Liban : de la responsabilité des médias dans la crise politique
La crise que connaît le Liban ne devrait pas faire oublier la part de responsabilité de chacun des acteurs.
On peut s’interroger non seulement sur la responsabilité d’une classe
politicienne qui interagit en fonction d’influences extérieures, mais
également des médias.
Ainsi, il serait judicieux de se demander si les médias libanais n’ont pas participé à l’aggravation de cette crise qui aurait dû se cantonner au domaine politique, mais qui s’exprime aujourd’hui à travers de tensions entre partis au mieux communautaires, sectaires au pire.
En 2005 déjà, une ONG américaine mettait en garde contre la diffusion d’éditos partisans par les télévisions et les journaux libanais, appelant à une information rigoureuse et non partisane.
Nous pouvons aujourd’hui remarquer que plus que jamais en général,
nos chers médias nous informaient des faits et des gestes de chacun
manipulant d’une certaine manière leur information et ainsi manipulant
les Libanais.
Aujourd’hui, les médias audiovisuels, radiophoniques et la presse
écrite en générale obéit aux mêmes césures, celles d’une ligne
politique partisane aux dépens même de l’éthique journalistique propre
qui est enseignée aux apprentis journalistes. Cette césure s’exprime
également au niveau de l’audience de chacun, justement faite sur ces
mêmes bases partisanes au mieux, sectaires et communautaires au pire.
Sans chercher loin, citons notamment le cas d’Al Manar, principalement
vue par la communauté chiite, de la Future TV avec une audience plus
sunnite et les cas particuliers de la LBC ou de l’OTV, organes
exprimant plus ou moins de leurs actionnaires-partis. Idem dans le
domaine de la presse écrite où des éditorialistes s’affrontent, où des
actionnaires-politiciens des uns portent plainte contre les autres et
ainsi de suite.
Idem pour terminer au niveau des journalistes eux-mêmes qui laissent transpirer leur propre interprétation des événements au lieu d’apporter à leur lecteur l’information la plus rigoureuse et cela dans leur émission devenue plus show médiatiques ou leur manière d’interviewer leurs invités selon qu’ils conviennent à leur vision étriquée ou non.
L’escalade de la scène politique se faisait donc de pair avec celle des médias.
Les médias libanais semblent donc vouloir mâcher le boulot à leurs lecteurs, exprimer leurs propres visions de la situation politique conforment à ce qu’ils pensent être politiquement correct sans jamais expliquer ce que pense l’autre, aboutissant en cela à la marginalisation de la modération et des dialogues interlibanais possibles et à l’extrémisme de leur audience réciproque, alors que la dynamique journalistique actuelle dans le monde est plus du côté d’une information brute et rigoureuse amenant à la réflexion et au dialogue et non à l’affrontement.
En cela, nos chers médias et journaux sont à l’image de notre classe politique dans l’impossibilité de conduire notre société dans le dialogue et la compréhension mutuelle et ne jetons pas la pierre seulement sur notre classe politique, mais avant tout sur ce vecteur de l’audience. Tout comme nous ne méritons pas nos politiciens, nous ne méritons pas non plus nos canards et le plus ironique dans cette histoire est d’entendre les mêmes accusations jaillir de chaque côté par édito interposé, chacun oubliant d’abord au demeurant de se jeter une première pierre.
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