Pas assez d’ouvriers dans les fictions françaises...
Le président du CSA déclare qu’il n’y a pas assez d’ouvriers dans les fictions françaises...
Et alors ?
Dans la réponse à la demande sociale, j’évoquerai également la question de la diversité, je le ferai brièvement. Vous avez entendu il y a quelques semaines ce que certains ont appelé le coup de gueule du CSA sur la question de la diversité. Je ne sais pas si c’était un coup de gueule, en tout cas, nous avons exprimé très fortement notre indignation devant une situation qui n’avait pas évolué en dix ans, entre 1999 et 2008, où on a constaté que la diversité selon les origines n’avait pas progressé, que la diversité selon le sexe n’était pas respectée, contrairement à ce que l’on peut croire à première vue, que la diversité selon l’origine sociale était complètement bafouée, que dans un pays où 23% de la population active est constituée d’ouvriers, 1 % seulement des personnages de la fiction sont des ouvriers.
Michel Boyon, président du CSA
Discours des 20 ans du CSA.
Je viens de lire ce discours du président du CSA a propos de quotas. Après le quota sexuel (pas assez de femme représentant 50% de la population), le quota ethnique (pas assez de colorés représentant la France) maintenant voici les quotas sociaux. Il y aurait en France 23% de la population active qui serait constituée d’ouvriers, d’accord. Et seulement 1% des rôles seraient des ouvriers. Doit-t-on s’en émouvoir et chercher à changer toute la donne ? Pas sûr.
Est-ce que les fictions doivent être l’exact miroir de la société ? je ne pense pas. Autrement les policiers à l’écran arrêteraient de démanteler des réseaux de grand banditisme en un seul épisode, il n’y aurait plus de monde à sauver à coup de couteau suisse, et toutes les prisons ne seraient plus remplis de taulards romantiques et innocents mais de minorités visibles en colère contre la société qui les aura condamnés (désolé, ce sont les statistiques).
Pourquoi est-ce stupide de demander plus d’ouvriers dans une œuvre de fiction ? Simplement parce que les gens qui regardent TF1 ou France 2 le soir ont autre chose a faire que re-regarder ce qu’ils viennent de voir au journal de 20h. Ils ne veulent pas du quotidien à la TV, ils veulent quelque chose qui change. On veut des cascades, du rire, de l’action, de la beauté. On ne veut pas du noir et blanc qui finit mal à la Emile Zola. Qui peut encore dire « mon trip, le Weekend, c’est me mater le DVD de Germinal » ? A part Besancenot ?
Et qu’est-ce qui donne au patron du CSA le droit de demander plus de diversité dans les fictions ? Ce serait de la « censure positive ». On n’oblige pas un scénariste à pondre une fiction à base d’ouvriers. « Michelle, 40 ans, est ouvrière dans une usine de fabrication de poignée de poêle à frire. Suivez son combat contre les composants mal calibrés pour la machine et sa quête de courses alimentaires moins chères ». C’est sûr qu’à côté de ça, le Dr House a du mouron a se faire.
C’est comme de demander à Mozart de faire du Metal, ou un thriller à Voltaire.
Le Patron du CSA peut très bien « demander » ou « exiger » plus de scenarii à base de classe ouvrière, ce n’est de toute façon pas lui qui décide mais l’audimat. Ce sont eux qui payent la redevance TV et les abonnements. Et dans les romans, J.K Rowlling vend toujours plus de livres que Zola…
Pourquoi à chaque fois tenter de faire rentrer les quotas dans la vie de tous les jours ? Qu’est-ce qui justifie qu’un groupe, de part son orientation sexuelle, son sexe, sa couleur ou maintenant son origine social, ait le droit à tant de % dans des postes clefs parce qu’ils représentent tant de % dans la population ? Pourquoi est-ce que ce devrait être l’origine et non pas les qualités et le mérite ? Parce que si on pousse ce raisonnement, grâce à la discrimination positive les meilleurs postes devraient être occupés par des homosexuels de couleur et d’origine ouvrière…
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