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Accueil du site > Actualités > Politique > 90 bougies pour Sophia Loren !

90 bougies pour Sophia Loren !

« Un gentleman, c’est quelqu’un qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste. » (Michel Audiard).

La célèbre actrice franco-italienne Sophia Loren fête ses 90 ans ce vendredi 20 septembre 2024. 90 ans ! Elle, si synonyme de jeunesse ! Dans un documentaire réalisé par Julia Bracher en 2018 qui sera diffusé sur Arte le jeudi 26 septembre 2024 à 15 heures 20, on voit au début Sophie Loren dire, dans sa resplendissante jeunesse : « Je veux être actrice, pas pin-up. (…) J'espère pouvoir être actrice jusqu'à 90 ans. ».

Mission presque réussie, puisque l'actrice, qui a commencé en 1950 (elle avait alors 16 ans), a tourné pendant la pandémie de covid-19 pour un film sorti le 6 novembre 2020, "La Vie devant soi" d'Edoardo Ponti, le fils de l'actrice, dans une adaptation du roman de Romain Gary (son rôle Madame Rosa), une prestation qui a reçu de très positives appréciations des critiques, du public (succès commercial) et des récompenses : « Je reçois toujours beaucoup de scénarios, mais aucun ne m'ont parlé comme celui de "La Vie devant soi". C'est pour cela que je n'ai pas travaillé pendant presque dix ans. Je voulais trouver un rôle qui m'inspirait et me stimulait vraiment. Madame Rosa est ce personnage, non seulement pour ces émotions différentes et parfois contradictoires, mais aussi pour les messages de tolérance, d'amour et d'inclusion que le film transmet. » dit-elle le 13 novembre 2020, ajoutant une explication plus précise le 8 mars 2021 : « Le rôle de Madame Rosa me rappelle beaucoup ma mère : cette irrévérence, cette force, mais également cette fragilité et cette sagesse. Avec ce film, j'ai l'impression que la boucle est bouclée car il a réuni les deux choses qui me sont le plus chères : ma famille et mon métier. ».

En soixante-dix ans de carrière, elle a tourné près de quatre-vingt-dix films. Elle est d'ailleurs l'actrice italienne la plus récompensée de l'histoire : une Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise 1958, un prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1961, un César d'honneur 1991, un Ours d'or d'honneur à la Berlinale 1994, un Oscar de la meilleure actrice 1962, un Oscar d'honneur 1991 (attribué à « l'un des véritables trésors du cinéma mondial qui, dans une carrière riche de performances mémorables, a ajouté un éclat permanent à notre art »), six Golden Globes, une étoile sur le Walk of Fame de Los Angeles, neuf David di Donatello de la meilleure actrice, deux Rubans d'argent de la meilleure actrice, et d'autres prix encore à Moscou, Istanbul, Montréal, Trencianske Teplice, Saint-Sébastien, Kiev, etc.

Son physique entier a évidemment fait chavirer de nombreux hommes. Mais ce qui frappe avant tout, c'est sa personnalité, son audace, son émancipation de femme sensuelle. De grande taille, se sentant plus napolitaine qu'italienne, belle-sœur d'un fils de Mussolini (sa sœur a épousé le troisième fils du dictateur fasciste, ce qui fait que Sophia Loren est aussi la tante d'Alessandra Mussolini, petite-fille du duce, femme politique et actrice, chanteuse, mannequin), elle a bravé l'Italie très puritaine et très catholique (qui interdisait à l'époque le divorce) pour se marier avec l'homme de sa vie, le producteur Carlo Ponti (1912-2007), déjà marié, qui ont vu leur mariage mexicain être annulé, puis qui ont dû prendre la nationalité française dans les années 1960 pour pouvoir se marier après une reconnaissance du divorce de Carlo Ponti. Ils sont restés mariés jusqu'à la mort de son mari, habitant en Suisse à partir de 2006. L'actrice est aussi une passionnée de cuisine et une férue de peinture (la collection du couple comptait environ cent cinquante toiles de grands peintres dont une de Francis Bacon vendue aux enchères en 2007 pour près de 21,2 millions d'euros). Carlo Ponti a connu Sophia à l'âge de 16 ans (lui en avait 37), et l'a introduite dans le monde du cinéma.

