Retraites : Rue 89 bourre le mou de ses lecteurs !
Nous pouvons tout lire sur les sites Internet de publications. Aucune opinion n’y est exclue, par exemple sur Agoravox. Le seul inconvénient des sites de publication, c’est le coté fugace des paroles citoyennes, ou supposés telles, hélas ! Mais ce coté fugace n’est pas un défaut finalement car il correspond à un partage réel de la parole de chacun. Rien à voir donc avec les médias traditionnels chargé de suggérer les vérités officielles et le politiquement correct répétés à l’envie jusqu’à saturation des cranes. Rien à voir vraiment ? Et tous ces sites de publications se ressemblent-ils ?
Sur les pages de Rue 89 il y a un gros logo bleu. Depuis combien de temps est-il là ? Je ne le sais pas mais cela doit faire un vrai bail car au bout du lien il y a un article posté le 9 juin dernier ! Depuis plusieurs mois donc : Un lien commercial ? Non pas (quoique ?) ! Plus sûrement une leçon aux sujets français qui auraient du mal à appréhender le bien fondé des "réformes" gouvernementales. Modestement adressé dans son titre aux nuls et aux jeunes insouciants ce sont bien les "vérités" officielles qu’il convient d’enfoncer dans les crânes candides que l’on trouve ainsi maintenu à la une de manière persistante.
Franc et culotté le titre annonce la couleur. Il est écrit "Retraites : le débat expliqué aux nuls et aux jeunes insouciants"... Pas mal non ? On sent que déjà ça s’adresse à des pigeons !
Il y a bien sûr une illustration. La scène se passe dans un local qui pourrait être celui de la CGT, quelque part en France... Image rassurante d’un militantisme dévoué et compétant.
Puisque nous sommes en confiance, voyons donc le corps du texte...
L’auteur nous présente le système « par répartition » dans lequel : « vous ne cotisez pas pour vous-même (ce n’est pas de l’épargne, donc), mais pour vos aînés. Concrètement, les actifs payent les pensions des retraités. » Jusque là ça va... « Les cotisants accumulent des points de retraite et des « trimestres » de cotisation. » Un peu contradictoire, non ? L’auteur déguise juste une règle simple pour laquelle il suffisait de dire que la retraite est un droit particulier qui se gagne par un minimum de temps passé au travail.
Passons sur les exemples, justes après tout, et arrivons-en à la fameuse réforme. Immédiatement l’auteur introduit le sophisme habituel basé sur la courbe démographique et le nombre des cotisants. Comme tout sophisme tout l’important est dans la gueule, l’aspect, du raisonnement ! Donc peu importe si, à la fin de ce qui semble être une magistrale démonstration, sont posées quelques nuances car de toute façons le mal est fait et la leçon bien enfoncée dans la tête ! L’image suggérée, illustrée de graphiques, restera limpide comme un leurre... Ce qu’elle est en réalité !
À cet endroit du texte, arrivé déjà en « 3 Qu’est-ce qui a déjà été fait pour "sauver" le système » nous devrions donc avoir admis que le système, c’est sûr, est en danger ! Heureusement (qualificatif non présent dans le texte mais pensé si fort !), Les pouvoirs publics ont déjà pris des mesures par le passé : (ça c’est bien dans le texte !)
« En 1993, le gouvernement Balladur a allongé la durée de cotisation de 37,5 ans à 40 ans pour les salariés du privé. » FAUX : La durée de cotisation est inchangée. Elle reste égale à la durée de la vie active. ( Par contre gagner ses droits devient plus difficile.)
« En 2003, le régime des fonctionnaires est aligné sur celui des salariés du privé. La durée de cotisation de l’ensemble des travailleurs est allongée (41 ans en 2012). » FAUX : La durée de cotisation est inchangée. Elle reste égale à la durée de la vie active. ( Par contre gagner ses droits devient presque aussi difficile dans la fonction publique que dans le privé.)
Mais « cela ne suffit pas. » Ce dont on ne doute pas, chaque "réforme" réussie appelant la suivante !
En 4 l’auteur nous cause donc de la suivante en citant la présentation que le ministre du Travail Eric Woerth en a faite le 16 juin :
« L’âge légal passerait progressivement de 60 à 62 ans d’ici 2018. Ce qui permettrait selon le gouvernement d’économiser 19 milliards d’euros en 2018. » (Dur pour ceux qui se préparaient à partir !)
« Ceux qui sont « usés » par le travail continueront à prendre leur retraite à 60 ans. » (« Usés » doit être comprit au sens propre. C’est tout de même un minimum !)
« L’âge du taux plein passe de 65 à 67 ans. » (Ce sera très dur pour les privés d’emplois qui seront donc punis deux fois !)
« La durée de cotisation passerait à 41 ans et un trimestre en 2013, et à 41,5 ans en 2020. » évidemment FAUX : La durée de cotisation est inchangée. Elle reste égale à la durée de la vie active. ( Par contre gagner ses droits devient toujours plus difficile !)
« Pour combler les déficits, on puiserait dans le fonds de réserve des retraites (FRR) mis en place par le gouvernement Jospin pour combler les déficits d’après 2020. »
« Le taux de cotisation des fonctionnaires augmenterait de 7,85% à 10,55% en 2020. » (En net et par les temps qui courent, ils vont être "diminués".)
« La tranche supérieure de l’impôt sera relevée d’un point, et seront taxés davantage les stock options, et les retraites chapeau, les revenus du capital, les plus-values. » (Bien peu de choses en vérité.)
Pour finir l’auteur admet que « Trois grandes critiques sont portées contre la réforme. » (Alors qu’il y en a plus que cela et l’arnaque essentielle qu’elle contient n’est évidemment pas citée explicitement ! )
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« Une réforme inefficace car le vrai problème, c’est le chômage. Demander aux gens de travailler plus longtemps alors qu’ils manquent déjà de travail ne sert à rien. » Le chômage est surtout un autre problème et un vrai sachant que les réformes répondent, de leur coté, à un faux problème. Les deux sont toutefois liés par leurs même origine, cause profonde du premier, sujet d’un objectif pour le second. Le travail actif (ou vivant suivant la perception qu’en aurait Marx) est en voie de disparition : l’origine est là ainsi que dans les opportunités induites. Concrètement cela se traduit par une entrée de plus en plus tardive en vie active et un départ également de plus en plus précoce. Concrètement aussi, cela signifie qu’il faudrait partager le travail restant sauf à priver d’emploi les sujets les moins performants. À part ça, demander aux gens de « travailler plus longtemps » ne sert pas à rien car c’est un bon truc pour leur confisquer leurs droits ! Bref, la réforme n’est nullement inefficace puisqu’il s’agit d’une arnaque et que celle-ci va parfaitement réussir !
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« les deux tiers des partants n’étant pas en emploi au moment où ils liquident leur retraite, le passage à 62 ans va permettre une économie par la réduction de leurs droits, mais ils ne cotiseront pas plus longtemps ». Tout à fait mais l’auteur se garde bien d’expliquer le constat d’Alternatives économiques, histoire de laisser planer un doute.
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« Une réforme injuste, car elle ne pèse pas sur les plus privilégiés. » Passons sur ceux que l’auteur considère comme privilégiés... Les cadres, scientifiques et autre intellectuels déjà baisés avec les précédentes "réformes" ? Toutes ces "réformes" sont injustes parce que tous devront y passer, à part les rentiers à qui elles profitent, évidemment ! De manière sournoise l’auteur compare et divise le peuple en occultant l’oligarchie à qui profitent les réformes, considérant ces quelques ploutocrates hors de toute atteinte, un peu comme s’ils n’existaient pas !
Citons encore : « Ils » vont devoir travailler deux années de plus et cotiser « gratuitement » deux années de plus… Pour les cadres, entrés plus tardivement sur le marché du travail, le changement sera moins brutal : ils terminent déjà leur carrière au-delà de l’âge de 60 ans. (Pour eux, en effet, les changements sont entérinés !)
« Une réforme hypocrite, parce que l’ajustement se fera par la baisse des pensions ». Faux, les précédentes réformes ont déjà atteint cet objectif là ; Celle-ci est carrément privative de tout droits pour deux ans de plus.
Suivent des considérations sur quelques autres critique supposées être pour notre auteur de pure forme sur la pénibilité, certains financements et les inégalités hommes-femmes... Et nous arrivons sur le point 6 des supposées alternatives. Celles-ci seront évidemment assez timorées pour rester peu efficaces voire peu crédibles. Pourtant d’après notre auteur toujours, « Le gouvernement et sa majorité parlent, à propos de ces alternatives, de « matraquage fiscal » ».
Enfin, histoire de bien cacher ses mensonges, l’auteur termine de manière surprenante son propos par un minimum syndical de contestation (façon CFDT ?). « Mais en terme de « matraquage », augmenter les impôts est-il vraiment plus violent que de demander aux Français deux années de plus de travail, deux années de plus de cotisations, et deux années de moins de retraite ? » Cette fin, culottée comme un discourt socialiste, à de quoi nous laisser pantois !
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