Sanofi et Coca : le cabinet de lobby lance un contre-feu médiatique !
Il fallait bien une opération de com' d'envergure pour Sanofi pour se dégager de la crise sociale. C'est que les actionnaires ont un sens de l'humour plutôt limité ! Surtout avec un CAC qui stagne à 3500 depuis des mois !
De son côté, Coca Cola a besoin de renouveler son image d'un rêve américain écorné d'une épidémie mondiale sans précédent d'obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires.
Au moins, ce mariage entre le médicament qui soigne et le soda qui abîme nous changera de l'éternel débat sur le mariage homosexuel. Là, c'est de l'hétéro pur souche !
Après le concept de médicament a émergé celui d'"alicament", c'est-à-dire un aliment qui aurait des propriétés de médicament. Dans un délire copieusement arrosé, la Direction du groupe a décidé de pousser le concept dans ses derniers retranchements. Celui de l'aliment toxique "qui soigne un peu quand même" la maladie qu'il entraîne.
A partir de là, les cadres de la firme ont du faire preuve d'une créativité débridée. Entre la cigarette qui protège contre le cancer et le McDo au Mediator (qu'ils ont dû abandonner car déjà breveté par Servier), c'est le concept de la boisson "bien-être" avec Coca-cola qui a remporté le premier prix du cynisme.
L'annonce a fait l'effet d'une bombe suffisamment puissante pour détourner l'attention des médias de ces casse-bonbons sucrés de chercheurs syndiqués. Car en effet, Sanofi et Coca ont curieusement décidé de lancer leur soda santé en France, se privant des Etats-Unis. Etonnant non ?
Eclairage
Chez le lobbyiste Paul Boury, on ne chôme pas ! La communication en 3 points que j'ai évoquée dans l'un de mes billets précédents ne suffira pas. Elle est nécessaire pour apporter un climat sur le long terme qui justifiera de prendre certaines mesures pour sauver une boîte qui se porte si mal, selon le vieil adage "qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs".
Rappelons ces 3 points :
- Point 1 : notre industrie va mal.
- Point 2 : nos chercheurs n'ent fichent pas une. Ils ne trouvent jamais rien.
- Point 3 : il faut donc délocaliser.
C'est ainsi qu'on pouvait lire sur le site de France24, dans un communiqué AFP, un représentant de la société Alcimed nous expliquer spontanément à quel point l'industrie pharmaceutique va mal...
Face à des coûts croissants, l'industrie pharmaceutique révise son modèle de recherche
Coup de chance, l'analyste cite spontanément... Sanofi.
Car transformer un projet de médicament en remède commercialisable est devenu plus long et plus cher. Les coûts de recherche et développement (R&D) par médicament ont été multipliés par 20 dans le secteur entre 1976 et 2010, de 90 millions de dollars à 1,8 milliard, selon des chiffres communiqués par Sanofi, premier groupe français du secteur.
(...)
Mais pour avoir plus de résultats, les grands groupes s'efforcent aussi de revoir leur organisation interne.
"La rationalisation de la R&D de l'ensemble des laboratoires, et notamment de Sanofi, c'est d'arriver à recréer des hubs géographiques qui soient responsabilisés autour d'un axe thérapeutique (...), et mis dans une dynamique entrepreneuriale comme celle qu'on peut retrouver dans les sociétés de biotechnologies", décrypte Vincent Genet.
"C'est une logique de mise en concurrence des équipes internes avec le monde extérieur", résume-t-il. Mais "dans la culture française, c'est difficile à accepter, car on est culturellement plus éloignés de ce mode de fonctionnement".
(...) La productivité insuffisante de la R&D concerne "particulièrement Sanofi", estime le groupe dans un document, vu par l'AFP, préparatoire aux négociations avec les syndicats sur la réorganisation annoncée cet été.
(...)
Il faut "faire en sorte que notre recherche produise plus de nouveaux médicaments qu'elle ne le fait actuellement", résumait en juillet le directeur France Christian Lajoux. Sanofi investit près de 1,9 milliard d'euros en R&D par an en France.
Sur 17 produits en attente de lancement d'ici 2015, 3 ont été conçus en interne.
La stratégie d'influence du cabinet de lobbying Paul Boury a le mérite d'être constante et limpide. On appréciera au passage de voir une chaîne publique, donc financée par le contribuable, promouvoir la nécessité de délocaliser.
Mais dans l'industrie pharmaceutique, lorsque l'on veut faire passer une pilule amère, on l'enrobe généralement d'un délicieux goût sucré.
En com', on appelle celà un contre-feu.
Cette campagne choc sur cette alliance avec Coca-Cola ne pouvait pas donc pas mieux tomber pour changer un peu de sujet...
Vivement que notre ministre du Redressement Productif enlève sa marinière, reprenne son costume de ministre, et arrête pour de bon ses montebourdes !
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