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Panama Waters

Quelques jours ont passé et voilà que les « Panama Papers », du nom du plus gros leak jamais divulgué à ce jour, descend progressivement les marches de nos grands médias nationaux, chassé par une autre info « choc ». Tandis qu'il faut traiter pas moins de 11 millions de documents, contenant des informations factuelles sur des politiques, personnalités des grands médias, industriels de l'agro-alimentaire, laboratoires pharmaceutiques, banquiers, les pouvoirs publics donnent le sentiment de traîner des pieds à lancer une vaste chasse aux sorcières qui légitimerait l'abondement année après année des milliards que représentent le budget de l'état. A ce jour 12 noms français apparaissent dans ces feuillets, je reviendrai sur cette question en fin d'article. La question qui vient c'est : pourquoi ?

Premièrement, l'Etat se retrouve en situation délicate d'avoir à malmener son partenaire historique, chose qu'il ne peut décemment pas engager compte tenu des intérêts croisés des uns et des autres. Cette proximité n'est pas une chose nouvelle dans l'Histoire et pourrait remonter à Jacques Coeur, banquier français « régnant » du 15ème siècle, dont la biographie ne fait aucune équivoque dans ses relations avec le pouvoir central tenu par Charles VII, qui finira par en faire son grand « argentier ». L'Etat ne peut donc pas, en quelque sorte, salir son partenaire commercial. En lui concédant cette largesse, il ne fait que renforcer les liens qu'il entretient avec lui. Subsidiairement, il vient : tout cela est-il sciemment concédé où, comme peut l'être en certaines occasions la politique extérieure américaine, une opération digne d'une certaine forme de gangstérisme – Hands-up !? Les enjeux soulevés par la négociation entre la BCE et les banques françaises sur une stabilisation des taux d'intérêts ne s'invite-il pas à la table des négociations entre l'Etat d'un coté – soucieux de ne pas y perdre la face en vue des prochaines élections – et François Pérol de l'autre, grand patron de la BPCE, plus inquiet de la situation actuelle que de 2009, année post-crise, accouchée par lui-même et ses « amis ». Sans compter les appels du pied lancés, du troisième, par le FMI, désireux de faire pression sur des taux d'intérêts à la baisse en invoquant des risques sur les perspectives de croissance et l'inflation. Hors, si on se base sur la volonté affichée du FMI et celle constamment en berne de l'Etat concernant la lutte contre le chômage dont la croissance est un levier – sans compter les perspectives électorales qu'elle représente – l'on se demande qui des 3 « appelés » autour de la table est le trublion des 2 autres. Suivez mon regard... Les Panama Leaks sont donc le parfait écran de fumée pour embrouiller d'un coté les électeurs sur un système entièrement corrompu par les intérêts des banques et ceux, croisés, d'une poignée de hauts commissaires décidés à ne rien lâcher aux Etats, surtout sur la question du chômage de masse.

Deuxièmement, l'Etat français est tributaire des informations divulguées au compte goutte par l'ICIJ. Evidemment, tout individu normalement constitué ne peux que s'étouffer à cette seule évocation comme l'aveu d'une partialité rendue possible par l'entremise de n'importe quel « diner en ville ». En l’occurrence j'appuie mon argument sur la foi d'un échange « capté » par le maître d’hôtel d'un restaurant discret de Paris, le 7 avril 2016, entre un banquier d'affaires et un haut fonctionnaire de Bercy. La nature de l'échange tiens en quelques mots : « L'ICIJ est une coquille vide, nous les gérons […] pas un nom des cent-six (sic.) ne sera donné ». Quelques mots lâchés à la cantonade entre sachants, qui témoignent d'un entre-soi au moins connivent. D’où ma question : si c'est une coquille vide, pourquoi nourrit-elle notre Etat à la manière des infirmiers au chevet d'un grand malade ? Qui sont ces « cent-six » ?

Enfin, sur la quantité des noms parus dans les Panama Papers, 12 seulement, on est en droit de s'interroger sérieusement sur le pourquoi du comment. De deux choses : soit l'administration est sous-dimensionnée pour traiter la masse d'informations qu'on lui donne, soit il a déjà ces informations et il rétentionne, si j'ose dire. Le clan Le Pen épinglé n'étonne plus vraiment, ce qui est surprenant c'est plutôt l'absence remarquée des grands noms de la finance, tandis que la Société Générale joue les vierges éffarouchées. Encore une fois qui peut croire qu'un banquier dont c'est le métier ne se soit pas donné à cette évasion grand format ?


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4 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 13 avril 2016 11:08
    Prenez la succession « Wildenstein » qui traine depuis des années grâce au concours de nos politiciens pour « Panama Papers », ce sera la même chose...La majorité de la classe politique de notre pays connaissent les « paradis ».. !

    • L'enfoiré L’enfoiré 13 avril 2016 12:05

      @Onvousment bonjour,


       Enfin un billet qui creuse un peu plus le fond des choses, qui sort de l’émotion à chaud des révélations.
       Je reprendrai votre billet dans le mien qui paraîtra ce samedi..
       Le saut des taxes se passe dès le plus bas niveau de la société.
       Vous avez pensé aux pourboires, des récompenses sous forme de dessous de table ?
       Tout est bon pour esquiver ce qui gène.
       « A la fin de l’envoi, je touche » lançait Cyrano. smiley
       

      • Onvousment 14 avril 2016 15:39

        @L’enfoiré
         « Je reprendrai votre billet dans le mien qui paraîtra ce samedi » Avec plaisir ! Faites-moi suivre votre billet !


      • César Castique César Castique 13 avril 2016 12:41

        «  Le clan Le Pen épinglé n’étonne plus vraiment... »


        Absolument. Et d’ailleurs, si l’on retire les 320’000 euros déposés par Frédéric Châtillon-Prochdemarinelepen, sur un compte ouvert à Hong-Kong, le dossier n’est pas rigoureusement vide, mais peu s’en faut...

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