Radioactivité en Lorraine : un cas d’école
Lundi 19 de ce mois, les lecteurs du Républicain lorrain apprenaient qu’une mesure de la radioactivité, effectuée par une station au-dessus de la Faculté des sciences de Nancy avait relevé avait révélé un taux quatre fois supérieur à la normale.
Une dépêche de l’AFP mentionnant les faits évoquait trois pistes possibles, dont deux mettaient en cause les mesures elles-mêmes (erreur au niveau des instruments ou acte de malveillance à leur encontre).
Deux jours plus tard, une information circulant de téléphone mobile à téléphone mobile faisait état d’une répétition de ces pics de radioactivité sur Metz et en particulier à l’Hôpital Legouest. Des malades prévenaient leurs proches (ce qui a été mon cas), des militaires avertissaient leur famille, des membres du personnel de l’hôpital en faisaient autant.
C’est ainsi que, par précaution, un certain nombre d’établissements scolaires ont mis en place des mesures de confinement (analogues à celles qui étaient alors pratiquées à l’hôpital Legouest à l’encontre des malades : fenêtres et portes fermées, sorties interdites).
Par la suite, le jour même, aux informations de midi, les journaux télévisés régionaux et nationaux désamorçaient la crise, notamment en rapportant les paroles du préfet de la région Lorraine (Pierre-René Lemas) qui déclarait :
« Il s’agit d’un cas d’école de diffusion de la rumeur, résultat de l’addition d’initiatives individuelles de gens de bonne foi, plutôt que d’un acte de malveillance ou un canular ».
Cas d’école ? C’est effectivement le cas et les leçons à tirer de cette situation type sont nombreuses.
Ainsi l’on a pu voir à l’oeuvre, dans les établissements ayant mis en place des mesures de confinement, des actions mesurées et responsables, sans panique (à moins de 50 km d’une centrale nucléaire de grande taille). Actions servies par les facilités de communication à distance, puisqu’avant la mise en oeuvre de ces mesures, les personnes concernées se sont la plupart du temps informées pour vérifier les communications qui leur avait été faites, à la source de celles-ci ainsi qu’auprès de leurs autorités de tutelle (cas des établissements scolaires).
Preuve qu’une information sensible peut circuler sans que la panique ne s’empare de ceux qu’elle « contamine »* .
Malheureusement d’autres constatations moins réjouissantes sont également à relever.
Notamment la manière tendancieuse dont les médias ont rendu compte de l’information, cherchant visiblement à calmer une panique qui n’existait pas.
En effet, tous les titres de la presse traitant de ce sujet évoquaient « la fausse rumeur ». La désinformation réside ici dans le fait que, à partir d’une double information objective, à savoir les taux anormaux de radioactivité à Nancy, puis à Metz deux jours plus tard, les médias ont insisté sur une des thèses circulant dans le public, et qui mettait en cause la centrale nucléaire de Cattenom.
Ainsi, seul un quotidien Luxembourgeois a donné, à ce jour, l’information précise concernant la seconde mesure (celle de Metz). Et ceci, dans un article intitulé « Alerte radioactive hier à Metz, juste une rumeur » qui évoque une « panique » qui n’était en fait que la crainte légitime de personnes ayant reçu une information sensible (j’ai pu le constater dans divers établissements scolaires de Metz et des environs ainsi qu’à l’Hôpital Legouest où je me trouvais en fin d’après-midi, après avoir reçu divers appels) :
« L’exercice de contamination à l’Hôpital militaire Legouest hier matin a relevé des taux de radioactivité supérieurs à la normale. L’établissement a donc décidé de fermer les fenêtres. Des personnes internes (surtout des parents) se sont inquiétées et ont fait courir des informations alarmistes. Une personne se présentant comme travaillant à l’Hôpital militaire aurait donc, prise de panique, téléphoné à plusieurs écoles de Metz en affirmant qu’à la suite de forts niveaux de radioactivité, il fallait prendre des mesures de confinement des élèves. »
En conclusion, si l’attitude des nombreux a été plutôt calme et responsable, celle des « autorités compétentes » est demeurée telle qu’au lendemain de l’accident ukrainien.
Les responsables ont nié partiellement les faits pour la mesure de Nancy, puis ont détourné l’attention vers une des multiples hypothèses émergeant de l’inquiétude légitime des personnes mises au courant des faits. Cette manoeuvre leur permettait de ne plus évoquer les mesures, pourtant réelles (à ce jour) relevées à Metz.
La suite du traitement de ces faits aura assurément une importance déterminante tant du point de vue de la sécurité effective des citoyens (concernant les faits eux-mêmes) que de celui de leur confiance vis-à-vis des informations qui leur sont communiquées en cas de crise.
________________________________________
*(terme utilisé ici dans l’acception donnée par la toute nouvelle science de la duplication des mèmes - gènes de la pensée - qu’est la « mémétique »)
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON