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Vidocq, nouvelle mouture ! TF1, lundi 3 mai

Cette nouvelle version de Vidocq ne m’a choqué en rien sinon en l’essentiel !

Je voudrais par cette « tirade » d’une part tirer mon chapeau aux comédiens et au réalisateur de cette nouvelle version de Vidocq et, d’autre part, remercier le scénariste ainsi que l’équipe qui a dû contrôler le scénario de ne m’avoir choqué en rien sinon en l’essentiel.

Pour les comédiens, avec Bruno Madinier le rôle titre « tient la route », s’il m’a rappelé par quelques traits ce cher Bernard Noël qui a créé le rôle pour la télévision, il me l’a fait oublier presque aussitôt et je l’en félicite, car j’étais un jeune adepte de Vidocq tant avec Noël qu’avec ensuite Claude Brasseur et la merveilleuse Danièle Lebrun à qui je dois mon amour pour Marivaux. Pour en finir avec l’ancienne version permettez moi de citer Marc Dudicourt, acteur passionnant qui campait un inspecteur Flambard marionnettiste de brio des ressorts comiques de l’aventure. Cette fois, la jeune Gabrielle Atger m’a ému, Julie Debazac m’a conquis, Eric Godon et son personnage m’ont impressionné, Gérald Laroche campe un corse qu’il a su ne pas caricaturer et j’attends les autres épisodes pour laisser plus de place à Tony Gaultier et Arthur Jugnot, que l’histoire étoffe un peu leur personnages. Quant à Bruno Lochet, le voir en inventeur de génie m’a prouvé une fois encore qu’il était un bon acteur.

Ce n’est pas insulte mais compliment ici, et je sais qu’ils le prendront pour tel, de dire que ces comédiens ont des « gueules » et pour que les comédiens aient des « gueules », il faut que celui qui les filme leur en donne, c’est donc chose faite et j’apprécie le travail d’Alain Choquart dans ce premier épisode.

Car du talent il faut en avoir pour réussir à rendre intéressante une histoire aussi malmenée par ceux qui l’ont écrite, je dis « ceux » car je ne peux croire une seule personne responsable d’un tel monceau de platitudes.

Cher scénariste, Hervé Korian, je vous imagine facilement vous arrachant les cheveux à chaque fois qu’un « comité de lecture » chargé de donner l’aval à votre histoire en a amputé, membre à membre, l’essentiel, c’est-à-dire le corps, le soutient. Car pour raconter l’histoire de Vidocq vous avez dû bondir de plaisir en imaginant l’irrévérence du personnage, vous lécher les babines à l’idée de décrire un siècle qui a vu nommer un ancien forçat au poste de directeur de la sûreté au milieu d’un bouleversement en marche, affûter vos canines en imaginant faire un héros d’une ordure patentée qui maîtrisait en plus l’art du déguisement, quel merveille pour un raconteur d’histoire. Car que Vidocq fut un sale type, j’en doute peu, qu’il eût un charisme démesuré je n’en doute pas non plus. Qu’il fut capable des coups les plus retors pour parvenir à ses fins et principalement comme chef de la sûreté en cette époque si décisive à l’histoire de France, il est difficile d’en douter encore.

Alors ? Que s’est-il passé pour que tout ceci disparaisse dans l’épisode qu’on nous a montré le 3 mai ? Qui a eu l’idée imbécile de remplacer tout ce que Vidocq aurait pu faire (le personnage et sans doute l’homme véritable) par son insignifiante rencontre avec une bonne sœur qu’il va dévoyer par amour ? Par amour ! Non mais je rêve, j’en tapote mes touches de clavier avec humeur ! Et je ne vous parle pas du rôle de la tueuse, baronne ou comtesse, pourquoi l’emprunter à l’ancienne version pour la réduire à une logorrhée psychopathe dans un confessionnal ?

Qui, Hervé Korian, est responsable de la castration du scénario original que vous avez dû écrire ? QUI ? Qui sont ceux qui, par leur coupe franche dans une histoire que j’imagine aventureuse à souhait, vous font passer pour un guignol dénué du moindre soupçon de tripaille, pour rester dans le ton du Vidocq qu’on imagine ?

Oh, allez ! Je vous plains, je sais que de nos jours les auteurs sont soumis à ces affreux comités de lecture, particulièrement à la télévision. Composé d’avocats pour une part et de bons et loyaux élèves d’autre part, sans doute d’anciens d’une grande et quelconque école de commerce où l’on apprend le formatage de tout par le rien.

Je sais les discours que vous leur avez tenu pour défendre votre idée première quand, vous appuyant sur un personnage attachant, vous pouviez crier ces choses qui mille fois se sont dites mais pas encore assez à votre goût, ces choses qui gênent et dérangent, qui crispent et énervent et qui font tant de bien à celui qui les dit et à celui qui les entend, comme l’orgasme d’une mégère à un curé de campagne.

Les comités de lecture… savants et sages qui transmettent sans frémir ce que l’On dit sur la ménagère et ses enfants, son mari et son amant. La sagesse au pinacle engendre peu d’exaltation et ne laisse l’homme de l’art que « comme un mendiant devant une porte qui jamais ne s’ouvrira pour le laisser passer », Pirandello m’accordera cet emprunt.

Et je vous ai vu en imagination mendier un peu de risque, un gramme d’irrévérence, un soupçon de gêne, une poussière d’impertinence. S’il vous avait écouté, Monsieur Korian, si vous êtes celui que j’imagine, avec l’équipe qui était au rendez-vous du tournage, alors les scores d’audience aurait été pulvérisés au lieu d’être seulement satisfaisants, mais bon, les sourds ont des raisons qui mènent à l’impuissance et vous en fîtes les frais. Désolé pour vous et pour moi qui salivait enfin devant mon petit écran.

Sachez toutefois que dans vos combats futurs pour vous faire enfin entendre de cette désolation qu’engendre le résultat pour le résultat comme le profit pour le profit, vous me trouverez toujours à vos côtés en soutien loyal car exigeant.

Bien à vous !

Vidocq : Le Masque et la plume. Réalisation Alain Choquart, Scénario Hervé Korian, Distribution : Bruno Madinier (Vidocq), Gérald Laroche (Le corse), Frédéric Van Des Driessche (Georges Ségur), Gabrielle Atger (Soeur Louise), Bruno Lochet (Larousse), Julie Debazac (Dolorès), Tony Gaultier (La Colère), Arthur Jugnot (Marcelin), Mathilde Lebrequier (La plume), Eric Godon (L’ambassadeur de Valachie).


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2 réactions à cet article    


  • Micromégas 11 mai 2010 11:20

    Ce film m’a moi aussi déçue et ennuyée et cette histoire de Vidocq amoureux d’une religieuse complètement ridicule. La version avec Brasseur était d’une autre trempe !


    • worf worf 11 mai 2010 11:38

      j’ai commencé à le regarder mais je me suis vite ennuyé. Quelle platitude ! Je ne sais si cela vient de la réalisation, du scéna ou autre mais je n’est pas retrouvé l’impertinence, le truculent.
      Quelle changement avec l’époque où a été tourné la version avec claude brasseur !

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