Il s’agit d’un essai qui s’intitule « Critique de la déraison pure ». Le sous-titre, explicite, plante le décor : « D’une certaine philosophie française et de ses errances idéologiques ». Il y dénonce les « intellectuels médiatiques » qui sclérosent une certaine pensée philosophique française : Bernard-Henri Levy, André Glucksmann, Alain Finkielkraut et Pascal Bruckner.
Plus précisément c’est une « critique philosophique, rigoureuse et systématique, conceptuelle et non pas "ad hominem", de l’œuvre tout autant que de la pensée de ce que l’on a appelé la "nouvelle philosophie". J’y attaque aussi leur action politique : leur engagement et leur alignement notamment - ce qui s’avère pour le moins paradoxal de la part d’anciens "maoïstes" ou "trotskystes" - sur la politique américaine (George W. Bush en Irak ou en Afghanistan) et/ou sarkozyste. J’y épingle aussi l’engagement de BHL en Bosnie, au Kosovo, en Tchétchénie, en Géorgie, etc. »
Daniel Salvatore Schiffer crie à la censure.
Le livre qui aurait dû paraître chez Mille et Une Nuits, filiale de Fayard, vient d’être déprogrammé, alors même que le livre figurait sur le programme éditorial papier de février 2010 de Fayard et était annoncé sur divers sites (
Fnac,
Amazon, Evene...).
Cette déprogrammation aurait pu passer inaperçue, mais les choses avaient été faites dans les règles : non seulement le contrat avait été signé avec l’auteur de longue date, mais l’ouvrage était quasiment sous presse,
le communiqué de presse de Fayard était même prêt.
Que s’est-il passé ?
Le 23 mars 2009, Daniel Salvatore Schiffer signe un contrat d’édition avec Claude Durand, patron des éditions Fayard. Le manuscrit est remis en novembre. Mais entre temps le patron des éditions Fayard a changé et s’appelle désormais Olivier Nora, grand
ami de Bernard-Henri Lévy. Lien de cause à effet ?
Pour le philosophe Daniel Salvatore Schiffer il n’y a aucun doute :
« Le nouveau PDG de ce groupe, Olivier Nora, déjà PDG des éditions Grasset, et lui-même très proche de Bernard-Henri Lévy (récemment nommé "conseiller" à la présidence de ce groupe), cible principale de ma "Critique de la déraison pure" précisément, à déprogrammé ce livre, in extremis, après avoir demandé à le lire personnellement. Pis : il refuse toute éventuelle modification, ou suggestion, pour en atténuer les charges les plus dures et frontales. Car j’étais près, sur base d’un échange courtois et civil, de critiques sensées et justifiées, à un compromis en la matière, quitte à retarder, à l’automne prochain par exemple, la parution de ce livre. Olivier Nora a cependant refusé cette idée même, jugeant mon manuscrit "irrécupérable" ! »
Daniel Salvatore Schiffer reçoit alors une lettre recommandée le libérant de ses droits éditoriaux avec Fayard.
Pourquoi un tel revirement de situation ?
Conflits d’intérêts ? Protection d’auteurs maisons ou d’amis ? Hasard du calendrier ? Février 2010, date à laquelle aurait dû paraître la critique de Daniel Salvatore Schiffer, Bernard-Henri Lévy va publier deux nouveaux ouvrages chez Grasset : « De la guerre en philosophie » et « Pièces d’identité ».
Dans cette affaire, tout laisse à penser qu’un grain de sable a été introduit dans la machinerie.
