Affaire Dassault, décryptage
L’agglomération de Corbeil-Essonnes se trouve dans la tourmente. À quelques mois des échéances électorales, la ville est secouée par une affaire judiciaire dans lequel est impliqué Serge Dassault, maire de cette localité entre 1995 et 2009.

De graves soupçons
Serge Dassault se retrouve aujourd’hui au cœur de cette affaire éponyme. De graves soupçons pèsent sur cette personnalité concernant le transit frauduleux de plusieurs millions d’euros via des réseaux opaques, une tentative d’assassinat ainsi que l’annulation des élections municipales pour dons d’argent. Pour s’assurer du vote de l’électorat populaire qui était indispensable pour qu’il soit reconduit à la tête de la municipalité, l’industriel aurait mis en œuvre un système de clientélisme.
Qui sont les principaux protagonistes ?
Ils sont au nombre de quatre, dont Jean-Pierre Bechter, administrateur de la société Socpresse, propriétaire du Figaro. Il est en outre le bras droit du milliardaire et s’est retrouvé à la mairie de la ville après l’invalidation de l’élection de Serge Dassault par le Conseil d’État en 2009. La justice le soupçonne d’avoir acheté des votes durant sa campagne électorale.
Younès Bounouara est aussi un personnage-clef de l’affaire. Avant son incarcération pour tentative d’assassinat, il représentait l’homme de main de l’industriel pour intervenir dans les quartiers sensibles de l’agglomération. Serge Dassault lui a octroyé 2 millions d’euros en 2011, une somme qui aurait servi à payer les intermédiaires opérant au sein du système dans l’objectif d’acheter les votes de l’électorat.
Younès Bounouara est cependant soupçonné de ne pas avoir redistribué l’argent, ayant ainsi engendré la convoitise et la jalousie autour de lui. Comme le contexte s’est dégradé, il a tiré sur Fatah Hou qui a été grièvement blessé. Ce dernier intégrait l’équipe ayant clandestinement filmé l’industriel lorsque celui-ci évoquait le versement de grosses sommes d’argent. Il fait l’objet d’une plainte de la part des avocats de Serge Dassault auprès du Tribunal d’Évry avec René Andrieu, ancien braqueur qui a été parmi les proches de Serge Dassault.
Au Tribunal d’Évry
Plusieurs enquêtes judiciaires sont ainsi ouvertes autour de l’affaire Dassault, que ce soit à Évry ou à Paris, chaque partie assurant être la victime. Au Tribunal d’Évry, deux procédures distinctes ont été mises en œuvre. Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault ont été entendus dans le cadre de la première affaire qui concerne la tentative d’assassinat ayant ciblé Fatah Hou. La seconde enquête concerne les tirs qui ont visé Rachid Toumi, un jeune homme habitant à Corbeil-Essonnes, ce dernier ayant été à l’origine de la dénonciation du système qui consistait à acheter les votes de l’électorat des quartiers sensibles.
Selon les révélations faites par France Inter le 5 janvier 2014, Fatah Hou a déposé une plainte pour association de malfaiteurs au Tribunal d’Évry. La procédure vise 4 personnes : un diplomate marocain, un employé municipal, Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault.
Au parquet de Paris
En mars 2013, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour présomption d’achat de votes aux élections municipales entre les années 2008 et 2010, pour blanchiment, corruption et abus de biens sociaux. Les juges qui sont en charge du dossier ont soumis une requête auprès du Sénat pour une levée de l’immunité parlementaire de l’industriel, qui a été refusée récemment.
Par ailleurs, une information judiciaire est ouverte auprès du parquet de Paris depuis le 24 janvier 2013, à la suite de plaintes déposées par les enfants de Serge Dassault qui se déclarent victimes de nombreux appels malveillants. Trois personnes, toutes originaires de la ville de Corbeil-Essonnes ont été mises en examen dans le cadre de cette enquête.
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