Affaire Bettencourt : Nicolas Sarkozy revient dans le rôle qu’il préfère celui de victime !

Jeudi soir, l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "abus de faiblesse". Le juge Gentil en charge du dossier dans ce volet de l’affaire Bettencourt a estimé que des indices graves et concordants, justifiaient l’évolution de son statut de témoin assisté à mis en examen.
Nicolas Sarkozy reste présumé innocent et son avocat, Me Herzog a annoncé un demande en annulation de cette mise en examen. La procédure longue et complexe va donc se poursuivre … mais Nicolas Sarkozy, mis en examen, risque "gros", sur un plan politique bien sûr mais aussi et surtout sur un plan pénal.
Selon Fabrice Llhomme, journaliste au Monde, Nicolas Sarkozy est uniquement mis en examen pour "abus de faiblesse". D'une part, cela signifie que le juge n'exclut pas que les fonds qu'il aurait éventuellement perçus en 2007 des Bettencourt auraient servi à son enrichissement personnel et non au financement de sa campagne présidentielle. D'autre part, l'infraction de financement politique illégal risquait de tomber sous le coup de la prescription, qui est de trois ans. Or il s'agit de faits qui se seraient déroulés en 2007.
L’abus de faiblesse est une infraction ainsi définie par le Code pénal dans son article 223-15 "l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse soit d’un mineur, soit d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur, soit d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables".
Cette infraction passible du tribunal correctionnel est assortie de lourdes peines : trois ans d’emprisonnement et de 375000 euros d’amende.
Son avocat Me Herzog a assisté jeudi à la confrontation entre Nicolas Sarkozy et quatre témoins, dont l'ancien majordome de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal dans le bureau du juge Gentil. Il a qualifié d'"incohérente sur le plan juridique" et d'"injuste" cette mise en examen dans un dossier portant sur d'éventuels financements illégaux de la campagne présidentielle de l'ancien chef de l'État en 2007. Aujourd'hui sur RTL, Me Herzog a déclaré que Nicolas Sarkozy "a considéré que le traitement qui lui était infligé" par la justice dans l'instruction du dossier Bettencourt "était scandaleux".(Vidéo)
Surprise par la mise en examen de son leader, l'UMP a dépêché ses lieutenants sarkozystes et copéistes sur les plateaux télé pour dénoncer un "acharnement judiciaire" et évoquer à demi-mot un complot politique, en s'étonnant du "timing" de cette décision.
Laurent Wauquiez a réagit immédiatement au près de l'AFP : "Je ne crois pas au hasard du calendrier". Selon lui cette mise en examen tombe la semaine où précisément, une information judiciaire est ouverte contre Jérôme Cahuzac. Elle est annoncée dans des conditions juridiques plus que contestables sans que rien n'ait pu la laisser présager. Elle intervient à un moment où tous les sondages le montrent, les Français reportent leur confiance vers Nicolas Sarkozy, par rapport à un François Hollande qui déçoit (...) "Je n'aime pas quand la justice donne ainsi le sentiment d'être utilisée à des fins politiques".
Puis nous avons vu le choeur des sarkozystes se déchaîner dans les médias pour défendre Nicolas Sarkozy :
Thierry Mariani dénonce "L'acharnement des juges", en ajoutant : "Tout cela ne me semble pas tenir la route. Je fais confiance à la justice mais je me demande quand même s'il n'y a pas un certain acharnement des juges vis-à-vis de certaines personnalités.Je me demande si certains juges rendent la justice au nom du peuple français ou au nom de leur conviction".
Pour Christian Estrosi "Des relents politiques évidents". Il dénonce des "méthodes au relent politique évident" en ajoutant : "Chacun remarquera que cette décision intervient 48H après la mise en cause d'un ministre socialiste sans doute pour faire compensation".
Quant à Lionnel Luca il estime que c'est "Grotesque. "Mettre en examen un ancien président pour abus de faiblesse sous prétexte de financement de campagne électorale est grotesque et en dit long sur la justice. La mise en examen de Nicolas Sarkozy n'a pas d'autre intérêt pour le discréditer jusqu'au non-lieu", poursuit-il.
