Mon bilan d’AgoraVox après avoir lu environ 9000 articles...
D’un article à l’autre, sur AgoraVox, le style change. La diversité des sujets, la variété des personnes et l’absence des contraintes de la rédaction professionnelle donnent un ensemble foisonnant de manières de dire les choses. Avez-vous remarqué à quel point ?
Un an et demi de relecture pour AgoraVox, j’ai fait le compte, ce sont quelque neuf mille articles lus, clavier à l’attaque des petites erreurs qui ont échappé aux rédacteurs, parfois trois fois rien, parfois par centaines, et un enthousiasme constant. La diversité des sujets abordés nous promène dans l’espace, dans le temps, dans les champs de la politique, de l’économie, des questions sociales, de la culture, des sciences, des médias, on passe de l’énergie houlomotrice à la réforme de la Justice, de la planète Mars au saumon sauvage, du Darfour à Hegel, de Moby Dick aux médias, des OGM à la campagne présidentielles... Les contributions des rédacteurs ouvrent plus grand, je pense, que ne le font les médias l’éventail des sujets, peut-être parce que la rédaction multipolaire n’est qu’indirectement influencée par la convocation des médias par le politique. C’est déjà intéressant, mais ce n’est pas tout.
Ce qui fait la grande richesse d’une édition AgoraVox à mes yeux, c’est la diversité des styles, des modalités de l’expression : tantôt technique, tantôt lyrique, ou comique, ou polémique, pathétique parfois, des descriptions, des explications, des développements argumentatifs, des figures de style académiques ou fantaisistes, une projection discrète de soi ou un soubassement autobiographique, sous forme d’articles, de lettres, de jeux poétiques, de dissertation, d’essai, de pamphlet, de panégyrique, (de discours publicitaire, hum... mais c’est rare), etc. La lecture déclenche de petites surprises, des élans d’admiration, des émotions, des révoltes, rires et sourires, des serments de n’y jamais revenir, de grands étonnements.
A l’évidence, un rédacteur d’AgoraVox réfléchit à sa manière de dire les choses. Une des phrases que j’ai le plus répétées à mes élèves quand j’étais prof (j’ai changé de métier à la faveur du droit des mères de trois enfants à se retirer par anticipation de leurs fonctions dans l’Education nationale) est de Maurice Blanchot : « La littérature est une manière de dire qui dit par la manière. » C’est exactement cela qui nous intéresse ici : la manière de dire d’un rédacteur, très souple car non soumise aux contraintes de l’écriture professionnelle des journalistes, essayistes..., exprime par elle-même beaucoup de sens (au pluriel). On ne masque pas sa subjectivité, puisqu’elle est le principe (sens étymologique : elle l’engendre) même de l’écriture.
Alors je vous propose un lieu de
rencontre pour en parler, un blog : "Signes en stock, les mots d’Agora".
Vous trouverez plusieurs rubriques :
-des débats possibles, qui pourraient être conclus par une synthèse des arguments avancés par les uns et les autres (par exemple : Quelles sont les caractéristiques du langage des trolls ? Quelle est l’écriture idéale pour le Web ? Qu’y a-t-il à gagner à soigner sa communication en entreprise ? L’anglais dans le français, ouverture ou régression ? D’autres idées ?)
-de brefs commentaires sur le style de rédacteurs d’AgoraVox, rubrique « Ce que dit le style » (petite halte ! Ici seuls les mots, les phrases, les tournures sont en jeu ; j’habite en Savoie, et même si je vais souvent à Paris, je ne connais aucun rédacteur, je n’en ai rencontré aucun, et je me situe résolument dans l’optique suivante : le rédacteur d’un texte en personne est un sujet indépendant, qu’il n’importe pas de connaître pour réfléchir sur ses écrits. Rousseau était invivable et a écrit des pages mémorables sur l’harmonie universelle et les délicatesses de l’amour, Poquelin peut-être bien incestueux et il a signé du nom de Molière des pièces de moraliste, Verlaine imbibé d’absinthe laisse des poèmes éthérés, et Villon le voleur, Gunter Grass et ses silences autobiographiques, Hemingway, violent et alcoolique, qui prenait les devants : « Je préférerais qu’on analyse mon œuvre plutôt que les infractions de mon existence »... Je propose en ouverture du blog sept petits commentaires pour essayer de donner une idée de la diversité des styles, avec le projet d’en ajouter au fil des semaines : Akram Belkaïd, Pierre Bilger, Alain Hertoghe, Lilian Massoulier, Michel Monette, Thucydide, Demian West (Vous pouvez réagir).
-des rubriques « mémo » en orthographe, grammaire, typographie : si vous avez un doute en rédigeant, vous pourrez peut-être trouver une solution, ou poser une question (gros travail prévu pour enrichir ces rubriques, et affichage en cours de liens vers des sites qui expliquent très bien les écueils de la langue).
-des billets divers. Deux sont en ligne : un sur les slogans de campagne, l’autre sur « Les vraies gens, passeurs de sens ». (Vous pouvez réagir)
Mon intérêt dans ce blog est double : tout dans la vie est déterminé par le fonctionnement du langage, des langages. Et puis une motivation professionnelle : on travaille à deux depuis janvier sur les relectures, mais à volume horaire constant, donc à une par jour, on n’arrive plus à tout traiter, plus de 150 000 signes, des jours à 190 000, on prend les articles quand ils sont mis en ligne (on ne peut pas les rectifier avant), le stress, il faut aller le plus vite possible pour que les articles soient lus sous leur forme rectifiée par le plus grand nombre de lecteurs possible, enfin vous imaginez... Si donc on pouvait petit à petit limiter le nombre d’erreurs, d’orthographe, de typographie, de vocabulaire, de syntaxe... ce serait vraiment bien.
Ne soyez pas impatient, quand vous posez une question : la condition de télétravailleuse nomade et partagée est rude, l’outil de travail (la connexion) étant parfois follement capricieux.
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