Paris s’ennuie
La conférence sur la Syrie s’est achevée, un couloir est autorisé pour les réfugiés de Homs. Paris s’ennuie.
Le procès du meurtre de l’ancien président libanais Rafik Hariri commence à la Hague sur fond de manque de preuves et difficultés d’enquêtes. Paris s’ennuie.
L’Iran annonce sa volonté de réduire son programme d’enrichissement nucléaire, le Sheikh Rashid émir de Dubaï demande une levée de sanctions à l’égard de l’Iran en disant croire à la sincérité du nouveau pouvoir de Téhéran. Les Etats-Unis lèvent certaines sanctions malgré les protestations d’Israël et de l’Arabie Saoudite. Paris s’ennuie.
Le même Dubaï ouvre une chambre de commerce à Erbil, capitale de la Région autonome kurde d’Irak, une première dans les relations historiquement tendues entre kurdes et arabes. Paris s’ennuie.
Le Président Barzani de cette enclave kurde demande à l’Union Européenne d’ouvrir une représentation diplomatique à Erbil. Paris s’ennuie.
Il est annoncé qu’Al Qaeda après avoir pris certains quartiers de la ville de Falloudjah en Irak, pourrait posséder assez d’armes pour prendre la capitale Bagdad. Paris s’ennuie.
Israël commence à envisager très sérieusement une future Syrie avec Assad au pouvoir. Paris s’ennuie.
Tom Perkins, star du « Venture Capitalism », est en pole position pour gagner le Prix du Point Godwin pour avoir publié une Tribune dans laquelle il compare les critiques envers les « très riches » citoyens à la chasse aux juifs opérée par le régime nazi. Paris s’ennuie.
L’université de Harvard crée un programme de culture Rap et Hip/Hop avec le rappeur américain Nas comme Ambassadeur. Paris s’ennuie.
Les Daft Punk prennent en otage les Grammy Awards en gagnant 5 prix. Paris s’ennuie.
Affaire Dieudonné, affaire Gayet… Paris s’égaye.
Retour de la joute rhétorique, retour des débats surannés imposés dans tout ce qui se fait de mieux dans ce petit monde nombriliste de branlette intellectuelle : liberté d’expression et vie publique / vie privée.
Ces débats d’une importance cruciale que la capitale ressasse. Ces débats qu’on ne parvient pas à dépasser. Ces débats qui prouvent la sclérose qui touche notre « élite » quand le reste du Monde avance. La France, ou plutôt Paris, fait du surplace, incapable de terrasser ses vieux démons.
Ayant déjà fait le tour complet de ces sujets, apparaissent alors les procès d’intentions, les falsifications et les mensonges. Une société qui idolâtre le moyen, pour ne pas dire le médiocre ou le mauvais. Voici à quoi ressemble notre débat hexagonal, voilà la nullité qui l’emplit à grands renforts d’aide politique. Au pied du mur de mauvais résultats, de mauvais débats, la porte de sortie s’en trouve être le nivellement par le bas. En atteste deux des principaux quotidiens français Ouest France et le Figaro, l’un par son volume de tirage, l’autre pour le prestige qu’il croit encore avoir, faisant un Flash Actu à propos de « l’incroyable découverte » (sic) de François dans le Finistère. François a en effet découvert à Sainte-Anne-la-Palud, un emballage de Raider de 1988 !
J’ai pour ma part beaucoup de chance. Il m’a été offert l’opportunité de rencontrer un jour éditorialiste du Figaro. Rencontre au siège, j’attends sagement dans l’impressionnant hall ouvert sur courre vitré intérieure. Intimidé, les mains moites, je me pose, gêné, sur un confortable canapé de cuir noir sous une hauteur de plafond dont la majesté glace le sang. L’objet de la rencontre était simple. Je voulais changer de carrière professionnelle et devenir journaliste. Quelle belle profession. Je le crois toujours, je le veux toujours.
Pour m’aider et parce qu’on me trouve un poil gland, on m’avait poussé dans les bras d’un gros bras du journalisme. Lui, bien aimable accepta le rendez-vous. En l’attendant je peaufine mon discours, la voix enrouée, en nage, je vais rencontrer un monstre de la profession et je réalise tout juste ma chance. Je fais semblant de lire les magazines nonchalamment disposés devant moi dont je ne comprends pas une ligne. Je relis 10 fois un papier du Figaro Magazine portant sur une quelconque voiture de sport. Chose sur laquelle je ne suis pourtant pas spécialement porté.
Il arrive, devant moi, passe le sas, je le reconnais, je l’avais « googlé ». Affable, il s’excuse du retard qu’il n’a pas. Nous nous asseyons dans le hall. Je ne verrais pas plus les locaux et ne le voudrais plus jamais. Il m’écoute, me jauge, me juge et lâche son conseil si impatiemment attendu : « Ne faites pas ce métier ».
L’enclume ! Merde, je n’ai pas les qualités. « Mais Monsieur je peux me perfectionner, j’ai soif d’apprendre, je peux revenir dans plus de temps juste assez pour acquérir une maturité qui me fait défaut ».