Une polémique sans importance diront certains ? Polémique qui fait la Une en Belgique (
l’article de la RTBF /
Le Soir) et qui soulève une question de poids : comment est vue l’intelligentsia française de l’étranger ? Pour Daniel Salvatore Schiffer la réponse ne se fait pas attendre : «
Mon livre, si on le dépouille de ses attaques les plus virulentes, est la première critique philosophique, rationnelle et conceptuelle, systématique, de l’œuvre comme de la pensée, mais aussi de l’action politique (l’engagement) des "nouveaux philosophes". Il ne reste rien, à le lire, de la pensée d’un BHL (ni, d’ailleurs, d’un Glucksmann). Leur interprétation de philosophes aussi importants, au sein de la pensée occidentale, que Kant ou Hegel, Levinas ou Sartre, est plus qu’approximative, sinon fausse, tout simplement. Ma critique fait qu’ils ne devraient d’ailleurs pas - je pense - s’en relever de si tôt ! Je pense donc mon livre, quelles que soient les critiques que l’on pourrait peut-être lui adresser sur le plan formel (que j’étais prêt, donc, à retravailler le cas échéant), en tout point fondé quant à son contenu, sérieux et rigoureux quant aux thématiques abordées, qui méritait assurément un autre sort que celui que Fayard vient de lui réserver. Et ce sans explication satisfaisante intellectuellement, ni crédible éditorialement. »
Daniel Salvatore Schiffer ne se laisse pas abattre : « d’autres éditeurs sont intéressés ». Le livre va finir par voir le jour.
Une question en suspens : Pourquoi Olivier Nora n’a-t-il pas essayé de faire un coup double en publiant BHL d’un côté et Daniel Salvatore Schiffer de l’autre : cela n’aurait-il pas été une belle polémique lucrative pour ses maisons d’éditions ? L’argent ne semble pas ici être au centre du débat.
Faut-il penser alors que le texte de Daniel Salvatore Schiffer est véritablement dangereux pour la "nouvelle philosophie" dont fait partie BHL ? Faut-il penser que ses critiques sur le fond visent juste ?
Attendons de le lire pour juger.
Olivier Bailly : Pouvez -nous dire deux mots de votre livre ?
Daniel Salvatore Schiffer : Le titre, Critique de la déraison pure, et son sous-titre, D’une certaine philosophie française et de ses errances idéologiques. Je parle bien d’une certaine philosophie française, c’est-à-dire celle des nouveaux philosophes et des intellectuels médiatiques d’aujourd’hui. J’y mets bien sûr au premier chef
Bernard-Henri Lévy, mais aussi André
Glucksmann, Alain
Finkielkraut, Pascal
Brukner, ce que j’appelle ironiquement le carré d’as.
OB : Vous reprenez notamment la critique de François Aubral et Xavier Delcourt(Contre la nouvelle philosophie)
DSS : Bien sûr, mais pas seulement. Je reprends aussi, et peut-être surtout, Dominique
Lecourt (Les piètres penseurs, Flammarion), Une imposture française (cf.
Les éditocrates : les éditorialistes qui font la pensée unique) de Nicolas Beau et Olivier Toscer, la très sévère critique de Jade Lingdard et Xavier Delaporte (le B A BA du BHL à
La Découverte), mais aussi Chers imposteurs de Jean
Bothorel ou encore Le bluff
éthique de Frédéric Schiffter et Un nouveau théologien de Daniel
Bensaïd.
Donc ce livre que j’ai écrit, Critique de la déraison pure, j’applique le titre du livre majeur d’Emmanuel Kant,
Critique de la raison pure (1781), parce que je suis kantien, je l’applique aux nouveaux philosophes.
OB : Qu’est-ce que votre ouvrage apporte de plus ?
DSS : Mon livre est une véritable démonstration philosophique des dérives, des impostures, des manipulations et des erreurs proprement philosophiques de Bernard-Henri Lévy et des nouveaux philosophes en général. J’ai essayé de dépasser le simple pamphlet. Ça a déjà été fait.
Je n’allais pas en remettre une couche. Ce sont des livres par ailleurs excellents. Ce que j’ai essayé de faire, et c’est une première, c’est une vraie critique philosophique, rigoureuse, conceptuelle, systématique de l’oeuvre et de la pensée des nouveaux philosophes depuis leurs débuts jusqu’à aujourd’hui. C’est-à-dire depuis La Barbarie à visage humain de BHL, les Maîtres penseurs de Glucksmann jusqu’à aujourd’hui.
OB : Dans ce carré d’as, comme vous disiez, quelle place tient BHL ?
DSS : 60 % du livre. 60% consacrés à ses dérives et à ses erreurs. Ce livre, tout le monde l’attend. Je l’ai donné à lire à des philosophes de premier plan. Elisabeth
Roudinesco, Yves-Charles
Zarka, professeur de philosophie à la Sorbonne et un autre philosophe dont je ne peux pas citer le nom parce qu’il est très lié à Grasset...
