Microsoft dans la cour des grands écrans
En proposant sur sa console X-Box des films et des retransmissions sportives, Microsoft s’impose comme un futur grand diffuseur.
Il y avait la télévision hertzienne, par câble, satellite, ou ADSL... Il faudra désormais également compter sur la télévision par console interposée. La X-Box 360 est en passe de devenir une chaîne généraliste. Via le X-Box live, Microsoft rendra possible, dès la fin de l’année pour l’audience américaine, l’accès à des produits - hautement - culturels : sport ou cinéma en haute définition.
Tous les ayants droit qui comptent dans l’industrie de contenu se sont associés à l’opération : la Warner, la Paramount, mais aussi MTV ou la fédération d’Ultimate Fighting... Les chaînes comme la CBS ont également signé. L’on savait déjà que la blanche console oscillait entre luxueux juke-box et borne d’arcade clinquante. Elle apparaît désormais comme une machine à sous très efficace. Il va de soi que pour obtenir de tels services, le joueur zélé consommateur devra s’affranchir de ses points sur Marketplace.
Le nouveau dispositif de Microsoft n’est-il qu’une fausse bonne idée, comme nombre de prétendues innovations vidéoludiques, condamnées à l’oubli ?
Certes, une analyse candide pousserait à voir dans cette innovation technique une simple manière de diversifier l’offre. Microsoft s’octroierait ainsi un complément d’activité, une valeur ajoutée au seul divertissement vidéoludique. Mais le coeur de métier, pour ainsi dire, demeurerait le jeu vidéo.
Il est vrai que la société américaine fait preuve d’un opportunisme rare. En effet, en examinant les enjeux induits par cette annonce, il appert que le principal concurrent de la firme américaine, Sony, est explicitement visé. Il y a longtemps que la firme nippone se vante de produire une console, véritable support de tous les loisirs. Mais Microsoft a fait preuve de plus de finesse. C’est une mutation naturelle du X-Box Live qui produit l’évolution, et non un pari risqué sur le hardware.
Microsoft pourra à terme asphyxier par ses exclusivités tous ces ennemis potentiels, et s’arroger le monopole du marché des consoles. Sony, réduite à des critiques peu acerbes, argue de la fracture numérique ainsi créée par Microsoft : « La playstation 3 est faite pour tous, peu importe la configuration choisie », explique un communicant de Sony. « Nous ne discriminerons ou n’interdirons jamais à nos clients l’accès aux loisirs, au prétexte qu’ils n’achètent pas le top du top. Les deux versions de PS3 possèdent un disque dur, pour permettre les téléchargements. »
Si Sony utilise des arguments si peu convaincants, c’est parce que les implications de l’annonce du géant américain pourraient dépasser le simple microcosme vidéoludique. Avec sa nouvelle offre, Microsoft se place au niveau des diffuseurs les plus influents. En contractant directement avec les fournisseurs de contenus, Microsoft a la possibilité de s’arroger l’exclusivité des contenus les plus lucratifs. « Il peut y avoir des risques de forclusion des marchés avals », analyse Nathalie Sonnac, économiste des médias à l’Université Paris II.
Pour parvenir à ses fins, la société américaine dispose de nombreux avantages. Comme les fournisseurs d’accès à Internet, elle dispose de la technologie rendant possible la diffusion. Il ne reste qu’à la pourvoir en contenu. Mais Microsoft a d’autres avantages sur les FAI. Outre une capacité d’investissement bien plus élevée, le plug-and-play de la console apparaît comme éminemment plus attractif qu’une séance de cinéma sur PC.
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