Prise de Tripoli : quand l’intox prend le pas sur l’info
Les derniers développements de la crise libyenne et l'entrée des rebelles dans Tripoli font, depuis dimanche, l'objet d'un traitement quelque peu contradictoire de la part de certains médias. Qu'est-ce qui donc motive ce traitement à double vitesse de l'information ?
Aux dernières nouvelles, la Place verte, dont la prise par les insurgés avait été annoncée avec fracas lundi, ne serait finalement plus aux mains de la rébellion. Et Saïf al-Islam précédemment annoncé comme capturé par les combattants du CNT ne serait pas non plus aux mains de ces derniers, mais bien libre ; une liberté prouvée par son déplacement, mardi 23 août, de Bab al-Azizia jusqu'à l’hôtel Rixos, et qui prouve, par ailleurs, que ce quartier reste sécurisé par les forces loyalistes.
Ce qui nous amène à nous poser des questions sur la partialité et le parti-pris affichés d'une certaine presse qui, finalement, ne fait que relayer de manière unilatérale, sans recoupement, les derniers développements en Libye. Des médias qui parlent volontiers d'un supposé bain de sang qui n'a pas eu lieu, mais qui ferment les yeux sur les nombreuses victimes civiles - bien réelles celles-là - de l'Otan.
Un traitement inique de l'information qui, faut-il le rappeler, n'est ni plus ni moins qu'une propagande pro-Otan. Une Otan qui clame haut et fort être investie d'un devoir de protection envers les civils mais qui, sur le terrain, les massacre dès lors qu'ils prennent le contrepied de sa vision des choses, notamment quand ces civils affichent leur position pro-kadhafi.
Les bombardements, dans la nuit du 8 au 9 août, de Majir au sud de Zlitan, village accusé d'être pro-Kadhafi, illustrent bien ce rôle contradictoire de l'Alliance ; des bombardements qui ont fait 85 morts parmi les civils dont 35 enfants. Sans oublier l'autre bombardement, le dernier en date, notamment juste avant l'entrée des rebelles dans Tripoli, qui a fait 48 morts parmi les civils. Et bien d'autres exactions de l'Alliance très peu médiatisées ou tout simplement passées sous silence.
Face à ce parti-pris et à ce traitement inique de l'information, difficile aujourd'hui de contredire Saïf al-Islam qui dénonce une « guerre technologique et médiatique orchestrée par les Occidentaux ». Bien plus difficile encore d'ajouter foi à l'information servie par une certaine presse, surtout lorsque l'intox prend délibérément le pas sur l'info. Partialement.
Abdoulaye Jamil Diallo
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