Accord Jadot-Hamon : « Là, la politique est belle »

Le bureau exécutif d’Europe-Écologie-Les verts (EELV) a validé, Jeudi 23 Février en fin d’après-midi, l’accord trouvé entre Yannick Jadot et Benoit Hamon. Les militants devraient valider ce choix lors d’un vote, dimanche 26 Février. Consultés lors d’un précédent vote par voie électronique mi-Février, ils avaient en effet souhaité ce rassemblement par près de 90% en faveur du « Oui ». En l’absence de candidature de Yannick Jadot à l’élection présidentielle, c’est donc Benoit Hamon qui portera un projet commun basé sur cet accord.
Hamon - Jadot : des convictions et de l’intelligence
À l’ère de la post-vérité et des populismes de droite, il était donc question pour ces deux hommes de trouver un accord sur des sujets complexes, de fond. Leur ambition étant de présenter un projet commun pour la présidentielle qui soit basé sur le réel, qui tienne compte des grandes mutations de notre époque et qui aille dans le sens de l’intérêt général.
Les tractations ont duré plusieurs semaines et furent rudes entre ces deux candidats aux convictions fortes. Yannick Jadot, leader d'EELV, affiche 25 ans d’engagement politique au compteur en faveur de l’écologie. Il s’est récemment illustré en s’exprimant contre l’accord de libre-échange Union Européenne – Canada (CETA) au parlement européen. Benoit Hamon, lui, a remporté la primaire de la gauche sur un programme de rupture, fidèle aux mêmes convictions qui l’ont poussé dans les bras de la fronde sous le quinquennat Hollande. Dans cette campagne il fait office de candidat de la sincérité et des idées, se refusant à renvoyer la complexité des grands enjeux de notre époque à quelques éléments de langage. Il fait souffler un vent de fraîcheur sur la vie politique française en refusant le modèle du « candidat providentiel » auquel il oppose la volonté d'associer d'avantage les citoyens au jeu politique.
Au micro d’RTL, Vendredi 24 Février, Yannick Jadot exhortait les sensibilités de gauche à se rassembler derrière ce projet : « Je fais confiance à Hamon, ce n’est pas un accord de partis [...] et j'espère que ce sera demain un accord avec Jean-Luc Mélenchon, avec la société civile qui veut le rassemblement, les artistes, les intellectuels ... ». Interrogé sur les négociations, il a déclaré qu'EELV n'a obtenu que 40 circonscriptions pour les législatives contre 60 en 2012, ayant préféré être inflexible sur le programme plutôt que sur la forme.
Le contraste était saisissant avec le rapprochement Bayrou-Macron qui, en l’absence de négociations et d’un quelconque accord, semble avoir était généré par des pulsions électoralistes entre deux candidats aux convictions oscillantes.
Les grandes lignes de l’accord
- Nouveau Rapport au Travail : Abrogation de la loi travail (négociation d’une nouvelle loi avec les partenaires sociaux), renforcement du compte pénibilité, reconnaissance du Burn-out (maladie professionnelle) et du droit à la déconnection (Harcèlement par emails hors de heures de travail), Réduction des écart de salaires dans les entreprises publiques ou subventionnées, revenu universel de 600€ pour les 18-25 (dès 2018) et automatisation du versement du RSA.
- Transition Énergétique : Sortie progressive des énergies fossiles et du nucléaire, suppression des niches fiscales allant à l’encontre de l’environnement, mesures fiscales (entreprises et transports).
- Transition Écologique, Sociale et Économique : Small Business Act (réservation à hauteur d’au moins 50% des marchés publics aux PME/TPE), Économie circulaire (plan zéro déchets, calcul de la TVA en fonction de la durée de vie des produits et leur capacité à être recyclés)
- Agriculture-Alimentation-Environnement : Sortie programmée du Diesel (2025), encadrement des nanotechnologies, Interdiction des pesticides et perturbateurs endocriniens, appui à la transition agro-écologique (moyens juridiques, financiers et techniques), législation en faveur du bien-être animal.
- Passage à une 6ème République : Reconnaissance des biens communs, 49.3 citoyen, vice Premier Ministre en charge du développement.
- Union Européenne : lutte contre l’évasion fiscale, opposition aux accords de libre-échanges (TAFTA, CETA), sortir des politiques d’austérité, Union énergétique (plan d’investissement pour respecter l’accord de Paris, COP21).
- Égalité des territoires : diverses mesures pour associer les citoyens à la prise de décision au niveau local, interruption de la baisse des dotations des collectivités territoriales (écoles, routes etc..).
- Précarité et égalité réelle : 50 000 logements étudiant, 150 000 logements sociaux, priorité à l’éducation (notamment la petite enfance), revalorisation SMIC et minimas sociaux.
L'accord complet est disponible, ICI.
Jean-Luc Mélenchon a rendez-vous avec l’histoire
Pour la première fois depuis son émancipation du Parti Socialiste lors du congrès de Reims en 2008, Jean-Luc Mélenchon a l’opportunité de propulser ses idées au sommet de l’état. En effet, il semblerait qu’un rassemblement Hamon-Mélenchon-Jadot permette à la gauche de rejoindre Marine Lepen au second tour. Le résultat d’un tel second tour n’a jamais été testé par les instituts de sondages. On peut cependant supposer que la majorité des français, qui n’ont pas voté pour ces candidats au premier tour, s’exprimerait par un vote de barrage au Front National.
La diversité d’opinions est une richesse issue de la nature de la Gauche, intrinsèquement. Lorsque les différentes sensibilités de Gauche savent coopérer, se compléter, il devient alors possible de changer profondément la société. Ce fût le cas de nombreuses fois dans l’Histoire.
Bien qu’il soit possible qu’une dynamique en faveur du couple Hamon-Jadot se crée indépendamment des choix de Jean-Luc Mélenchon : A-t-on vraiment envie de courir le risque de voir la Gauche absente du second tour ?
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