Vers une console de jeux unique ?
Un support commun initierait un cercle vertueux dans l’industrie du jeu.
N’est-il pas temps de déclarer l’armistice, de mettre fin à la guerre des consoles ? A qui profite le conflit entre les majors de l’industrie vidéoludique ? Aux joueurs ? Certes non. Aux développeurs ? Leur tâche créative n’en est que plus complexe. Aux majors elles-mêmes ? Les investissements sont si lourds qu’on peut en douter.
C’est pourquoi David Jaffe, le créateur de God of War, prophétise l’avènement d’une console unique. « Dans dix ans, il n’y aura plus qu’une seule console », lance-t-il, laconique.
M. Jaffe ne fait que reprendre à son compte le projet avorté de la 3DO de Panasonic. Mais l’idée d’un monopole sur les consoles ne comporte-t-elle pas plus d’inconvénients que d’avantages ? La diversité de la production vidéoludique n’est-elle pas menacée ?
Il faut avant tout distinguer le hardware et le software, le logiciel et son support. Avoir un seul support vidéoludique ne signifie pas abolir la richesse de la création. Dans un domaine voisin, la suprématie du format vidéo VHS, sur la Betamax de Sony, n’a pas mis à l’explosion de l’offre de cassettes vidéo.
D’une manière générale, des constructeurs aux joueurs, tous pourraient trouver leur compte. Les constructeurs, en mutualisant leurs efforts, disposeraient des meilleurs moyens pour satisfaire la demande, aux dépens du marché informatique. Ruptures de stocks et ventes en flux tendu sont le lot de joueurs frustrés de ne pouvoir acquérir leur nouvelle console favorite. Il faut y voir le symptôme du poids exponteniel des investissements dans de nouvelles consoles et des effets pervers de la concurrence, qui poussent les « consoliers » à tout miser sur un seul produit.
Harassés par l’adversaire commercial, les constructeurs sont pris dans une fuite en avant qui les pousse à renouveler leur parc tous les cinq ans. Les consoles ne sont dès lors que très rarement employées à leur pleine capacité.
S’il existe un support unique, les développeurs seront contraints à l’innovation. Ils ne pourront plus, dès lors, s’affranchir d’une licence pour produire sur telle ou telle console. Outre les coûts prohibitifs d’exclusivité, en maîtrisant mieux le format, les forces créatrices de l’entreprise ne se dispersent pas en autant de supports.
Mais surtout, les développeurs ne pourront plus procéder aux portages de leurs titres, qui asphyxient la création vidéoludique. Ces portages intiment une harmonisation de l’offre par le bas, puisqu’un jeu doit pouvoir fonctionner sur la console la moins puissante. Or, une fois atteint un seuil de graphismes et d’animations satisfaisant, c’est seulement en matière de gameplay, qu’une innovation serait possible. Il est donc temps que par volontarisme, ou par la force des choses, la console devienne un authentique support.
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