WikiLeaks, un démon si populaire

Les coulisses du monde diplomatique révélés au public Depuis plusieurs mois, et plus intensément depuis dimanche soir, WikiLeaks est au coeur de l’information. L’organisation de Julian Assange dévoile à des organes de presse partenaires comme Le Monde ou le New York Times plusieurs centaines de milliers de documents confidentiels (des télégrammes de la diplomatie américaine) qui éclaircissent les coulisses du monde diplomatique.
Des anecdotes futiles aux révélations portant sur la guerre en Irak en passant par le double jeu des pays arabes vis à vis de l’Iran : WikiLeaks dévoile tout, rend transparent ce qui ne l’était que pour une caste élitiste. Ainsi, en une semaine, si les cartes du jeu diplomatique n’ont pas été redistribuées, le peuple n’aura jamais été aussi bien informé.
La Chine remettant en cause ses liens avec Pyongyang et prête à accepter une réunification sous l’égide de Séoul. Nicolas Sarkozy envisageant dès 2006 de soutenir les Etats-Unis en Irak. L’Arabie Saoudite suppliant les Etats-Unis de bombarder les installations nucléaires iraniennes. Les révélations n’ont certes pas abouties à un 11 septembre diplomatique car les documents publiés par WikiLeaks ne constituent des révélations que pour le peuple. Les élites dirigeantes n’ont rien appris.
La dictature de la transparence En parallèle de ces révélations, Julian Assange et ses comparses nous livrent quelques petits détails croustillants : Sarkozy mal vu lors d’un dîner saoudien, détournant un avion pour ne pas apercevoir la Tour Eiffel aux couleurs turques, Merkel considérée comme timorée et lente par les Américains.
D’ailleurs, WikiLeaks n’en est pas à son premier coup d’essai. Déjà, il s’était illustré en mettant en ligne des textos de new-yorkais envoyés le 11 septembre. Ou les pièces du dossier du procès Dutroux. Et là-dessus, Wiki Leaks semble franchir la ligne rouge. Peut-on vraiment au nom de la transparence, étaler des éléments intimes de la vie privée des gens ? Pour quel but ? Assouvir une certaine curiosité malsaine ? Qu’est-ce que cela nous apporte
Quand François Baroin évoque la dictature de la transparence, il n’a pas tort. WikiLeaks rend tout accessible, sans se poser de questions. Imaginez que la dernière part d’intimité qui vous reste à l’ère de Facebook, soit rendue publique. Que tout soit révélé, jusqu’à vos conversations privées. C’est ce qui risque d’arriver si WikiLeaks venait à croître de manière que des sites concurrents émergent. En clair, il faut rapidement stopper WikiLeaks dans ses agissements avant qu’il ne se banalise.
Populaire malgré tout Malgré le danger qu’il représente, le site WikiLeaks est néanmoins plutôt bien vu par l’opinion. On se délecte de ses nouvelles révélations et on assiste épatés à la fuite de Julian Assange, qui se cache on ne sait où pour échapper à un mandat d’arrêt international pour un viol sois-disant commis en Suède. Tout le monde s’offusque du sort réservé à Bradley Manning, ce G.I qui aurait transmis la plus part des documents à WikiLeaks, et qui risque la prison à perpétuité. Mike Huckabee a lui plaidé pour la peine capitale.
Mais pourquoi s’évertue-on à éprouver de la sympathie pour WikiLeaks ? Peut-être parce que Julian Assange est notre Robin des Bois des temps modernes. Voir les puissants roulés dans la farine et nos dirigeants paniqués à cause de quelques hackers a un côté jouissif. Quelle que soit la cause défendue, à nos yeux, les grands ont toujours torts par rapport aux petits. Et c’est ce qui rend WikiLeaks si populaire...
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