Christine Boutin pense que "Nous devenons fous". Elle déclare à la télévision : "Coup de tonnerre : mise en examen de Nicolas Sarkozy. Est-ce que cela va régler les problèmes des Français ? Non ! Nous devenons fous !".
Mais l'ancien chef de l'État va de voir faire face à d'autres fronts judiciaires : Karachi, sondages de l'Elysée, Libye, Lagarde/Tapie.
Karachi, l'enquête sur le financement occule de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, par le biais de rétrocommissions présumées dans le cadre de contrats d'armement. Dans laquelle Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et porte-parole de campagne d'Edouard Balladur, est mis en cause par une note saisie lors d'une perquisition à la Direction des constructions navales (DCN) qui évoque le feu vert du ministre à la création d'une société offshore, Heine, pour le versement de commissions en marge de ces contrats, légales à l'époque.
En marge de cette affaire, des juges ont décidé d'enquêter sur une éventuelle violation du secret de l'instruction lors de la diffusion en septembre 2011 d'un communiqué de l'Elysée sur le volet financier de Karachi.
Sondages de l'Élysée, une enquête qui vise la régularité des contrats concernant les sondages conclus, sans appel d'offres , entre l'Élysée et neuf instituts sous Nicolas Sarkozy
Une première plainte avait été déposée par l"Association Anticor en 2010 pour favoritisme au sujet d'une convention commerciale signée par l'ex-directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, avec la société de conseil Publifact de Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
Puis cette enquête a été élargie en janvier à d'autres conventions passées entre mai 2007 et mai 2012 entre l'Elysée et les sociétés Publifact, PubliOpinion, Giacometti-Peron, Ipsos, Ifop, OpinionWay, Sociovision, TNS Sofrès et CSA.
Libye, la publication d'un document attribué à un ex-homme de confiance du colonel Kadhafi concernant un accord de principe conclu en 2006 avec Tripoli pour apporter 50 millions d'euros à la campagne présidentielle de 2007 du candidat Sarkozy est au coeur d'une controverse.
Une enquête préliminaire a été ouverte pour vérifier l'authenticité du document et évaluer la véracité de ces informations, l'intermédiaire Ziad Takieddine ayant affirmé avoir les preuves d'un tel financement sans les apporter. Le bureau et le domicile parisien de Claude Guéant ont été perquisitionnées.
Affaire Lagarde/Tapie, une enquête menée par trois juges d'instruction concerne la prise de décision fin 2007 par Christine Lagarde, ancienne ministre de l'Économie, de recourir à un arbitrage pour solder le contentieux entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas.
Le domicile de Claude Guéant a été perquisitionné les juges s'intéressant à son rôle dans la décision de recourir à cet arbitrage.
Selon "L'Express", Nicolas Sarkozy a rencontré au moins six fois Bernard Tapie en 2007, avant son élection à la présidence, et à douze reprises, une fois installé à l'Elysée, entre le 15 juin 2007 et le 21 novembre 2010.
Le domicile de Christine Lagarde a été perquisionné mercredi.
L'ancien avocat général à la Cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, qui est très à droite et qui a défendu les peines plancher, ou, du moins initialement, la suppression du juge d'instruction. décidé par Sarkozy, a estimé "regrettables" les vives réactions à droite après la mise en examen de Nicolas Sarkozy, jeudi soir. "Cela crée de nouveau un climat d'hostilité à l'encontre des décisions judiciaires", a-t-il pointé. (Vidéo)
Le syndicat de la Magistrature a réalisé un communiqué en réaction aux prises de position de l'UMP ;
Il est clair que l’ancien président n’a pas dit son dernier mot, il adore être en position de victime et pourquoi pas va s'en servir pour fédérer autour de lui l'UMP, ses adhérents et ses sympathisants et rebondir en politique.
Sources : Le Monde, Le Nouvel Observateur, Nouvel obs, Nouvel Obs, Nouvel Obs, Nouvel Obs,
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