Malgré un physique attractif, Sophia Loren, qui soutient le déballage MeToo au cinéma, a déclaré n'avoir jamais eu de problème de harcèlement : « Je suis une personne, pas une minijupe. Je n'aime pas blaguer là-dessus. Oui, je suis d'accord avec #MeToo car nous sommes des personnes, pas des objets. », a-t-elle fait remarquer le 23 octobre 2020, tout en faisant part de son expérience à Hollywood où elle était considérée comme une femme objet. Elle a même été agacée par l'artiste Andy Warhol qui l'a qualifiée de "bombe sexuelle" : « Je ne suis pas une bombe sexuelle ! Je suis une actrice sérieuse. ».
 

Ses partenaires de cinéma furent Gregory Peck, Cary Grant (dont elle fut brièvement amoureuse), Marlon Brando, Charlton Heston, Paul Newman, Richard Burton, Richard Harris, Burt Lancaster, James Coburn, O. J. Simpson, etc. ...et bien sûr Marcello Mastroianni qui fut son partenaire habituel dans les films réalisés par Vittorio De Sica. Elle a raconté bien plus tard, le 14 octobre 2015 : « À chaque fois que l'on me demandait de tourner avec Marcello, je disais "Oui, oui, oui" sans même lire le scénario. Parce-que je savais qu'avec lui, tout se passerait bien. Parce-qu'il me connaissait et je le connaissais. Son sens de l'humour. Son sens de l'improvisation. Il n'apprenait jamais ses textes, jamais. Parfois, il arrivait sur un plateau avec les yeux ronds et il disait : "Que dois-je dire maintenant ?" et je lui disais : "Non, c'est ton problème, tu aurais dû te réveiller un peu plus tôt ce matin et apprendre tes lignes". Il y avait toujours cette petite blague entre Marcello et moi mais, évidemment, quand tu travailles avec un tel partenaire pendant vingt ans, tu le connais comme un frère, un mari, un tout. Tout se passait bien. Et je lui faisais tellement confiance parce-qu'il était un excellent acteur. Il savait toujours ce qu'il faisait, mais il faisait toujours semblant de ne pas savoir, et j'adorais ça. ».

Sans être exhaustif, on peut citer cinq grands films qui ont fait la réputation de Sophia Loren, à commencer par "Mariage à l'italienne" de Vittorio De Sica (sorti le 20 décembre 1964, il y a soixante ans), belle comédie théâtrale avec Marcello Mastroianni dans une fresque amoureuse sur une vingtaine d'années, avec des retours en arrière. Sophia Loren joue Filumena, la prostituée "récupérée" par un rentier Domenico mais ce dernier, coureur de jupon, n'a attiré Filumena chez lui que pour faire la bonniche et l'aide-soignante d'une mère impotente. Bien entendu, elle ne se laisse pas faire et réussit à obtenir le mariage qui sera annulé (on voit aussi que c'était l'époque où elle était entre un mariage annulé et un nouveau mariage valide).
 

