Si la balle est dans le camp du Conseil Constitutionnel (1)
En politique, des sophistes Grecs qui officiaient sur l’agora aux techniques sophistiquées des agences de communication, l’offre reste la même. Dispenser des conseils dans l’art de l’emporter, quoiqu’il en soit des motivations profondes de ceux qui briguent le pouvoir. Pourquoi se présenter devant les électeurs et pourquoi faire ?
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Que signifie arriver aux responsabilités ?
Dans l’exercice de leurs fonctions il est un soupçon qui n’épargne aucun élu : celui de briguer les suffrages des citoyens pour asseoir sa propre carrière et en tirer les bénéfices qu’il peut, fusse au détriment de l’intérêt général. Il est donc entendu que les vrais démocrates sont ceux qui savent se garder de la passion du pouvoir, de la tentation de le garder à tout prix et qui savent s’en s’en tenir aux limites qu’ imposent les textes constitutionnels.
Soixante sénateurs viennent de saisir le Conseil Constitutionnel.
Ils en appellent à son arbitrage et lui demandent d’étudier et de se prononcer sur la conformité des textes de loi qui doivent réformer l’audio-visuel public. Peu importe de quel bord politique vient cette initiative car l’importance de l’affaire ne devrait échapper à personne. Argumenter à l’infini sur l’opportunité d’une augmentation ridicule de la taxe audiovisuelle ou alléguer des pratiques antérieures de lobbying et de pression politique qui ne vaudraient pas mieux et à laquelle on ne pourrait échapper sont des tentatives de banalisation qui ne doitvent pas occulter les conséquences que vont avoir les décisions prises sur l’avenir de notre démocratie.
Les citoyens ont droit à une information objective et de qualité.
Quel autre moyen ont-ils pour pouvoir juger en toute objectivité de ce qui passe dans leur pays, des décisions qui sont prises par ceux qui ont brigué leur confiance. Cela suppose ipso facto que les journalistes qui sont chargés de la délivrer aient les compétences pour le faire et que libres et protégés de toute pression politique que ce soit, ils n’obéissent qu’à la déontologie en vigueur dans leur métier. La démocratie est à ce prix là.
Pourtant, on ne remet plus en question cette façon qu’ont les politiques de créer l’événement pour forcer la fréquence d’apparition sur les scènes médiatiques comme les artistes ou les lobbies en chambre de tout poil qui en tire profit. Les médias sont devenus des usines à gaz fabriquant des artéfacts et le fait d’accéder au pouvoir et de gouverner en profitant de connivences de toutes sorte est de moins en moins dénoncé.
Quels que soient les lieux, leurs supports et leurs modes d’expression (écrites ou audio-visuelles) les scènes médiatiques sont des agoras modernes qui mélangent si bien les genres que les citoyens ne savent plus dans quel ordre de réalité ils se trouvent ni quelle grille de lecture est la bonne.
Education, culture, information objective d’un côté et propagande politique et publicité de l’autre ?
S’il est une des fonctions essentielle du vrai journalisme, c’est bien le décryptage et la mise en accusation des pratiques qui consistent à circonvenir l’opinion publique à coup de sondages manipulés par leurs commanditaires et à mettre en scène des acteurs politiques ciblés par des actions de lobbying politiques, religieux ou marchands. La mise en scène de telles pratiques n’ont rien à voir avec le véritable journalisme qu’il faut protéger de ces manipulations vulgaires qui constituent le menu de toute propagande politique ou religieuse et des spots publicitaires que leurs lobbies financent. Elles sont servies par une équipe qui n’a de « journalistique » que le nom tant leur docilité s’applique à éluder les questions qui fâcheraient l’interlocuteur dont hiérarchiquement ou matériellement ils dépendent. Ce sont ni des méthodes de gouvernement ni des techniques qui respectent la liberté d’expression.
Manipulation de l’opinion et Enfumages médiatiques de plus en plus patents ?
Ces exercices auxquels se livrent de pseudos journalistes n’ont rien à voir, ni avec l’information ni avec la démocratie ; tout au plus avec de l’amusement de plus ou moins bonne qualité. L’esprit de sérieux lasse. Mais rien ne dit que les contenus culturels ou éducatifs ne doivent pas être attractifs. Il importe donc qu’ils soient financés par de l’argent public, ce qui permet aux officines de se libérer de la tyrannie de l’audimat et produire sans qu’un pragmatisme mercantile les oblige à un mélange des genres.
On voit là tout de suite où se situe la frontière entre ce qui relève d’un service public digne de ce nom et les motivations profondes et autres que philanthropiques de ceux qui achètent et vendent des médias. Naturellement la question de la perte des recettes publicitaires des chaînes de télévision publiques se pose. Il est juste que cette manne à laquelle elles doivent renoncer soit compensée par une taxe prélevée sur les recettes publicitaires des médias privés qui, comme toutes les autres entreprises, doivent être imposées sur le business qu’elles font et les bénéfices qu’elles en retirent.
Les gouvernements changent le service de l’audio-visuel public reste.
Il ne sied pas, dans une démocratie, que les hommes politiques en charge de gouverner le pays profitent des fonctions qu’ils occupent pour asseoir et pérenniser leur propre pouvoir. Il n’est pas pensable que le conseil constitutionnel n’ait pas à l’esprit que mettre l’audio-visuel sous la coupe de la majorité politique qui détient momentanément le pouvoir serait une atteinte sans précédent à l’esprit républicain français et à l’alternance que suppose toute démocratie. Il doit rester clair ici que nous plaidons en faveur d’un service audio visuel public libre des pressions de la propagande politique ou mercantile dont le management et la hiérarchie ressortirait d’une évaluation et d’une nomination laissées à des collèges de pairs strictement indépendants.
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