OB : … un philosophe très connu qui publie chez Grasset ? Pierre Assouline le cite dans son article...
DSS : ... je sais mais la personne en question m’a demandé à ne pas être mêlé à cette histoire. C’est mon ami et je ne veux pas le trahir. J’ai reçu également samedi un coup de fil de Patrick
Besson. Je suis soutenu par des philosophes et des intellectuels de tout premier plan qui me disent il faut en finir avec cette imposture de Bernard-Henri Lévy.
OB : Êtes-vous soutenu par Botul et ses amis ?
DSS : Frédéric Pagès est parfaitement au courant. Ainsi qu’Aude Lancelin. Il y aura demain dans Siné Hebdo un entretien de Frédéric Pagès avec moi. Par parenthèses ce qu’a dit BHL sur Aude Lancelin chez
Ruquier samedi est une infamie. Aude Lancelin m’avait parlé de Frédéric Pagès qui se cachait derrière Frédéric Botul depuis au moins deux, trois mois de cela.
Elle a lu les épreuves de De la guerre en BHL, comme moi d’ailleurs car je suis aussi critique littéraire au Luxembourg et en Belgique, et nous savions la chose. Quand BHL dit que celle qui a organisé le débat entre Slavoj
Žižek et lui n’était pas au courant, il ment. Je confirme les propos d’Aude Lancelin lorsqu’elle dit que BHL est malveillant chez Ruquier.
Je soutiens officiellement et solennellement les propos d’Aude Lancelin. Ça fait longtemps qu’elle et moi parlons de BHL et de ses impostures et c’est elle-même qui m’a dit que Pagès était derrière Botul.
OB : Avez-vous rencontré BHL pour ce livre
DSS : Non, je ne l’ai pas rencontré
OB : Ce livre, vous en parlez à Claude Durand...
DSS : Nous en avions discuté Claude Durand, qui était à l’époque le patron de Fayard, et moi. Un contrat a été signé le 26 mars 2009 alors que Claude Durand était encore PDG de Fayard. Ensuite il a été démis de ses fonctions le 8 avril 2009, c’est-à-dire 8 jour après. Et j’ai écrit ce livre en pensant que Claude Durand était le PDG de Fayard. Ce dernier est un anti-BHL, c’est quelqu’un qui critique le système médiatique mis en place par BHL et ses amis en France.
OB : Donc il y a une rupture de contrat
DSS : C’est une rupture de contrat inaltérable de la part de l’éditeur
OB : Pour quelle raison ?
DSS : Je ne sais pas pour quelle raison !
OB : Personne ne vous l’a dit ?
DSS : Ce que j’ai écrit c’est le livre qu’on attendait sur BHL et la nouvelle philosophie. Ce livre est trop dur, c’est une critique en règle de la nouvelle philosophie, il y a des phrases très dures, des saillies très fortes contre BHL, mais qui ne remettent en rien la pertinence de la démonstration philosophique.
OB : Pensez-vous que l’amitié que se portent mutuellement Olivier Nora et BHL aurait pu jouer en défaveur de votre livre ?
DSS : Cela ne fait aucun doute. Je ne dis pas que BHL a directement fait annuler ce livre. Ce n’est pas le problème, ce n’est pas lui, mais c’est le système mis en place par lui. Ce sont ses amitiés, ses connivences, les collusions. Faire publier un papier sur mon livre dans Libé, l’Express ou le Point est pratiquement impossible.
C’est pareil chez Grasset ou chez Fayard. Claude Durand qui est un éditeur libre m’avait demandé un livre, il se trouve qu’entre-temps est arrivé Olivier Nora, le nouveau PDG de Fayard, PDG de Grasset qui publie BHL... Olivier Nora a fait nommer BHL conseiller à la présidence de Grasset, c’est dans la logique des choses qu’Olivier Nora ne prenne pas ce livre.
