard ACCOYER montre à la tribune, il se doute que l’après-midi sera mouvementée. Les socialistes attaquent sur la promotion annoncée de Jean SARKOZY ».
On peut alors voir la députée Michèle DELAUNAY questionner le gouvernement. Un court extrait de 10’’ seulement, et surtout pas la fin de son intervention où son micro sera coupé avant qu’elle ne puisse en terminer.
Curieusement, avant même que l’extrait de la réponse ne commence, le journaliste nous assène : « Et le Président (de l’Assemblée nationale), tente, sans y parvenir de calmer les députés d’oppositions. Le secrétaire d’Etat répond sous le huées ».
Et pour cause.
Si les députés d’opposition manifestent bruyamment leur mécontentement, c’est en raison de la coupure du micro de Mme DELAUNAY, dont on n’entendra pas la fin de sa question.
De cette coupure de micro à l’origine des manifestations de l’opposition, non montré dans le reportage alors qu’il intervient moins de 10’’ après l’extrait choisi par le France 2, il ne sera pas fait état par le journaliste.
Vient donc ensuite, au nom du gouvernement, la réponse de M. Benoit APPARU, sous la forme d’un extrait de 20’’ (notez l’équilibre des temps de paroles), qui est illustrée de deux séquences montrant les réactions supposées de l’opposition aux propos du Secrétaire d’Etat.
Supposées, car ces images sont tout simplement fausses, ou plus exactement montrent la réaction des députés de l’opposition à la réponse faite ce même jour par M. Jean-Marie BOCKEL à la question posé par M. Jean GLAVANY.
Des députés se lèvent et claquent leurs pupitres, Madame Marylise LEBRANCHU ouvre les bras et semble crier quelque chose. Mais voilà on ne l’entend pas.
Et pour cause, Marylise LEBRANCHU crie « il est français ! », car son cri du cœur et sa juste indignation venait après que M. Jean-Marie BOCKEL eu indiqué que le soldat (français) Ounoussou GUISSE pouvait toujours « déposer une demande de naturalisation auprès de l’autorité militaire »
Jean SARKOZY est français !
France 2 a donc manipulé deux fois les images les images.
Une première fois, en début de reportage et omettant d’indiquer pourquoi le Président de l’Assemblée Nationale « tente, sans y parvenir de calmer les députés d’oppositions », et pourquoi « le secrétaire d’Etat répond sous le huées ».
Une deuxième fois en replaçant les images de l’opposition réagissant aux propos de M. Benoit APPARU sur « l’affaire Jean SARKOZY », par celle de leurs réactions au propos de M. Jean-Marie BOCKEL sur un tout autre sujet.
Mais ce n’était pas assez.
Dans le deuxième cas France 2 a aussi manipulé la bande son afin de nous épargner d’entendre que Jean SARKOZY était français, ce que nous savions déjà.
Les huées de l’opposition que l’on peut entendre sur France 2 pendant la réponse de M. Benoit APPARU sont bien celles venant de l’hémicycle au moment de sa réponse, mais les images ne correspondent pas.
Impossible donc de plaider une erreur de montage, car il a bien fallut supprimer le son accompagnant les images d’illustration.
Ces petites manipulations ne peuvent être que volontaires, mais dans quel but ?
Illustrer au mieux « l’après-midi mouvementée » et que « les socialistes attaquent sur la promotion annoncée de Jean SARKOZY » annoncée en début de reportage ? La vérité devant alors s’effacer devant la tentation du sensationnel qui semble souvent diriger les choix de l’info spectacle.
Faire passer l’idée que les réactions de l’opposition sont disproportionnées par rapport au sujet traité ? Une lecture plus politique du problème, forcement illégitime depuis que l’on sait que Mme Arlette CHABOT serait au plus mal avec le père du fils.
Interpelé via le service « téléspectateurs » de la chaine dès le lendemain, la rédaction et plus précisément le journaliste en charge du sujet n’a pas, après 3 jours, daigné répondre, ce qui motive aujourd’hui cet article.
Quoi qu’il en soit, cela ne peut que nous inciter à prendre le plus grand recul avec les images, reportages, montages, qui nous sont proposés chaque soir dans les journaux télévisés.
Au delà de la pratique très contestable des micros trottoirs ou la répartition des réponses « favorables » ou « défavorables » sur le sujet évoqué sont souvent très tendancieuses et dans tous les cas fondée sur une règle mystérieuse, non connue, et donc discutable, il s’avère donc que les extraits ou images proposée peuvent ne pas correspondre à la réalité.
L’éducation à l’image, la lecture critique de ce qui nous est proposé, et l’exigence, osons rêver, d’un plus grand respect de règles déontologiques par les journalistes, restent que jamais à l’ordre du jour des citoyens d’une république, dont les fondements, comme l’indique l’affaire du « Prince Jean » (la goutte d’eau qui fait déborder la vase), sont de plus en plus remis en cause.
Le diable se niche dans les détails.
Ne lâchez rien.
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