Nicolas Sarkozy, une année de Canard !
Le Canard enchaîné vient, comme à son habitude, de faire paraître un bêtisier de l’année. Inutile de préciser qu’une grande partie de ce bêtisier est consacrée à notre président, on pouvait l’imaginer ; notons tout de même que plus d’un article sur deux lui font référence (206 articles sur 397). Inutile de préciser aussi que ce journal ne porte pas notre président dans son cœur. Connu pour ses satyres et son indépendance, Le Canard a toujours été, en effet, une sorte de contre-pouvoir. Afin de mettre en relief la position de ce journal sur Nicolas Sarkozy, nous allons nous appuyer sur les termes utilisés au cours de cette année pour le nommer. Dans le but de rendre les choses plus claires, nous étudierons dans un premier temps la période de campagne [janvier-mai 2007] pour ensuite voir comment est appelé notre président à partir du moment où il entre en fonction [mai-décembre 2007].
La campagne pour les présidentielles a commencé très tôt, il n’est donc pas surprenant que Le Canard enchaîné écrive beaucoup à ce sujet dès janvier. De cette période de campagne, le grand bêtisier du Canard a gardé 144 articles : 67 font référence à Nicolas Sarkozy, 28 à Ségolène Royal (soit respectivement 46,5 % et 19,5 % des articles). A 77 reprises, Nicolas Sarkozy est désigné par le terme « Sarko », c’est de loin la manière la plus employée par les journalistes du Canard pour désigné le candidat de l’UMP. Elle représente 49 % des formes que nous avons relevées. Puis suit comme on le voit ci-dessous « Sarkozy », « Nicolas Sarkozy », « Nicolas »...
Ces résultats sont bien sûr liés à la ligne éditoriale du journal. C’est, en effet, un des rares journaux à pouvoir appeler systématiquement Nicolas Sarkozy, « Sarko » ; on imagine mal Le Monde faire de même... Toutefois, pour comprendre en quoi cette dénomination est chargée de sens, il faut d’abord la comparer aux termes utilisés pour nommer Ségolène Royal puis étudier les autres formes utilisées pour nommer le candidat de l’UMP.
A la différence de son adversaire, Ségolène Royal n’est quasiment jamais appelée par son nom. On sait que ceci est essentiellement lié au déroulement de la campagne, la candidate socialiste préférant que l’on scande son prénom alors que le candidat de l’UMP avait mis son nom en avant. Notons tout de même que la forme « traditionnelle » de dénomination, c’est-à-dire nom-prénom est utilisée beaucoup plus fréquemment pour la candidate socialiste que pour le candidat de l’UMP. Cette forme est souvent considérée comme plus respectueuse que la simple utilisation du nom ou d’un surnom. Le fait que le candidat de l’UMP soit donc si rarement appelé par cette formule est en soit déjà chargé de sens. Notons de plus que le diminutif « Ségo » est utilisé deux fois moins fréquemment que « Sarko », ce qui confirme cette idée.
A chaque événement majeur de la campagne, Le Canard a trouvé une nouvelle façon de dénommer Nicolas Sarkozy. Ces dénominations plus engagées confirment le positionnement du journal vis-à-vis de cette candidature. Dans un premier temps, le journal insiste sur la double étiquette de ministre de l’Intérieur et de candidat de Nicolas Sarkozy. Ceci transparaît au travers de formules telles que « ministre-candidat » (4), « Premier flic de France » ou « l’encore ministre de l’Intérieur et candidat UMP ». Par la suite, deux axes sont surtout soulignés : les références utilisées par Nicolas Sarkozy et son caractère hyperactif. Ainsi, il sera à deux reprises nommé « le candidat nouvel ami de Jaurès et de Blum », mais aussi le « nouveaux fils spirituel de Mongénéral » [en référence à son recueillement sur la tombe du général de Gaulle]. D’un autre côté, Nicolas Sarkozy est surnommé « Lapin Duracell » ou « Speedy Sarko ». Ces dénominations sont toutes extrêmement critiques à l’égard du candidat UMP.
Après l’élection de Nicolas Sarkozy au poste de chef de l’Etat français, Le Canard enchaîné va continuer à être aussi critique à son égard.
Il est toujours majoritairement nommé « Sarko », la part d’appellation « traditionnelle » est encore moins importante qu’auparavant. Et de nouvelles formes apparaissent, tout d’abord celle de la dénomination par la fonction. Cette forme de dénomination est généralement utilisée de manière aussi respectueuse que la dénomination « traditionnelle », toutefois dans Le Canard on en trouve une utilisation parfois bien différente et souvent ironique. Ainsi une expression telle que « Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République française » est utilisée pour railler la façon dont s’est conduit notre président face aux pêcheurs du Guilvinec. Parmi les formules nouvelles, on note bien sûr cette formule d’ « omniprésident ». On remarque vingt occurrences de ce mot dans Le Grand Bêtisier du Canard 2007, mais on peut aussi trouver d’autres termes rattachés tels que « hyperprésident » (3), « OmniSarko » (3), « SuperSarko » (7), « notre super héros » ou encore « le chef de l’Etat, chef du gouvernement, maître du Sénat et de l’Assemblée nationale et chef de la majorité ». Toutes ces expressions soulignant la suractivité de Nicolas Sarkozy tout comme « notre suractif président de la République », « notre surprésident », ou enfin « président qui intervient pour le moindre fait divers ». Enfin, nous notons des expressions renvoyant à des chefs ou des Etats totalitaires. C’est le cas de « Sarko Ier » (16), mais aussi de termes comme « Sarkoléon » qui nous renvoient à un empereur connu ainsi que de l’« immense Timonier Sarkozy » (qui renvoie bien sûr à Mao Zedong, le grand timonier). Ces mots sont à mettre en relation avec les termes tels que « l’Etat Sarkozy », « le système Sarkozy » ou « Sarkozystème ».
Enfin, pour conclure notons quelques dernières formules qui servent tout au long de ce bêtisier à désigner Nicolas Sarkozy. Il est notamment nommé ironiquement « le "candidat du peuple" » (2) ou « le candidat de "la France qui souffre" » mais aussi le « magicien Nicolas », « l’homme d’affaires Sarkozy », « le plus américanophile des présidents français » ou enfin « l’ex-kärchériseur ». Bref, en lisant ce bêtisier vous découvrirez encore d’autres expressions de « Sarko-incompatibilité » de ce journal entré en résistance contre « Sarko-la-rupture ». Une revue à conseiller pour tous les « sarkosceptiques »...
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