Quand mes amis ont su qu’Olivier Nora arrivait à la tête de Fayard, ils m’ont prévenu : « ton livre ne sortira jamais ». Parce que ça ne sera plus dans la nouvelle ligne de cette nouvelle maison d’édition. Maintenant Olivier Nora et Sandrine Pallusière, la patronne de 1001 nuits peuvent employer les arguments qu’ils veulent, dire que ce livre n’est pas bon, etc., mais entendez-moi bien, ce n’est pas livre refusé, c’est un livre déprogrammé. La couverture existe. Sandrine Pallusière en a écrit le texte de la quatrième sur la base de ce qu’elle avait lu.
C’est elle qui l’a présenté lors d’une conférence aux représentants et aux libraires de France et aux attachés de presse à l’étranger. Il était annoncé pour le 3 février. Une semaine avant la sortie des deux livres de BHL. Donc ce livre a été déprogrammé, annulé pour laisser place aux deux livres de BHL, pour ne pas que ça lui fasse de l’ombre, et puis surtout parce que c’est un livre à charge contre lui.
OB : En quoi votre affaire est-elle plus importante que l’affaire Botul ?
DSS : Parce que l’affaire Botul ridiculise BHL définitivement en prouvant que ce n’est pas un vrai philosophe. La France a enfin compris ce que tout le monde a compris à l’étranger ou moi aussi que BHL n’a aucune crédibilité dans les instances philosophiques universitaires académiques qui comptent partout dans le monde. BHL n’a de crédibilité qu’en France.
La France dit « BHL, notre philosophe le plus important, le plus célèbre, c’est ce qu’a dit Ruquier pour le présenter dans son émission samedi dernier. Ce qui est consternant c’est que la France ne parle plus que de BHL alors qu’à l’étranger c’est quelqu’un qui n’a aucun crédit, qu’on ne lit même pas. Et donc ce qui m’intéresse ce n’est pas BHL en tant que tel, mais le mal qu’il fait à la philosophie et, singulièrement, à la philosophie française.
Parce qu’il occupe tellement singulièrement l’espace médiatique que quand vous allez à l’étranger, en Italie par exemple (je suis moi-même italien, j’ai travaillé en Italie), en Belgique, aux Etats-Unis et que vous dites « philosophe en France » on vous répond « Bernard-Henri Lévy ». On oublie qu’en France il y a d’abord eu Gilles
Deleuze qui, par ailleurs, a dit pis que prendre de BHL, il y a eu Jean-François
Lyotard, dans Instructions païennes, il y a eu Raymond
Aron, dans ses Mémoires, Marcel
Gauchet, dans La Condition historique, Pierre
Vidal-Naquet, Régis
Debray...
Tous les philosophes sérieux, dignes de ce nom, ne prennent plus depuis longtemps BHL en considération. Il n’y a encore que les médias qui ne lui donnent que du crédit en France. Le système est complètement brûlé. Mon affaire est bien plus grave parce que c’est une atteinte à la liberté d’expression et à la liberté de parole et d’écriture.
C’est un système totalitaire, complètement verrouillé, et je suis obligé pour me faire entendre et faire entendre la voix de ce livre de passer par des médias périphériques et sur Internet comme Agoravox, Rue 89, Médiapart, parce que les grands journaux n’en disent pas un mot. En Belgique il est annoncé dans les principaux titres du journal télévisé de la première chaîne de la RTBF, à 19h30. Il fait une page entière dans le plus grand quotidien belge, Le Soir, ça fait un énorme bruit en Belgique, ça va commencer au Luxembourg et en France pas une ligne.
Ce système c’est le système intello-médiatique que je remets en cause, derrière BHL. C’est en cela que c’est une affaire plus grave. C’est un système totalitaire post-stalinien. Ce n’est pas possible que pour se faire entendre il faille passer par Internet. C’est exactement comme ce qui se passe dans les pays de l’est.
OB : Est-ce que cela vous cela démontre qu’Internet est en train de prendre le pas sur ce système médiatique que vous dénoncez ?
DSS : Cela prouve absolument qu’Internet est beaucoup plus libre et beaucoup plus crédible que la grande presse traditionnelle qui a pignon sur rue. Bien sûr.
