Nicolas Sarkozy offre à son ami Bouygues les recettes publicitaires de France Télévisions
Plus c’est gros, plus ça passe. En guise de mesure pour le pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy veut supprimer la publicité dans l’audiovisuel public. Premiers bénéficiaires de la mesure, M6 et surtout TF1. La facture sera réglée par les Français, soit par le contribuable à travers une hausse de la redevance ou la feuille d’impôt soit par les consommateurs via de nouvelles taxes, sans doute un cumul des trois.
Lors de la conférence de presse du 8 janvier, le président Sarkozy a annoncé le lancement d’une réflexion sur la suppression totale de la publicité en 2008 sur les chaînes de télévision publiques une “véritable révolution culturelle dans le service public de la télévision”. “Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu profondément et que l’on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques, qui pourrait être financée par une taxe sur les recettes publicitaires accrue des chaînes privées et une taxe infinitésimale sur les chiffres d’affaires des nouveaux moyens de communication comme l’accès à internet ou la téléphonie mobile”, a-t-il ajouté.
Les milieux financiers ont mieux que tout autre saisi les intérêts de la mesure. TF1 (+8,50%) et M6 (+6,50%) ont connu une forte hausse de leurs cours de bourse. Un arrêt de la publicité sur les chaînes publiques “créerait évidemment un levier énorme pour les chaînes privées. (...) Compte tenu des liens de TF1 et Bouygues avec le pouvoir en place, on se doutait déjà qu’ils ne seraient pas défavorisés”, commentait hier un vendeur d’actions. La mesure tombe à point pour le groupe TF1 qui voit son audience lentement s’éroder. En l’absence de concurrence, la première chaîne commerciale européenne n’aura pas à multiplier les coupures mais seulement augmenter les tarifs dans un espace de diffusion limité.
Flagorneur de service (public), Patrick de Carolis, PDG de France Télévisions a estimé que cette “clarification” validait la stratégie éditoriale du groupe en faveur d’une programmation de qualité. Une déclaration d’autant plus surprenante que depuis plusieurs mois, Patrick de Carolis réclame des moyens accrus, proposant même un relèvement de la redevance ou une coupure publicitaire supplémentaire. Le budget du groupe France Télévisions est conséquent : 1,945 milliard d’euros en 2008 dont 800 millions d’euros de recettes publicitaires en 2007. On comprend, comme l’a déclaré Ségolène Royal, qu’à l’annonce de la mesure, “M. Bouygues puisse déboucher le champagne”.
L’UMP a beau jeu de rappeler que Lionel Jospin avait en son temps envisagé lui aussi de mettre un terme au mercantilisme public. Ne leur en déplaise, il ne l’a pas fait, conscient des difficultés à trouver des sources de financement de remplacement dans un contexte économique pourtant beaucoup plus porteur. Les Français ne doivent pas être pris pour des gogos. La suppression de la publicité sur France Télévisions ne peut se traduire par une réduction du budget des chaînes publiques. Au final, quels que soient les dispositifs de compensation envisagés, ce seront les Français, contribuables ou non, qui paieront.
Le coup est double pour Nicolas Sarkozy qui outre servir les intérêts du parrain de son fils Louis, poignarderait dans le dos le service public télévisuel. Une manoeuvre à la Berlusconi qui permettrait de renforcer l’attractivité de chaînes “amies”, propices à délivrer une information favorable au pouvoir. M. Sarkozy “renvoie l’ascenseur au privé en saignant le service public”, a dénoncé la CGT de France Télévisions. Ségolène Royal a pour sa part estimé “qu’il est totalement irresponsable d’aller proposer la suppression d’une recette sans savoir quelle sera la recette qui viendra garantir le bon fonctionnement du service public”.
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