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Accueil du site > Actualités > Médias > Quand Marianne incite à la consommation de produits industrialisés

Quand Marianne incite à la consommation de produits industrialisés

A croire l’article paru dans Marianne, « Quand l’écologie renvoie les femmes à la maison », (également commenté sur NaturaVox) l’accouchement non-médicalisé, l’allaitement, l’utilisation des couches lavables et le refus de consommer des produits industrialisés seraient des pratiques dangereuses, voire déviantes. La promotion de celles-ci serait une sorte d’encouragement à la relégation de la femme dans la sphère reproductive, un retour en arrière.

Je suis convaincue que ces pratiques sont surtout une forme de résistance à un modèle relationnel individualiste et compétitif, où la qualité des rapports est évaluée à partir du point de vue de la performance et où il n’y pas de place pour le respect de notre écosystème.

D’après mon vécu de mère, de citoyenne et de féministe, ces choix parentaux sont complètement compatibles avec une vie “moderne” et, contrairement à ce que cet article prétend, ils encouragent une implication des hommes dans la sphère de la reproduction. Je rejoins tout à fait l’auteure de l’article dans sa conclusion : la répartition des tâches ménagères et des soins entre les sexes est inégalitaire. Mais de là à vouloir nous faire croire que le choix en matière de parentage soit le problème...

Les choix comme l’allaitement, le cododo, l’accouchement libre et l’utilisation des couches lavables visent à créer et maintenir un lien intense entre parents et enfants pour un épanouissement de tous les membres de la famille et dans le respect de l’environnement. Est-ce que cela implique nécessairement le « retour » de la femme au foyer ? Est-ce qu’elle en a été vraiment libérée avec l’arrivée des biberons, des petits pots et des couches jetables ?

En tant que mère, travailleuse et femme pratiquant ces choix, je suis aussi sensibilisée à un mode de consommation raisonné et raisonnable. Le respect de la nature est une priorité pour moi et inspire souvent mes préférences en matière d’éducation et de mode de relation avec mes enfants. Néanmoins, respect de la nature ne veut pas dire pour autant “naturalisation” de l’identité de genre. Il ne faudrait pas confondre le style de parentage que je défends, qui est basé sur l’empathie et le respect des sentiments et besoins de l’enfant avec un quelconque paradigme basé sur “l’instinct maternel”.

Personnellement, l’idée que l’on puisse prôner le fait de “suivre son instinct maternel” me semble une source inépuisable de culpabilisation des mères qui ne ressentent pas cet “instinct”. Je suis sûre que nous n’en ressentons pas. Nous l’apprenons et nous l’agissons… et nous sommes libres de le choisir.

Ma démarche est un choix conscient, réfléchi, orienté par la jouissance de la proximité avec l’autre en général et l’enfant en particulier. Il diffère, d’un autre style de parentage axé sur la performance et cette performance est mesurée en fonction du moindre impact sur la vie des adultes (moins de pleurs, moins de réveils nocturnes et, en général, moins de ‘contraintes’ sur le corps des parents, surtout de la mère) et est basé sur les croyances que l’on doit “apprendre l’autonomie” à un jeune enfant et que les soins à son égard doivent être reduits à leur strict minimum, coûte que coûte. On ne s’interroge pas sur qui fait les frais de cette économie de soins : les plus vulnérables, la plànète.

Ces choix émanent souvent d’une réflexion de la part de parents conscients, qui refusent d’ailleurs que ceux qui font partie de la sphère médicale ou psychanalytique se croient les seuls à jouir d’outils de réflexion et que les seules ressources existent dans la consommation de marchandises.

Comme pour toute pratique sociale, il est primordiale que les parents qui se sentent attirés par des alternatives puissent découvrir d’autres pratiques de parentage et de se les approprier. Les articles comme celui de Marianne, qui ne proposent rien en termes pratiques mais qui dénigrent des choix qui sont de plus en plus répandus, me semblent peu constructifs.

 Je me dis mère insoumise car je refuse de me soumettre à une idée figée et normative de la maternité, de ce que je serais censée sentir ou faire en tant que mère et en tant que femme. Je veux tout simplement vivre cette expérience d’une manière épanouissante et durable et cela passe par une profonde remise en question de ce que la société attend des femmes et des modèles féminins qu’elle propose. Je ne me reconnais pas en la mère courage qui ne fait que ce que son enfant lui demande, lui exige… Je ne me reconnais pas non plus dans le modèle de la professionnelle carriériste pleine de succès, mince et avec un brushing toujours impeccable… encore moins dans la superwoman qui a des enfants parfaits, qui mène son ménage de main de maître et qui enchaîne voyages d’affaires et promotions chaque année.

