Une organisation européenne contre la taxe copie privée
Selon les industriels qui vendent les supports de stockage et les lecteurs MP3 taxés, la taxe pour copie privée est un frein à la consommation. Ils ont donc formé la Copyright Levies Reform Alliance (CLRA), qui réunit la Business Software Alliance (BSA), l’European American Business Council (EABC), l’European Digital Media Association (EDiMA), l’European Information and Communications Technology and Consumer Electronics Association (EICTA), et la Recording-media Industry Association of Europe (RIAE). Cette coalition d’acronymes s’est donné pour objectif de faire pression sur les parlements européens pour "réformer la taxe sur la copie privée", et donner ainsi le change au lobby des industries culturelles.
La CLRA a étudié l’évolution de la taxe dans neuf pays européens : Autriche, Belgique, Finlande, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, et Suède. Elle estime que le montant des chèques signés par ses membres, et indirectement par les consommateurs, a triplé entre 2001 et aujourd’hui. Il serait passé de 545 millions d’euros en 2001 à 1,57 milliard estimés pour 2006, et la somme pourrait monter jusqu’à 2,12 milliards en 2009. La coalition dénonce un double paiement, entre le paiement du téléchargement sur iTunes et le paiement de la taxe pour graver le morceau acheté sur un CD vierge ou pour le transférer sur un iPod. Le discours est connu, mais fait écho aux dispositions de la directive européenne sur le droit d’auteur, qui prévoit d’établir le montant de la rémunération en fonction de l’impact des DRM sur les pratiques de copie privée.
Faut-il supprimer la taxe, ou supprimer les DRM ?
"Les taxes sur la copie privée sont fondamentalement injustes, aveugles et non transparentes pour les consommateurs, et elles vont contre les efforts de l’Union européenne de rendre la société de l’information plus accessible", regrette Mark MacGann, porte-parole de la CLRA et et directeur général de l’EICTA. Il demande aux autres Etats de l’Union de prendre exemple sur le Royaume-Uni, l’Irlande, le Luxembourg, Chypre et Malte, qui n’ont pas instauré de taxe pour la copie privée dans leur système législatif.
Au premier abord, l’initiative devrait séduire les consommateurs européens qui voient la taxe comme une profonde injustice, et qui de toutes façons n’aiment jamais être taxés. Mais il faut l’analyser comme une ode aux DRM, qui retireraient toute nécessité d’un système de compensation et de gestion collective, au profit d’une gestion purement personnalisée du droit d’auteur. "Un progrès pour l’humanité", disait Christian Vanneste à l’Assemblée nationale. Or préserver la rémunération pour copie privée, c’est aussi et surtout préserver l’idée que les consommateurs ont le droit de faire ce qu’ils veulent des oeuvres qu’ils achètent, et que les auteurs reçoivent une compensation indirecte à travers les supports d’enregistrement et de stockage.
Enfin, il faut ajouter que 25% des sommes collectées au titre de la copie privée sont réservées aux fonds d’aide à la création et au spectacle vivant.
Supprimer la taxe sur la copie privée est une idée qui, derrière ses apparences libérales, cache en réalité une profonde idéologie de contrôle des libertés individuelles.
Il faudra néanmoins choisir entre DRM et taxe pour copie privée, les deux étant absolument incompatibles dans un système judiciaire qui fait du téléchargement non autorisé une contravention.
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