Il y a aussi "La ciociara" de Vittorio De Sica (sorti le 22 décembre 1960), avec Jean-Paul Belmondo et Eleonora Brown, qui a valu à Sophia Loren l'Oscar de la meilleure actrice et le prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes (elle joue une veuve et son adolescente qui fuient Rome bombardée en 1943) ; "La chute de l'Empire romain" d'Anthony Mann (sorti le 24 mars 1964), avec Alec Guinness, Stephen Boyd et James Mason, péplum à gros budget qui évoque la période des empereurs Marc-Aurèle et Commode ; "Arabesque" de Stanley Donen (sorti le 5 mai 1966), avec Gregory Peck et Alan Badel, et "Une journée particulière" d'Ettore Scola (sorti le 17 mai 1977), avec Marcello Mastroianni (et aussi Alessandra Mussolini adolescente dans ce film antifasciste qui se passe en 1938, celle-ci joue la fille de Sophia). Sophia Loren y a reçu un David di Donatello de la meilleure actrice principale (comme pour "La ciociara", "Mariage à l'italienne", "Une journée particulière" et "La vie devant soi"), un Golden Globe de la meilleure actrice et un Ruban d'argent de la meilleure actrice (comme pour "La ciociara").
 

À propos de ce dernier film, Ettore Scola a expliqué le choix de Sophia Loren en juin 1977 dans "Le Cinéma italien" : « Au départ, j'étais fort réservé à l'égard de Sophia : les prestations auxquelles elle avait été soumise n'étaient point là pour confirmer le choix de cette actrice comme protagoniste de "Una giornata particolare". Cependant, lorsque je l'ai connue personnellement, j'ai vu qu'elle était très différente du modèle proposé au public. (…) En fait, que sait-on ? Que c'est une femme agressive, non seulement physiquement mais comme façon de dire les répliques d'un film et comme manière de vivre certains sentiments. (…) Au contraire, Sophia Loren est très différente de cela, elle est introvertie, elle est très timide à sa façon, elle est malheureuse, et donc elle ressemble à l’Antonietta du film. (…) Il y a une profonde mélancolie à l'intérieur d'elle-même. (…) J'ai donc compris que je pouvais l'utiliser autrement. Par contre, pour Marcello je n'avais aucun doute, j'avais déjà travaillé avec lui, je l'avais toujours vu dans des interprétations pour le moins dignes et parfois très belles. En somme, mon intention était de proposer Mastroianni et Loren hors des schémas à l'intérieur desquels ils ont été utilisés, hors de cette glorification du sexe qui est une des conditions du marché cinématographique. (…) Ainsi, le discours du marché cinématographique ressemble étrangement à celui qu'il y a dans "Una giornata particolare" : les deux personnages sont victimes eux aussi d'un autre marché, le marché fasciste qui vendait l'idéologie du mâle supérieur et l'idéologie de la femme subalterne et soumise. » (cité et probablement traduit par Wikipédia).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Sophia Loren.
Lauren Bacall.
Micheline Presle.
Sarah Bernhardt.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Marlène Jobert.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.



 


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4 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 21 septembre 11:37

    90 bougies . . . où ça ?


    • nanobis nanobis 21 septembre 15:33

      @Gégène
      OH !


    • Seth 21 septembre 13:56

      Qu’est ce qu’on a à battre de l’âge de la mère Loren ?

      C’est le membre « nécrologies et célébrations des ehpadistes » de la rakoko team qui s’y colle aujourd’hui.

      On est en attente d’un follicule du politologue-maison.


      • ETTORE ETTORE 23 septembre 13:29

        A quand une Accro-mancie jubilatoire de Brize-Hit ?

        Rakoto attend peut être un signe du destin ?

        Qui sait, un fémur qui lâche, et hop, voilà le thème articulaire d’un article bien soudé, à dessouder les ART -y CUL-ations en Marche.

        Sérieux, Rakoto, vous êtes un « goujat » !

        Et se targuer d’une phrase décrivant « un gentleman » selon Audiard, ne vous grandit pas, loin de là...

        Mais cela montre le fossé existentiel, que votre intelligence n’arriveras jamais à combler, entre vos partis pris, dictés à la lettre près, et vos jubilations avec le temps accordé à autrui, qui, avec vous, semble toujours être une réservation prise, pour un enterrement dont vous ne voudriez pas manquer, le récit,..... à mettre à plat !

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