Les pionnières de la seconde vague du féminisme se sont méfiées de la maternité et ont vu en elle l’origine de l’oppression que nous devions combattre. Elles avaient raison : la maternité imposée devait être un véritable cauchemar. Ne pas savoir si durant des mois ou des années on tomberait enceinte ou on serait à charge d’un ou de plusieurs enfants, s’avérait incompatible avec le développement de tout projet personnel. Sans contraception sûre ni accès à l’avortement, la seule manière de préserver son autonomie était la chasteté et le célibat, mais très peu osaient choisir délibérément cette voie.

Maintenant nous avons les moyens de nos choix.

Le féminisme - surtout le féminisme libéral et reformateur- est victime de son incapacité de considérer l’ humain dans sa dimension relationnelle : il ne suffit pas de définir un idéal de l’être, il est nécessaire d’observer comment est la vie quotidienne, comment sont les affects et les émotions. Le citoyen modèle est un homme blanc hétérosexuel et bon consommateur. Devons-nous nous assimiler à ce modèle ? Devenir ce modèle ?

Notre vie quotidienne est faite de rencontres et de relations avec d’autres êtres : hommes, femmes, parents, enfants, vieux, bébés, gens autonomes, gens dépendants… Elle est aussi faite d’interactions avec l’environnement. Il est urgent, aujourd’hui, de penser à un féminisme qui libère nos relations et qui nous offre du bonheur -ou au moins de la satisfaction- dans ce qui est quotidien et dans nos rêves. Ce féminisme-là nous oblige à penser l’égalité et la liberté dans un contexte relationnel. La question n’est plus « qui est l’ennemi principal ? » La question est « comment vivre et être heureux sans ennemi ? »


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18 réactions à cet article    


  • eugène wermelinger eugène wermelinger 28 novembre 2008 10:57

    J’ai tout l’impression que "Marianne" c’est du caca. Mais je ne vais pas y aller mettre mon nez !


    • La Taverne des Poètes 28 novembre 2008 11:10

      “Quand l’écologie renvoie les femmes à la maison”, un article intouvable sur le site de Marianne. L’auteur ne dit rien de son contenu. Où est donc l’objectivité ?


    • Lucie Vivien 28 novembre 2008 12:24

      On peut pourtant accéder à l’article de Marianne en suivant ces liens :

      http://tinyurl.com/5vv4aa 
      ou
      http://www.marianne2.fr/Le-numero-605-de-Marianne-Les-anti-Sarko,-qui-sont-ils-_a93454.html?voir_commentaire=oui


    • Lucie Vivien 28 novembre 2008 12:35

      En fait, avec le premier lien, on n’a que le début de l’article, mais on devine le ton : consternant ! et cela ne donne pas envie de chercher à se procurer la suite.
      Le deuxième lien est payant.


    • La Taverne des Poètes 28 novembre 2008 14:20

      Marianne commet une erreur grave. Ce n’est pas pour l’écologie que l’on recommande l’allaitement mais pour la santé du nourrisson. J’ai d’ailleurs écrit moi aussi un papier sur ce sujet. Je suis pour un retour aux habitudes saines dans tous les domaines.


    • emma plaf 28 novembre 2008 17:27

       Objection, la Taverne.
      Ce n’est ni l’écologie, ni les avantages en terme de santé qui motivent à allaiter.
      Mais alors pas du tout.

      C’est le plaisir qu’on peut avoir à tenir un petit contre soi et à ainsi le nourrir.
      (plaisir qu’on *peut* avoir. Pas qu’on *doit* avoir)

      (puis en plus, c’est pratique)
      (puis en plus, on a découvert qu’on peut allaiter et travailler, plein de monde le fait maintenant)
      (puis si c’est écolo et bon pour la santé, tant mieux)

      Aucune femme ne doit se sentir *obligée* d’allaiter pour des raisons d’idéologie, d’écologie, de santé, de regard des autres, si allaiter ne lui plaît pas.

      Aucune femme ne doit se sentir *interdite* d’allaiter pour des raisons d’idéologie ou d’une certaine idée du féminisme (idée qui a fait son temps. Mais cela a échappé à la journaliste de Marianne)


    • 1984 28 novembre 2008 18:29

      Marianne est une grosse merde qui essait de sentir la rose !


    • Zalka Zalka 28 novembre 2008 13:25

      Bravo à l’auteur, qui n’a visiblement rien compris à l’article.

      Marianne se contente d’envisager la conséquence de ces "modes", sans pour autant promouvoir l’opposé.