OB : Le premier a en avoir parlé en France c’est Assouline, un bloggueur, donc
DSS : Oui. A l’Express Christophe Barbier verrouille. Au Point c’est Lagardère, c’est donc le même groupe que Grasset, et BHL y publie son bloc-note hebdomadaire. Chez Marianne Maurice Szafran, le patron, le protège. Chez Paris Match (Lagardère), il a eu deux, trois pages. A Libération, il est actionnaire et membre du comité de surveillance. Au Figaro il a fait une grande conférence à la Madeleine il n’y a pas longtemps, son ami Glucksmann y est éditorialiste. Au Monde c’est mitigé.
C’est difficile de percer la carapace médiatique des grands journaux français. Donc on ne peut passer que par Internet. La seule vérité pour le moment est sur Internet. Il y a les pires dérives, je les stigmatise aussi, mais c’est aussi le seul espace de liberté.
OB : Votre affaire me fait penser à l’affaire Serge Portelli. Michalon, l’éditeur de ce magistrat, lui avait refusé un de ces livres. Il l’a publié sur Internet. Que comptez-vous faire du votre ?
DSS : Je ne le ferai pas, mais je pourrais le faire. Je suis sûr que des éditeurs vont se présenter, l’affaire est tellement grosse. Mais mon livre n’a pas été refusé. Il a été accepté. Mon livre a été annulé avec rupture de contrat et la personne qui a rompu le contrat n’est pas la même que celle qui me l’a signé.
J’avais proposé qu’on le déprogramme et qu’on le fasse paraître à la rentrée, vers septembre ou octobre, après que BHL ait fait paraître ses deux livres. Non, c’est une annulation d’un contrat. De là à parler de censure il n’y a qu’un pas.
OB : C’est une affaire politique, selon vous ?
DSS : Il y a des dessous politiques. C’est une affaire idéologico-politique. Parce que c’est vrai que mon livre a des saillies et qu’il est dur, mais il y a surtout une critique très forte des positions politiques, philosophiques et idéologiques de BHL et de ses amis nouveaux philosophes et c’est ça qui dérange.
Si ça n’avait été qu’un pamphlet il aurait été publié, si ça n’avait été qu’un livre de philosophie il n’aurait intéressé personne parce que BHL et les nouveaux philosophes n’intéressent pas les vrais philosophes, donc ce que j’ai fait c’est écrire un livre à mi chemin entre le pamphlet et l’essai. Mais c’est d’abord un essai avec une démonstration implacable.
OB : Quand Aude Lancelin a révélé l’affaire Botul, il a pris ça à la rigolade. Est-ce que vous pensez qu’il prendra la votre de la même façon ?
DSS : ça sera difficile. En plus il n’a pas lu manifestement le livre de Botul qui est une grosse farce. Ça prouve que BHL s’enfonce. La vie sexuelle de Kant c’est Tintin au Congo, c’est Tintin chez les soviets. C’est un canular. Un double canular non seulement parce que son auteur est un auteur fictif, mais parce que son contenu même n’est pas un livre de philosophie, c’est une grosse blague.
Dernière chose : Olivier Nora, au lieu de vouloir lire mon livre chez Fayard pour ensuite l’annuler, il aurait mieux fait, en tant qu’éditeur de Grasset, de lire celui de BHL. Il se serait rendu compte que son auteur commet une bourde énorme en citant un auteur fictif. Le vrai travail d’Olivier Nora, si ça avait été un vrai éditeur, c’était lire non pas mon livre, mais celui de BHL et de lui dire « là mon cher ami Lévy, vous vous trompez, Botul n’existe pas ».
Deuxième chose : le livre de Botul est publié aux éditions 1001 nuits, comme celui de Botul. Kant, d’une certaine manière, me venge.
Enfin troisième chose, la plus grave peut-être, c’est qu’Olivier Nora ne connaît même pas son fonds, puisque c’est le nouveau patron de Fayard et il ne sait même que ce livre de Botul est publié chez 1001 nuits, donc chez Fayard. Vous comprenez l’absurdité de l’histoire. Ces gens-là sont des incompétents. Quel que soit l’argument qu’Olivier Nora emploie, il est en porte-à-faux. Il a tort.