Y a-t-il un sondage sarkozyste pour sauver le soldat Jack Lang ?
Une étude CSA-Le Parisien, institut détenu par un ami de N. Sarkozy, crédite l’ancien ministre de 53 % de soutien pour son vote en faveur de la réforme constitutionnelle du président. Une aubaine pour J. Lang, en délicatesse avec le Parti socialiste.
Mais quel est l’intérêt de savoir si les sondés (à ne pas confondre avec « les Français ») approuvent ou non le choix de Jack Lang ? En étant naïf, je répondrais : aucun. Le fait qu’une majorité de personnes approuve ou non le choix de Lang ne change rien aux opinions que l’on peut avoir sur cette réforme, sur l’attitude de Lang ou sur les positions du PS.
Passe encore que l’on demande à des sondés leur opinion sur la réforme de
A qui profite le sondage ?
Mais comment expliquer le soudain intérêt du Parisien pour Jack Lang ? L’institut de sondage aurait tout aussi bien pu demander aux sondés s’ils approuvaient le choix des parlementaires radicaux de gauche, eux aussi dans l’opposition, qui ont voté pour la réforme Sarkozy. Pourquoi ne pas leur avoir demandé s’ils approuvaient les revirements de certains parlementaires de la majorité, qui après avoir tant combattu ce projet de réforme, se sont soumis docilement ?
Une seule chose est sûre : ce sondage tombe à pic pour le député au bord de la rupture avec son parti : comment exclure une personnalité si populaire, soutenue par « une majorité de Français » ?
On n’ose pas croire que Jack Lang a ses entrées au Parisien, et qu’il a pu suggérer l’idée de ce sondage. Ou le commander lui-même. On n’ose pas croire non plus que ce sondage serve une stratégie de déstabilisation du PS, destinée à souligner ses divisions. Non. Le Parisien, en cette période estivale où les journalistes désertent les rédactions, avait sans doute une colonne à remplir : l’achat d’un sondage sur un thème aussi vendeur auprès de son lectorat était la solution toute trouvée !
Questions biaisées : le plébiscite de Lang
Le sondage du CSA proposait une alternative aux sondés de CSA qui assurait à Lang une solide majorité :
« 1er choix : Jack Lang a eu raison de voter en faveur de la réforme parce qu’elle correspond à ce qu’il souhaite »
« 2e choix : Jack Lang a eu tort de voter en faveur de la réforme parce que la consigne du Parti socialiste était de voter contre la réforme »
Equilibre des questions ? Mon œil. Dans la 1re affirmation, positive, le choix de Lang est uniquement justifié par de profondes convictions et par son désintéressement. Comment le sondeur peut-il savoir quelle était l’intention de Jack Lang ? La proposition aurait pu aussi bien être : « Il a eu raison parce qu’il pourra ainsi entrer au gouvernement et y faire valoir ses idées ».
La 2e affirmation, elle, est très négative : la seule raison valable de voter contre la réforme serait d’obéir à des logiques partisanes. La proposition aurait tout aussi bien pu être : « Il a eu tort car il se rallie à Sarkozy » ou « Il a eu tort car la réforme ne répondait pas aux exigences socialistes ». Toute question est orientée, mais on ne peut que constater que le sondeur souhaitait visiblement obtenir un ardent soutien à Jack Lang pour conforter l’action du président Sarkozy.
Le rachat par Vincent Bolloré, ami de Nicolas Sarkozy, de la totalité des parts de l’institut CSA au début du mois de juillet n’est peut-être pas étranger à ce manque flagrant d’impartialité.
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