Toutes les semaines, je me rends chez mon buraliste afin d’y acheter mes journaux préférés. En hebdomadaires j’achète Le Canard ainsi que Bakchich. Chez mon kiosquier préféré, il y a une chouette colonne dès l’entrée de la boutique qui présente des journaux d’informations satiriques ou alternatives. On y trouve sur ce présentoir : Le Canard, Bakchich, Le Plan B, La Décroissance, Siné Hebdo, Charlie, Fakir... Lorsque j’ai voulu me procurer Fakir la première fois, je n’ai pas eu besoin de le lui commander, le journal était déjà présent dans la boutique. J’achète donc également Fakir et souvent je me dis que ce serait bien que je m’abonne. J’achète tous les numéros de ces journaux au fur et à mesure de leur sortie et l’abonnement ne ferait aucune différence pour mon porte-monnaie. Peut-être même que je serais gagnant et en tous cas, cela serait un soutien certain pour ces journaux. et pourtant...
Dans le dernier numéro de Fakir, un courrier de lecteur a attiré mon attention. Il s’agit d’un kiosquier qui écrit au journal. Donc un kiosquier lecteur de ce journal et je crois me rappeler qu’il habite la ville de Chalonnes. J’imagine que ce kiosquier place ce journal de façon à ce que les clients le distinguent facilement. Il en assure en quelque sorte la promotion.
Seulement voilà : je résume ici le courrier de ce monsieur.
Si tous les lecteurs s’abonnaient comme le suggèrent parfois avec insistance ces journaux, les kiosquiers finiront par disparaitre.
Là, je complète son propos par une réflexion personnelle : Si les kiosquiers viennent à disparaitre alors c’est la presse qui finira par disparaitre également.
C’est vrai que ces journaux ont besoin de soutien financier (je pense en particulier à Bakchich en ce moment ) et que l’abonnement est pour eux une garantie de ressources. Mais si tous les gens décidaient de s’abonner a leurs journaux préférés ce sont les emplois de kiosquiers qui disparaitraient. Or, ce sont précisément les kiosquiers qui nous permettent bien souvent de découvrir la nouvelle presse. Ce sont les kiosquiers qui mettent en avant certaines revues. Comment savoir qu’un magazine (nouveau ou pas) existe si ce n’est en allant chez son kiosquier/buraliste ? Bien sûr, il reste le bouche à oreille, le net et parfois la radio qui annonce la parution d’un nouveau journal. Alors il nous faudra noter les coordonnées du journal en question afin de leur envoyer ... leur envoyer quoi au juste ? le règlement pour un numéro du journal ? le montant correspondant à un abonnement ? et si le journal nous déçoit dès le premier numéro, pourra-t-on résilier son abonnement pour les numéros suivants ? et comment allons-nous feuilleter avant d’acheter ?
Ainsi, la mort des kiosquiers entrainerait à mon avis la mort lente et certaine d’une certaine presse, elle épargnera peut-être certains journaux quotidiens, ceux pour qui de toute façon vendre ou donner chaque exemplaire de leur journal ne changera rien à leur déficit chronique et pour lesquels le prix de vente est une goutte d’eau au milieu des recettes publicitaires.
C’est décidé, je ne m’abonnerai pas et cela ne modifiera en rien le soutien inconditionnel et indéfectible que je leur apporte à chaque nouveau numéro...