Une femme fatale nommée Royal
Cette campagne a vu l’émergence de couples en politique. Le premier qui n’est pas franchement nouveau, politique et média. Le second plus singulier est la place des couples au sens conjugal qui ont leur influence dans la chose publique.

Entre ententes convenues et différents conjugaux, la campagne électorale a pris une tournure singulière. C’est l’un des thèmes abordés par un ouvrage sorti cette semaine : "La Femme fatale" écrit par deux reporters du Monde que sont Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin chez Albin Michel. L’une des thèses évoquées, commercialement féconde, est la déception conjugale de l’ancienne candidate socialiste qui l’a conduite à vouloir se présenter à la magistrature suprême.
Différent conjugal qui se retrouve donc étalé de manière explicite sur la place publique. Outre le caractère privé de l’information et le fait que cette information ne sorte que maintenant, cela pose la question de la place du journaliste face à un politique dont la vie privée n’a de privé que le nom. En soit, les problèmes conjugaux de tel ou tel couple n’ont que peu d’importance tant ils sont courants chez nombre de nos concitoyens. Mais quelle importance donner à une information qui a des répercussions dans la vie publique et plus précisément dans l’élection présidentielle ? Cette potentielle déception conjugale qui aurait, par voie de conséquence, amené la présidente de la région Poitou-Charentes à se porter candidate et à constituer une organisation parallèle au Parti socialiste. Une organisation bicéphale qui au final a peut-être signé l’échec de son élection et du parti qu’elle a engagé derrière elle. L’information est alors importante, capitale sans doute, et éclairante sur l’un des éléments de la défaite de la gauche.
Pourquoi maintenant ? Un effet d’aubaine ? En réalité, il ne semble pas y avoir d’effet d’aubaine tout simplement par ce que ces deux journalistes avaient signé un contrat avec leur éditeur pour un livre à sortir au lendemain de l’élection présidentielle.
Initialement intitulé "Histoire secrète d’une élection", la publication des "bonnes feuilles" dans le Nouvel Obs, ont eu un effet commercial incontestable. Le second effet étant la menace d’une plainte du couple Hollande/Royal, que les deux journalistes n’ont à cette heure-ci toujours pas reçue.
Cet ouvrage est donc paru, qu’en aurait-il été si madame Royal était sortie vainqueur de cette élection ? Nul ne le sait et ne le saura. En revanche, on peut s’interroger sur la potentialité de voir paraître un tel ouvrage sur le nouveau président de la République, on se souvient qu’un ouvrage sur le couple Nicolas et Cécilia Sarkozy s’était trouvé envoyé au pilon.
La parution de ces ouvrages montre au moins deux choses : la vie politique française est en train d’évoluer et le rôle du journaliste se trouve lui aussi contraint à une évolution mais dans un genre jusque-là peu exploité par les reporters de presse, et encore moins d’un journal dit "de référence".
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