Quand la presse se croit au coin du bois
Supplément payant et obligatoire !
Les bandits de fin de semaine …
Qui n'a jamais acheté un quotidien en fin de semaine ignore tout des pratiques douteuses d'une presse qui aime à vous forcer la main. Il ne s'agit, certes, que d'un petit supplément, un presque rien, une broutille qui, pour quelques centimes d'euros, vous donnera le programme télé ou bien des nouvelles de la mode. Le supplément, en vérité, est un grand n'importe quoi : il s'impose à vous, encombre le dépositaire tout autant que l'acheteur qui se trouve ainsi détroussé, comme au coin d'un bois.
Que cette pratique soit légale relève, une fois encore, de la grande escroquerie qui impose toujours aux moutons de se faire tondre sans pouvoir émettre la plus petite plainte. Essayez donc de refuser les magasines qu'on vous refourgue contre votre gré : vous ne pourrez acheter votre journal au prix habituel !Tout le monde est complice, à commencer par la loi et le législateur.
Car, à moins que je ne fasse erreur, les pauvres gogos que nous sommes ne peuvent se regrouper pour déposer collectivement plainte pour escroquerie et grivèlerie organisées, à moins qu'il ne faille qualifier autrement ce larcin honteux et communément admis. Nous sommes mis devant le fait accompli. Qu'on soit puissant ou bien misérable... vous connaissez la chanson : ce sont toujours les mêmes qui se font spolier.
Qui n'a jamais acheté le journal « l'Équipe », un dimanche, ignore jusqu'où peut aller cette mauvaise habitude, cette pratique commerciale plus que douteuse. Le papier glacé donne sans doute à l'emballage des allures de cadeau somptueux contre lequel vous ne devez pas avoir l'audace de protester. Il est vrai que le petit complément qu'on exige de vous n'est rien en regard du coût réel de cet encart publicitaire.
Car le fond de l'astuce réside en ce magnifique tour de passe-presse qui consiste à vous faire acheter ce qui est déjà vendu par ailleurs. Ces suppléments sont des nids à réclame, des concentrations de publicités plus ou moins déguisées qui ont souvent l'impudeur de ne pas s'affirmer comme telles.
Nous sommes si souvent les victimes de telles pratiques que nous acceptons, sans récrimination aucune, ces malhonnêtetés contre lesquelles, de toute manière, nous ne pourrions nous dresser. Le libéralisme a ceci de merveilleux que les payeurs sont toujours bernés et qu'innombrables sont les astuces pour les faire cracher au bassinet sans qu'aucune contrainte ne soit imposée aux gredins et coquins qui déterminent les règles du jeu.
Que faire ? Refuser d'acheter, comme je le fais à chaque fois, c'est se priver de rares informations qui échappent à la médiocrité de l'ensemble. C'est mettre encore plus en danger des organes de presse, laminés par la gratuité et discrédités par leur incapacité à ne pas faire comme le voisin. Rien ne ressemble plus à un journal local qu'un autre journal local à des centaines de kilomètres du premier. Mais pourquoi tant de similitudes dans la niaiserie ?
Je m'éloigne de mon sujet initial et j'aimerais qu'une fois pour toutes, la possibilité soit offerte au client de refuser les suppléments en payant au prix habituel ce qu'il a bien du mérite à acheter chaque jour. Mais ce n'est qu'un vœu pieu, un rêve, une utopie dans un pays ou les lois et les dirigeants sont d'abord au service des entourloupes de toutes natures.
Celles-ci sont si modestes, à vrai dire, comparées à toutes les autres que nous finançons d'une manière ou d'une autre, qu'il est vain d'espérer le moindre changement. Sacrifions donc quelques centimes pour ce forfait hebdomadaire, cette vente forcée qui ne veut pas dire son nom. Le week-end a ceci de remarquable que certains journaux, non contents de jouer les bandits le samedi, n'hésitent même plus à nous refaire le coup le dimanche, avec d'autres inepties au programme.
Ils comptent sans doute sur notre bonheur d'échapper aux lourdeurs de la semaine pour avaler la pilule sans rechigner. La coupe est pleine et je m'élève contre cette pratique symptomatique d'un état d'esprit général qui fait de nous, les clients, les citoyens, les contribuables, les justiciables, des êtres juste bons à se faire détrousser en toute occasion.
Supplémentement leur.
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