Non, ce n’est pas ça. « C’est un métier précaire, corporationniste, ce n’est plus comme avant ». D’abord reconnaissant devant tant de sincérité, je rentre chez moi penaud et repense tout. L’homme est une personnalité dans le milieu, il a forcément raison.
Puis ma route croise un responsable humanitaire, puis un homme politique européen, puis un médecin, un flic, un pompier, un agriculteur, un écrivain… Ils ont tous des difficultés de tailles et l’argent est pour beaucoup un gros problème. Pourtant les discours seront à l’opposé. Tous diront « on a besoin de jeunes ».
La question finie par arriver : quelle sorte de professionnel vise à te décourager, te dégouter ? L’a-t-il fait par pression de mon entourage qui voulait que je prenne un métier plus « stable » ? C’est la voie que j’ai exploré. Elle est réaliste.
J’imaginais alors un professeur de médecine dire à ses ouailles : « ce métier c’est de la merde, ne le faites pas ».
Puis j’ai commencé à lire ses papiers et éditos. Je ne l’avais fait que brièvement pour préparer la rencontre, les choses qui l’animent ne sont pas les miennes.
J’ai eu ma réponse, le néant.
La nullité est son mode opératoire, la petitesse, la médiocrité, l’infamie et la connivence ses armes. Il ne parlait pas du Journalisme comme opéré par des Hemingway, Kessel, Orwell, London, Londres ou même Fisk… Non il parlait du journalisme comme sa génération le produit. Cette génération qui aime plaire, celle qui lisse sous couvert de spiritualité ou d’impertinence. Celle qui jouît de voir son nom partout et en grand. Celle qui s’offusque des agissements de Madoff en l’ayant pourtant acclamé quand il était au sommet. Il parlait du journalisme parisien. Il parlait de son journalisme.
Et là un point d’accord fut trouvé, en effet je n’en veux pas. Personne n’en veut plus d’ailleurs. Cette presse décrépit inéluctablement avec son lectorat. Non que les jeunes ne lisent plus, leur excuse toute trouvée pour expliquer lamentable déclin, mais parce qu’il n’y a que les « anciens » pour s’abonner à cette chienlit.
Plus jamais, je ne voudrais pénétrer dans ces locaux. Plus jamais ne rentrerai à plat ventre réclamer lâchement un entretien avec ces altesses, rois qui ne se couronnent qu’entre eux.
Mais le mal que ces journalistes font, c’est qu’ils enseignent. Pré-fabriquent des myriades de petits semblables. Un de leur produit officie partout, sur tous les fronts ne se reposant jamais des combats faciles, Caroline Fourest.
Combien de fois cette « opinion maker » comme disent les anglophone, se sera vu plastronnée pour ses erreurs factuelles, ses libertés prises quant à la vérité, ses transformations de citations ? Pourquoi jouie-t-elle encore de cette immense crédibité qui décrédibilise la profession entière ?
Ces gens là font un mal considérable et difficilement réparable à cette magnifique vocation.
Et là, décident comme d’un seul homme de « finir » un des rares journalistes qui honore encore la profession. En faisant de Taddei leur bête à abattre ils dévoilent leurs armes.
Fourest commet un édito critiquant Taddei. C’est son droit, c’est son genre. Celle qui dira que le mot « islamophobie » sera inventé par les Mollahs en 1979 quand il se trouve dans un livre datant de 1910, fera encore une fois une analyse qui ne résistera pas au fact-checking. Cette nouvelle forme de data journalisme qui enchanta tant les journalistes quand il s’agissait de juger les candidats à la présidentiel, mais qui ne les amuse apparemment plus du tout quand il s’agit de vérifier leurs vérités à eux.
Et pourtant ce fact-checking ne sera pas opéré par un organe « misogyne, raciste et liberticide », son triptyque vocable. Mais au contraire par la plus bobo des éditions parisienne, Les Inrocks. Ces mêmes qui avaient accueillis à bras ouverts Pulvar autre chantre de du lissage en bon et due forme.
C’est la trahison la plus ignoble pour ces entre-gens qui du coup sortent les grands moyens. Un peu comme l’apostat musulman est le traitre ultime pour les Oulémas, se faire mettre le nez dans la merde par Les Inrocks pour quelqu’un du groupe Radio France, réaction des autorités directe : mise à mort.
C’est Bruno Roger-Petit, chroniqueur politique qui s’y colle. Cumulard comme disait Marchais à Elkkabach et Duhamel lors d’un échange d’anthologie, petit Roger-Petit sait arrondir ses fins de mois sur tout se qui se fait de bien médiatique. Alors il contre-attaque le fact-checking qui aura une nouvelle fois pointé la Fourest d’égarements. Lui qui en 2012 lors de la campagne électorale couchera « Au préalable, disons sans attendre que le travail des journalistes fact-checkers est une innovation utile, nécessaire et indispensable », écrit sans attendre « Perversité du fact-checking, alibi polémique ».