      • Lucie Vivien 28 novembre 2008 15:56

        Isabelle Sapora, dans l’ article de Marianne, montre bien que les femmes qui ont des pratiques écologiques ont souvent commencé à mettre en place ce nouveau mode de vie après que des "scandales hygiénico-alimentaires" aient été publiquement révélés mais, visiblement, l’article met en doute le bien-fondé de ces scandales et nie la supériorité d’une purée bio maison à un petit pot industriel ou celle du lait maternel au lait en poudre. Tout l’esprit de l’article va donc dans ce sens : les femmes se donnent du mal pour rien, perdent à la maison du temps qui aurait pu être consacré au travail professionnel, n’apportent rien de plus à leurs enfants et sont donc bien sottes et manipulées par les associations écologistes qui les font revenir à "l’âge de pierre" !!



      • Zalka Zalka 28 novembre 2008 18:27

        Ce danger est présenté dans le cas où on ferait absolument tout selon ces méthodes.

        C’est la somme de toutes ces dépenses de temps qui finit par aboutir aux femmes qui tiennent le foyer. Quand vous faites la liste de ces trucs bio, vous refaites l’emploi du temps de ma grand mère.


      • ecohumanist 1er décembre 2008 23:09

        je pense qu’on peut très bien mettre en garde de éventuelles dérives d’un certain type de pratiques, mais c’est pas du tout ce que l’auteure de l’article de marianne fait.
        dénigrer les pratiques citées équivaut à faire la promotion du modèle opposé... je ne vois pas la différence
        ici on nous (je dis nous = les personnes qui choississons la nourriture bio, les couches lavables, l’allaitement, l’accouchement à domicile) assimile à des arriérées... or nous sommes très souvent des personnes critiques, informées et avec un niveau d’éducation qui nous permet de faire des choix reflechis...
        je me mets à la place de parents qui cherchent des alternatives à ce mode de parentage qui pousse à éviter le moins possible de "se prendre la tête" avec les soins (celui qu’on défend chez marianne) et qui tombent sur l’article : est-ce que ça les permet d’avoir une ouverture sur les pours et les contre des deux modèles ? NON, on ne voit que le négatif del’un !!!


      • appoline appoline 28 novembre 2008 14:05

        Il est aussi grand temps que les femmes prennent leurs responsabilités ; ce sont elles qui procrééent. Leur besoin de maternité les met souvent dans des situations insolubles, car il ne faut pas se leurrer, elles portent à elles seules, toute la logistique qui régit le bon fonctionnement du ménage. La maternité bien souvent fait d’elles un être soumis, une fourmis économe, une ménagère, comme ils disent. Mais elles, en tant que femme, que deviennent-elles ?

        Vu le respect que l’on accorde à la mère, à la femme, un jour il arrivera qu’elle ne veuille plus enfanter par peur d’engendrer un fils qui ne crachera pas sur sa mère, mais qui dès son plus jeune âge, aura une image faussée de la gent féminine.


        • Lucie Vivien 28 novembre 2008 16:02

          Par l’éducation qu’elles leur donnent, les mères peuvent aussi influencer les schémas mentaux de leurs fils et former les hommes de demain !


        • emma plaf 28 novembre 2008 17:38

           @Appoline. Qu’entendez-vous quand vous dites qu’il est temps que les femmes prennent leurs responsabilités ? Que croyez-vous qu’elles doivent faire ?


        • Mescalina Mescalina 28 novembre 2008 16:50

          Marianne dispense quelques informations et points de vue pertinents et décalés, mais sombre trop souvent dans la surenchère démagogique pour que je m’y arrète.

          Ses couvertures provocatrices doivent en exiter certains et titiller l’impulsion d’achat, moi elles me font fuir.

          Je préfère Cosmopolitan smiley


          • Annie 28 novembre 2008 18:32

            L’article dans Marianne, est amusant lorsqu’il souligne que l’écologiquement correct risque de renvoyer insidieusement les mères de famille dans leurs foyers. Cet article doit être écrit par une petite jeune qui n’a jamais rencontré une femme au foyer, ou une femme qui travaille à domicile pour pouvoir s’occuper de ses enfants.
            Sinon, la remarque à propos du lait maternel me paraît grave. Il ne faut pas l’imposer, mais certainement en expliquer les avantages, par rapport au lait commercial, qui sont considérables.


            • Proto Proto 28 novembre 2008 19:02

              Haaaa oui mais il faut savoir que Marianne est devenu le fer de lance de la propagande étasunienne, l’affaire « Plus fort que Thierry Meyssan : Marion Cotillard » m’avait déjà convaincu de la probité de ses journalistes et rédacteurs détenus à 25% par un réseau plus que douteux, je ne lis plus Marianne ce faux journal d’esprit révolutionnaire.

              Bon alors rien que déclarer que donner le sein est une pratique dangereuse c’est vraiment n’importe quoi, évidemment vous serez moins rentables si vous n’achetez pas de lait en poudre ou de Pampers dernier cri…

              Sinon vous êtes trop généreuse avec les idées que diffusent ce torchon.

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