Suppression de la publicité à France Télévisions : un exemple de ce qui nous attend ?
A l’heure où est débattue la loi sur l’audiovisuel public à l’Assemblée Nationale, un Conseil d’Administration de France Télévisions s’est réuni.
C’est à cette occasion qu’une résolution a été adoptée, sur proposition de Patrick de Carolis, afin de supprimer la publicité sur les chaines du groupe à partir du 5 janvier de 20h à 6h.
Dans le même temps, ce Conseil d’Administration était informé que l’année 2008 se terminerait pour le groupe par un déficit de 116 millions d’euros et que l’année 2009 verrait la situation empirer avec une prévision de déficit de 135 millions d’euros.
Comment dans cette situation, le Conseil d’Administration de France Télévision a-t-il pu voter en son âme et conscience, la suppression d’une de ses principales ressources financières ? Dans quelles conditions et par quelles manœuvres, le Président de France Télévisons, Patrick de Carolis a-t-il proposé cette résolution ?
La loi sur l’audiovisuel public propose de faire nommer le Président de France Télévisions et de Radio France par le Président de la République. Selon C. Albanel, ministre de la culture et de la communication, cette mesure ne remet aucunement en cause, l’indépendance de la télévision publique.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Alors même que Patrick de Carolis, a été nommé par le CSA (dont on connaît sa relative indépendance), on peut déjà constater qu’il n’est pas totalement libre de ses décisions : c’est, en effet, après « sollicitation » du gouvernement, qu’il soumet au vote cette proposition. On peut dès lors légitimement se demander ce qu’il en sera demain lorsque le président de FT sera nommé directement par le Président de la République.
Que fera le futur Président de FT lorsque le Président de la République le « sollicitera » pour organiser une émission politique sur les thèmes qu’il aura au préalable choisi ? Ou lorsqu’il le « sollicitera » pour diffuser un spot sur la « nécessaire » réforme de l’éducation nationale ?
Si réforme de l’audiovisuel public il devait y avoir, c’est le renforcement de son indépendance qui devrait y être défendu. C’est la pérennisation de son financement qui devrait y figurer. Comment peux-t-on défendre la création audiovisuelle française et en même temps suspendre son financement à chaque discussion budgétaire annuelle ?
En imposant la prise de décision de la suppression de la publicité au niveau du Conseil d’administration de France Télévisons et de son PDG, Christine Albanel veut s’éviter l’impasse d’un décret qui pourrait la mettre en difficulté. De cette manière, elle s’évite la responsabilité d’une telle mesure, et court-circuite les débats parlementaires. C’est de toute évidence un jeu pervers auquel se livre le gouvernement.
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