Plus si « utile, nécessaire et indispensable » finalement cette innovation.
Le fact-checking oui, pour les journalistes non, pour les potes, crime de lèse-majesté.
Une petite étude de texte, on aime bien ça quand même. Voici le texte : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1139228-fourest-fustigee-pour-avoir-critique-taddei-le-fact-checking-des-inrocks-ne-prouve-rien.html
Monsieur Roger-Petit et l’art de la défense, ça va swinguer. Accrochez le dentier de mémé, c’est parti.
Publié sous le titre "Fourest fustigée pour avoir critiqué Taddei, le fact-checking des Inrocks ne prouve rien", le titre s'est subitement transformé en " Fourest se paie Taddei et Dieudonne, Les Inrocks la tacle : le troublant soutien des réacs". Ce qui est troublant c'est d'être subitement beaucoup plus nuancé.
On poursuit : « Oui, drôle de front médiatique pour discréditer, par tous les moyens, celle qui a eu le front de s'en prendre aux méthodes télévisuelles de Frédéric Taddéï, au non-dit de ses émissions et à l'alchimie cynique qui prévaut à la composition des plateaux de "Ce soir ou jamais". »
Oui c’est sincèrement courageux encore une fois de s’attaquer à Taddei lorsque l’on n’arrive pas s’en prendre aux invités. Le problème c’est que si Fourest « snobe » Ce soir ou jamais depuis 4 ans, bien c’est tout simplement parce que comme le dit Naulleau (0 :44) : « Façon Puzzle ».
Il continu :
« On ne décrypte pas une émission de télévision, son contenu politique, sa ligne éditoriale, en alignant le nombre de passages télé des uns et des autres. »
Mais s’il vous plait Monsieur Roger-Petit, dites nous comment alors puisque vous dites à la fin de votre papier « En télé, la forme c’est le fond » ?
Dans son « Un calcul absurde » Roger-Petit viole les mathématiques et nous éclaire sur une façon appropriée de compter. « 650 émissions comme échantillons représentatif se discute », a ce train là on ne juge plus que le Bigdil car peu d’émissions du PAF peuvent se targuer d’une telle longévité. Sofia Aram, sa collègue pourrait en convenir.
Puis il persiste : « De trois, parce qu'il ne tient pas compte de l'essentiel : le contenu, le sens et la portée d'une émission de télévision ne se fait pas en calculant le nombre de prestations des uns et des autres, ou bien encore en scrutant leur temps de parole au dixième de seconde près. » Gardons en mémoire sa phrase choc : « En télé, la forme c’est le fond ».
Mais monsieur a le sens de la formule : « La télévision fabrique des sentiments, pas des chronomètres. ». Horlogés du PAF à bon entendeur. Moi perso, je ne comprends pas cette phrase, mais je dois être trop stupide. En fait, à bien étudier comment Roger-Petit perçoit le téléspectateur, je comprends mieux.
En effet je suis un abruti : parlant de Nabe, « du point de vue des téléspectateurs, sa parole est sanctifiée, puisqu’elle ne peut-être disputée par les autres ». Voilà ce que pense de nous Roger-Petit. Des crétins pas capables de se faire une propre idée sans les interventions salvatrices et brillantes des autres journalistes, penseurs, branleurs.
« Comme le rédacteur des Inrocks, qui est amateur des choses de la télé et un adepte du fact-checking pour tout et n’importe quoi, et dira : (citation de l’article des Inrocks) ».
Passons sur le fait que le rédacteur (pas journaliste apparemment, seulement relégué à un vulgaire rédacteur de flyer) est un « amateur des choses de la télé ». Franchement il est possible qu’il le soit, je le connais pas et je m’en fou. Mais concernant le : « fact-checking pour tout et n’importe quoi », pardon Monsieur Roger-Petit, nous ne savions pas que le fact-checking ne s’appliquait qu’à certains sujets. Faites nous la grâce s’il vous plait de nous faire parvenir la liste des choses autorisées par le fact-checking.
« En télé, la forme c’est le fond ». Boum !
« Votre père est un voleur mademoiselle, il a volé toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans vos yeux ». J’ai jamais pécho avec cette phrase, mais il semble que Roger-Petit a connu un certain succès avec les plates formules. Ou est-ce l’éditing du Nouvel Obs ? Brillant les gars, vraiment !
Puis le Saint-Sépulcre est en vision ! Roger-Petit illustre le coté néfaste du papier des Inrocks en pointant du doigt les gens qui l’ont ovationné. Voilà, le tour de magie suprême, l’argument massue, les Inrocks ont été loué par des ultras, des fachos et des extrémistes, donc le papier des Inrocks est irrecevable. La boucle est bouclée. Et ce dans les 2 derniers paragraphes.
Si j’étais Emanuel Todd, j’éviterais de croiser le chemin de Roger-Petit. Bah oui, Emmanuel Todd a été « célébré » par Oussama Ben Laden en personne.
Paris s’ennuie et au vu des gens qui nous fournissent la « matière grise » ça ne fait que commencer.
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