Web 2.0 : le peer-to-peer de l’information
Parmi toutes les comparaisons et toutes les définitions à propos du Web 2.0, il y en a une qui pourrait le caractériser particulièrement bien, c’est celle de peer-to-peer de l’information. Les conséquences de cette nouvelle distribution de la connaissance pourraient être fatales aux marques médias actuelles, et favoriser l’émergence de nouveaux entrants. Dans ce cas, quelles seront les sources d’information dans cinq ans ?
Jusqu’à maintenant Internet était considéré comme un quatrième média, complémentaire à la presse, à la radio et à la télé.
Les seuls qui voyaient le Net comme un danger pour leurs activités
étaient les maisons de disque, les studios de cinéma et, dans une
moindre mesure, les éditeurs de jeux vidéo.
Souffrants du P2P, ils regardent d’un mauvais oeil tous ces internautes
s’échanger leurs produits via des services gratuits. Ce non-engouement
pour le Net leur a valu de nombreuses critiques dans les médias, jusqu’à la période actuelle, qui définit le 2.0. Car le
P2P, cette notion d’émetteur / récepteur sans génération de valeur pour
l’intermédiaire, s’étend désormais très largement au-delà des biens
culturels et touche, notamment, l’information. Ceux qui,
véhéments, attaquaient les maisons de disque en les accusant de ne pas
être au goût du jour se retrouvent privés de leur matière première via
des sites qui utilisent l’information créée par les internautes. A ce
titre Agoravox est intéressant parce que non seulement le site récupère l’information, mais aussi les journalistes,
qui représentent une large part des contributeurs. Certes, pour le
moment, ils ne sont pas rémunérés, mais ils s’émancipent des médias
traditionnels pour disposer d’une tribune. A noter que le fait d’être
bénévole n’est pas forcément un drame pour eux qui sont de toute façon
mal rémunérés par les journaux traditionnels. La précarité des
journalistes n’est pas le débat ici, mais elle contribue fortement à
les pousser à essayer de diffuser, par tous les moyens, leurs productions.
Une redistribution du temps passé à lire, à regarder ou à écouter
Aujourd’hui, la presse, la radio et la télé voient une érosion de leur part de marché en termes de temps passé. Ce temps passé est récupéré par YouTube, MySpace, les blogs et tous les autres petits sites qui sont ultra-chronophages. Or l’économie des médias est divisée en deux : les émissions d’information, trop chères à produire, et les émissions de divertissement, qui rapportent beaucoup d’argent. Les titres de la presse quotidienne (sur)vivent grâce à leurs suppléments week-end, tandis que les journaux télévisés subsistent grâce aux émissions de divertissement dont les bénéfices sont redistribués. Le 20 heures est encore largement regardé, mais si les émissions qui le financent perdent de l’audience, elles finiront par perdre de la pub : le 20 heures n’aura plus de ressources.
La notion de pré-média
Il y a quelques mois, je qualifiais les blogs et tout site au contenu créé par les utilisateurs de pré-média.
L’idée est de considérer ces sites comme des sources d’informations
intéressantes pour des points de vue et des interprétations, mais en
aucun cas comme des sites relatant des faits d’actualité.
Il n’y a évidemment pas de règle universelle, et des blogs comme techcrunch ou accessoweb
sont plus proches du média que du site perso, bien qu’ils soient alimentés
par des non-journalistes. Mais nous touchons à une actualité très
particulière et de niche : le Net. Chaque support média a son site,
émission ou journal parlant de son secteur. Il est évident que
l’actualité d’Internet, seuls des sites Web pouvaient la suivre.
Mais ce qui fonctionne pour le thème Internet fonctionnera-t-il pour celui de l’actualité ? Pas sûr, notamment lorsqu’on lit AgoraVox qui est composé plus d’articles d’interprétations que de présentations de faits.
La fin des marques médias actuelles ?
A cela s’ajoute le cycle de vie d’une marque média. Les principaux journaux qui existent aujourd’hui (titres de la presse quotidienne nationale, journaux télévisés, radio) ont pour beaucoup été créés dans les vingt années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Ils appartiennent à deux générations qui les ont vu apparaître, les ont achetés, les ont soutenus. Ces générations ne se retrouvent pas sur Internet, ou en tout cas considèrent l’information diffusée en dehors de ces marques comme peu fiable. Au même titre, la génération des 15-25 ans ne se retrouve plus dans les médias que lisent leurs parents et grands-parents. Les médias actuels sont-ils condamnés à vieillir avec leurs lecteurs ? Si c’est le cas, quelles seront les références de cette jeune génération dopée au Net ? Dans quelle mesure peut-on faire confiance aux blogs ? A Wikipedia ? A AgoraVox ? Nous sommes à une époque charnière pour les médias traditionnels. Si les sources d’information pour les présidentielles en 2012 ne sont plus que les blogs et autres sites aux contenus générés par les internautes, je ne sais pas si cela sera un bien.
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