Présentation du rapport « Goodbye to Freedom »
Même si l’on peut affirmer que quelques médias libres et vigoureux s’épanouissent dans la plupart des pays étudiés, à l’exception d’un petit nombre d’entre eux, cette étude révèle une profession et une industrie assaillies par des problèmes d’interférence politique, de faiblesse économique et des standards professionnels inégalitaires ou douteux.
Les auteurs de nombreux rapports signalent de multiples cas d’agressions contre la liberté de la presse et son indépendance – d’où le titre : « Adieu la liberté ? »
Cette étude fait apparaître des modèles communs : les journalistes et entreprises d’information font face à des barrières multiples : lois restrictives, interventions injustifiées des autorités, un mélange de pressions manifestes et dissimulées pour manipuler ou déformer leur travail.
En Russie et en Arménie, les journalistes enquêtant sur les abus de pouvoir des officiels sont confrontés à l’intimidation, à de réels dangers physiques et parfois à la mort.
Dans de nombreux pays abordés, les lois sur le secret d’Etat et la diffamation sont régulièrement utilisées pour bloquer les journalistes qui enquêtent sur le pouvoir ou cherchent à dévoiler la corruption, sous ses formes les plus variées.
Même en Allemagne, aux Pays-Bas, en Irlande, des pays où le principe de la liberté de la presse est valorisé, des tentatives ont été faites l’année dernière pour punir, avec des peines de prison, des journalistes qui avaient publié des informations classifiées sur des sujets d’intérêt public.
La situation est particulièrement troublante quant au respect des télévisions et radios publiques dans de nombreux pays…
Cette étude est le résultat de la détermination des membres de l’Association des journalistes européens à rendre compte des contextes politiques et légaux dans lesquels les médias travaillent actuellement, et à partager les informations sur les obstacles qui se dressent devant eux. Ceux qui travaillent dans la presse reflètent leurs valeurs et leurs priorités de celle-ci et aident à les définir. Ils opèrent maintenant sous l’intense pression du multimédia, produisant des informations 24 heures/24. De nombreuses langues de travail sont utilisées à travers l’Europe, et il n’est pas simple de porter des jugements qualifiés sur le travail des uns et des autres, et sur leur liberté à travailler sans peur ou favoritisme. Cette étude a pour but de contribuer à une meilleure compréhension de toutes ces choses.
Les rapports annuels publiés par les organisations de veille des médias, telles que l’International Press institute, Reporters sans frontières et Freedom House, ont fourni d’appréciables points de référence pour nos rapports nationaux. Certains d’entre eux se réfèrent à leurs conclusions et à leur classement international de la liberté des médias.
Ce rapport de l’AEJ est une vision des médias en actions dans leur pays, écrite par des journalistes en poste, qui témoignent de la santé de la liberté des médias dans leur propre pays, de leur expérience personnelle et de leurs observations sur les relations entre les médias et le pouvoir politique. Le rapport souligne d’importants conflits des médias avec les gouvernements et les tribunaux, et permet de distinguer les méthodes informelles et discrètes que les puissants utilisent pour modeler le paysage médiatique, par exemple dans la France de M. Sarkozy ou dans l’Italie de M. Berlusconi.
Chaque rapport comprend une évaluation globale de la situation, avec les principaux faits. Les auteurs ont pu aussi développer des « cas d’étude », qui démontrent les barrières ou les limites à la liberté de la presse. Chaque rapport se termine par une conclusion et les actions futures. Le rapport de l’AEJ a été produit pour être présenté et discuté avec le représentant de l’OSCE sur la liberté des médias, Miklós Haraszti. Ses conclusions ont été présentées au Conseil de l’Europe, le principal gardien de la liberté des médias et de la liberté d’expression en Europe, et à d’autres parties intéressées. Ce rapport souligne aussi les résultats inégaux des médias eux-mêmes. Une solide liberté des médias ne peut exister que si les journalistes la défendent par un effort consciencieux, des standards professionnels élevés, et la volonté de confronter ceux au pouvoir avec des questions difficiles et des enquêtes déterminées. Ce rapport prouve quand, dans de nombreux endroits en Europe, des journalistes se trouvent sous une pression intolérable pour servir les intérêts des forces politiques ou commerciales.
La situation est particulièrement troublante quant au respect des télévisions et radios publiques dans de nombreux pays, dans lesquels on feint à peine, ou pas du tout, de préserver l’indépendance des nouvelles et des programmes de l’influence ou du contrôle politique. Des pressions économiques pénibles, et la croissance d’une « armée » de pigistes, ont tendance à rendre les journalistes plus dépendants et moins à même de défendre l’intégrité et la qualité de leur travail. Dans certains pays, la représentativité et l’influence des syndicats ont été délibérément affaiblies par les employeurs, rendant les journalistes plus vulnérables à la manipulation ou au licenciement.
Il est inévitable que les médias et le pouvoir politique aient des relations d’adversité. L’objectif des politiques est de gagner le pouvoir et de le garder, et l’utilisation des grands médias est pour eux une arme cruciale pour faire passer leur message.
Le message qui ressort des rapports nationaux est clair : la liberté des médias n’est pas un droit héréditaire, elle nécessite toujours d’être défendue et de se battre pour elle.
Le Taurillon remercie l’Association des journalistes européens pour l’autorisation de publier cette issue du rapport « Goodbye to Freedom » et de sa mise à jour du mois de février 2008.
- Logo du rapport « Goodbye to Freedom »
- Logo de l’AEJ
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