A force de promesses non tenues
Depuis des années, les politiques jouent à ne pas faire ce qu’ils promettent, à ne pas faire les réformes qu'ils savent indispensables et à continuer de promettre ce qu’ils savent qu’ils ne feront pas.
Incantations franchouillardes, guerre des petites phrases, tours de passe-passe, faux semblant, le blablabla médiatique est devenu la règle.
A force de promesses non tenues, les réalités économiques, sociales et morales se rappellent cruellement au bon souvenir de nos marchands d’illusions et de promesses non tenues, rendant de plus en plus difficile le camouflage de la réalité des chiffres et de la dégradation continue de la situation économique et sociale.
Aujourd’hui près d’un tiers de la population en âge de travailler, soit quelques 9 millions de personnes, est au chômage ou en sous-emploi et au moins 10 % de personnes souffrent du mal logement. La situation est devenue intenable.
Un des problèmes est cette classe politique, ces syndicats et ces lobbies corporatistes figés soit dans leurs dogmes, soit dans la préservation de leur sacro-saint pré-carré, soit dans leur conservatisme frileux d’un autre temps. Les partis politiques verrouillent tout renouvellement des idées mais aussi des hommes : les mêmes têtes depuis plus de 30 ans et il n’est pas question de démissionner ou quitter la vie politique en cas d’échec !
La France souffre d’une pléthore d’hommes politiques et d’un manque cruelle d’hommes d’état. Les premiers ont pour vision principale les élections à venir et le nombre de voix que peut leur rapporter telle ou telle décision, les seconds ont pour vision le long terme, la société de demain et le souci d’offrir un monde meilleur aux générations à venir.
Le minimum de décence serait, à droite comme à gauche, de faire profil bas et d’arrêter de prendre les citoyens pour des demeurés prêts à gober toutes les promesses, que demain on rase gratis et que l’on transformera le plomb en or.
Nous arrivons au bout du bout, les français ont atteint aujourd’hui le point de rupture et ce ras le bol, toutes classes sociales confondues ne permet plus aux politiques de continuer à trahir systématiquement leurs électeurs en ne tenant pas leurs promesses, en ne faisant jamais ce qu’ils disent qu’ils feront s’ils étaient élus.
Leur parole a perdu toute valeur et, auprès de la population, ils ont dilapidé aujourd’hui tout leur capital confiance. Cette perte de confiance dans la chose publique est des plus préoccupantes car elle ouvre la voie au populisme et au renfermement corporatiste.
La belle croissance et stabilité économique des « Trente Glorieuses » n’est plus et ne reviendra pas car le monde a profondément changé, il est devenu global, instable et en mutation continuelle avec pour corollaire une concurrence sauvage et un dumping social et fiscal tout azimut.
Il n’est plus temps de s’attaquer aux seuls effets de la crise que nous subissons et de continuer à ignorer les causes parfaitement identifiés de notre déclin en essayant de nous faire croire à la résolution de nos problèmes par un incessant saupoudrage de mesurettes et de subventions à seules effets de rustines mal ajustées sur ce tonneau percé qu’est devenu la France.
Il n’est plus temps à chaque problème ou contestation rencontrée de camoufler son incompétence à décider et à faire derrière la nomination d’un médiateur ou d’une commission à seule fin de gagner du temps en espérant que l’incendie perdra de sa force faute d’oxygène.
Non, cela ne marche plus et tout cela finit par lasser et désespérer.
Car, enfin, les problèmes restent entiers : chômage de masse croissant et devenu chronique, baisse du pouvoir d'achat, dette qui continue à enfler, paupérisation des classes moyennes, réformes de structure annoncées mais jamais faites.
Le drame, c’est que les politiques en sont aujourd’hui parfaitement conscients, ne nous dissent-ils pas « qu’il faut faire de la politique autrement », qu’ils ont parfaitement compris le message envoyé par les urnes mais à force de promesses non tenues, ils ne savent plus quoi et comment faire pour nous sortir de ce marasme dans lequel ils nous ont plongés. Alors, ils continuent de se raccrocher, telle une bernique sur son rocher, à l’espoir futile que de nouvelles promesses seront plus crédibles.
Résultat, les français expriment aujourd’hui leur désillusion et leur rejet de 30 ans de pouvoir de droite et de gauche dont l’incapacité devient criant, par leur vote sanction vers les extrêmes populistes.
Un rejet qui sonne comme un dernier avertissement à la classe politique pour enfin faire ce qu’ils promettent : s’attaquer aux causes de notre mal français, réaliser les réformes structurelles indispensables pour que la France redevienne un pays de réussite où il fait bon vivre.
Et réussir : c’est faire baisser le chômage, c’est augmenter le niveau de vie, c’est abaisser les déficits publics et équilibrer les systèmes sociaux, c’est libérer les énergies, c'est redonner aux français leur fierté, c’est les soulager de leurs angoisses et de leur pessimisme destructeur, c’est leur permettre le mieux vivre ensemble, c’est redonner à la jeunesse le gout de l’audace et aux entreprises la confiance, c’est, enfin, redonner de la cohérence à la République.
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