A l’assaut du nouveau château de cartes régional (politique-fiction)
La nouvelle carte présentée ce matin par le gouvernement n’a pas manqué de susciter étonnement et stupeur parmi les édiles de la République.
Abandonnant une logique qui avait conduit aux blocages de ces dernières semaines, le Premier Ministre a présenté en conseil des ministres un découpage résultant d’une méthodologie de travail innovante : « La recherche d’équilibres humains, culturels et économiques a présidé à cette réalisation » a ainsi expliqué le porte-parole du gouvernement lors de sa conférence de presse hebdomadaire.
Des surprises, il y en a, que ce soit par le nombre de régions retenues, sensiblement inférieur aux moutures précédentes (10, Corse comprise), à leur dénomination ou encore, fait le plus spectaculaire de cette réforme, par la désignation des chefs-lieux des nouvelles entités : « Les choix ont été faits pour éviter les inévitables querelles de clocher entre barons locaux » chuchote-t-on à l’Elysée. Pas moins de six nouvelles préfectures régionales ont été désignées en fonction du découpage retenu et de leur accessibilité depuis les différents territoires des nouvelles entités : « La proximité d’autoroutes et d’infrastructures de communication reliant l’ensemble des territoires nouvellement unis a été décisif ». Et cohérent avec la tradition fédérale d’outre-Rhin. N’en déplaise aux présidents de métropoles qui risquent de réagir vivement à ce qui s’apparente à une tentative de leur couper l’herbe sous le pied.
Grand Paris, Grand Ouest et Grand Est
Ainsi, si l’Ile-de-France devient le cadre d’un « Grand Paris régional », le nouveau Nord regroupe les anciennes Picardie et Nord-Pas de Calais et, première surprise, installe sa capitale à Arras (40 000 habitants), jusque-là préfecture du Pas-de-Calais, à mi-chemin entre les capitales régionales actuelles.
Héritage de l’Histoire, Normandie et Bretagne voient leurs contours inchangés, si ce n’est la fusion entre Haute et Basse-Normandie, avec le choix du Havre (actuellement sous-préfecture de Seine-Maritime) comme nouvelle capitale. « Un choix résolument européen et tourné vers l’extérieur » précise-t-on depuis Paris. Les régions Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes et Centre s’intègrent désormais dans une vaste région Ouest (8 millions d’habitants) avec Tours comme nouveau centre. « L’avantage d’être à une heure de Paris, d’Orléans, de Nantes et de Poitiers, en voiture ou en train ». A l’Est, une vaste région englobant les anciennes Champagne-Ardenne, Bourgogne, Franche-Comté, Alsace et Lorraine est créée. La ville de Nancy (préfecture de Meurthe-et-Moselle) a été identifiée pour accueillir le siège de ce mastodonte de plus de 8 millions d’habitants « pour faire pièce aux plus grands Länder allemands ». L’ancienne capitale de Lorraine (et de l’Est de la France jusqu’en 1914), retrouve ainsi un rôle politique de premier plan, grâce à son positionnement central et son rayonnement culturel.
Massif Central, Garonne et Méditerranée
Dans le Midi, un découpage en 3 grandes aires naturelles et culturelles a été adopté : le Massif Central tout d’abord, qui fusionne Auvergne et Limousin. Ici, pas de révolution, Clermont-Ferrand a finalement été préféré à Tulle, ville du Président de la République, bien desservie mais trop excentrée.
Dans le Sud-Ouest, une grande région Garonne regroupera désormais Aquitaine et Midi-Pyrénées. Afin d’éviter toute concurrence entre les deux métropoles régionales, c’est la préfecture du Lot-et-Garonne, Agen (34 000 habitants), qui a été désignée : plus proche de Toulouse à vol d’oiseau, elle est issue de la future ex-Aquitaine. De quoi mettre tout le monde d’accord. L’objectif est de faire de cette région « un pôle leader en aéronautique et en agriculture à haute valeur ajoutée » selon les conseillers de l’Elysée. Enfin, une autre très grande région (13,8 millions d’habitants) émerge dans le Sud-Est, regroupant Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et PACA : la Méditerranée, avec Avignon pour capitale. L’ancienne cité papale, actuelle préfecture du Vaucluse (90 000 habitants), se trouve précisément au carrefour des grands axes de communication méditerranéens. Une occasion rêvée pour pérenniser son traditionnel festival par le théâtre du jeu politique au-delà des seuls mois d’été…
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