Pourquoi vous allez cesser d’utiliser YouTube
Le marché de la vidéo sur le Net, après une première année de
tâtonnement rythmée par les sorties de nombreux services, verra au vours des prochains mois une violente bagarre entre deux approches très
différentes.
A notre gauche, nous avons les mégaconnus dailymotion et youtube, à
notre droite les plus discrets Vpod et VideoEgg. Quelles sont les
différences ? Quels changements pour les utilisateurs ?
Les forces en présence
Les portails vidéos type DailyMotion et YouTube,
vous les connaissez, ce sont des sites qui hébergent et diffusent les
vidéos sur leur site découpé en diverses chaînes thématiques (humour,
famille, musique, etc.). Tout le monde peut leur envoyer une vidéo qui
sera transformée en flash, hébergée sur leurs serveurs, puis mise à
disposition des internautes en fonction du degré de publicité décidé, privé : vous seul pouvez la voir, famille + amis : vous l’envoyez par
mail ; public : vous pouvez intégrer la vidéo sur votre site et eux-mêmes
la proposent sur leur site.
Ces sites vivent grâce au contenu créés par les utilisateurs. Depuis un
an, on parle beaucoup d’eux et de nombreux petits frères sont apparus,
parmi lesquels Kewego (créé par Michel Meyer - ex Multimania), uncut (AOL), Google Video (Google), Yahoo Video (Yahoo), celui de Microsoft devrait arriver, sans compter d’autres, plus thématiques, comme le très explicite pornotube.
Les services d’upload type Vpod et VideoEgg
On les connaît beaucoup moins, leurs marques sont plus discrètes, mais
leur intérêt devrait aller croissant dans les mois qui viennent.
Contrairement aux précédents, ils n’ont pas vocation à être des sites
de contenu. Leur rôle est de permettre l’hébergement et la diffusion de
vidéo quel que soit le support de lecture. C’est notamment vrai pour Vpod, comme l’explique Rodrigo dans cette interview réalisée par Jean-Michel Billaut.
L’idée est de ne pas limiter le visionnage à un support, le PC, mais de
permettre sa diffusion sur tous les écrans (mobile, psp, lecteur vidéo,
télé, etc.).
Mais outre ce rôle du diffuseur, ils cherchent surtout à devenir vos
régies pub. L’un des modèles économiques de Vpod est de rétribuer le
créateur de vidéos. D’une part, c’est un avantage indéniable face à un
youtube qui récupère toute la pub. D’autre part, cela poussera les
utilisateurs à réaliser des vidéos de bonne qualité, afin d’attirer
d’éventuels annonceurs. Il est certain que personne ne paiera
réellement pour un site perso spécifique, mais si la qualité générale
est bonne, il est possible que l’effet de masse génère des envies
d’investissement.
Enfin, ces services proposent parfois à n’importe quel quidam de créer son site de partage de vidéo, tel VideoEgg.
Une fois inscrit, vous recevez un petit .zip contant les fichiers php à
installer sur votre serveur, et en quelques minutes le tour est joué.
Et sans quitter votre site, les internautes peuvent uploader leurs
vidéos.
Des cibles a priori différentes
Les portails vidéos profitent de l’incessant désir de gloire d’une
bonne partie de la population. Sur ces sites, les internautes existent
via un pseudo qui est noté, dont les vidéos sont vues X milliers
(millions) de fois, dont les nouveautés sont attendues avec impatience
par une petite communauté de fans. Et le lundi, ils peuvent dire à
l’école ou par mail : "Oui, c’est bien moi SuperTube. J’ai posté une
top vidéo où je rejoue - dans mes toilettes - un clip de Britney
Spears. Elle déchire."
Cependant, la monétisation de ce type de contenu est difficile. A ce
propos, les interrogations sur les revenus de YouTube sont incessantes
et sans réponse. A ce sujet lisez le billet d’Emmanuel Calacanis s’essuie les pieds sur YouTube et le Web 2.0.
De leur côté, les services d’upload ne sont "que" des fournisseurs de solutions. Ils s’adressent donc inévitablement à des personnes propriétaires de sites Web qui désirent y placer de la vidéo. On pense donc dans un premier temps aux médias, aux marques, aux institutions qui souhaitent passer à la vidéo sans avoir à trouver des solutions d’encodage et d’hébergement onéreuse. En ce sens, les cibles entre les deux forces sont très différentes.
Mais, et c’est là que cela devient intéressant, les particuliers ont accès gratuitement à la technologie de Vpod ou VideoEgg. Une partie de la population qui publie actuellement sur YouTube ou Dailymotion par défaut pourrait se tourner vers ces services. Qui ? Les familles qui souhaitent partager les vidéos de leurs enfants sans forcément les voir reprises entre le clip de SuperTube et celui de bouteilles de coca transformées en fusées. Les particuliers comme Jean-Michel qui créent leur "chaîne" de télé sur le Net. Et plus globalement, tout ceux qui ne cherchent pas à devenir des stars du Net mais qui souhaitent proposer de la vidéo sur leur site.
Cohabitation ou suprématie
Les portails vidéo vont continuer à attirer beaucoup de monde, ne
serait-ce que parce que les stars en devenir ont leur pendant, les
téléspectateurs ayant du temps à perdre. Et ils sont nombreux !
Mais si une bonne partie du contenu de "qualité" part vers la
foultitude de blogs / sites, ils vont se retrouver avec les vidéos les
plus pourries. Déjà que leur contenu actuel n’est pas monétisable...
D’ailleurs, c’est ce qui pousse Dailymotion ou Kewego à proposer leurs
services en marque blanche : le premier avec le WAT de TF1, le second
avec le... de M6. Mais cela n’est pas leur premier métier, et ils ont
déjà beaucoup de travail à réaliser sur la maintenance et l’animation
de leurs sites de contenu.
Vers une transformation de YouTube et Dailymotion en digg-like ?
En partant de cette hypothèse un peu hard pour YouTube et autres, nous
pouvons imaginer qu’ils n’en resteront pas là. Je pense notamment
qu’ils peuvent se transformer en digg-like video, ou que d’autres
prendront ce créneau. Scoopeo, en France, commence à le faire. Le
parcours d’une vidéo serait le suivant :
. l’utilisateur uploade la vidéo chez Vpod ou VideoEgg et la place sur son site
. il envoie un lien sur les digg-like vidéo
. la vidéo est soumise au vote et aux commentaires
Petit corollaire : on verra apparaître sur les sites des petits boutons
qui renvoient vers ces digg-like vidéo, comme c’est de plus en plus le
cas sur les sites pour les digg-like "texte" et les services de
bookmarking (voir en bas de cet article les boutons Scoopeo, Fuzz,
del.icio.us, technorati, blogmarks).
A noter que ce principe fonctionne pour les propriétaires de sites qui veulent s’assurer une importante visibilité, évidemment moins pour les familles. Mais là, nous rentrons dans le sujet brûlant de la duplication du contenu. Un sujet à venir dans les prochains jours.
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