Affaire des emplois fictifs du Modem : François Bayrou et Marielle de Sarnez entendus par la police judiciaire
Après l’audition de Sylvie Goulard, la commissaire européenne au « Marché intérieur », c’est François Bayrou et Marielle de Sarnez qui ont été entendus le mercredi 11 septembre à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Ils ont été questionnés sous le regime de l’audition libre, dans l’enquête portant sur les emplois fictifs présumés dite du « MoDem ».

« En réalité le parti politique, et non le parlementaire »
Leur convocation survient au lendemain de l’audition de Sylvie Goulard. L’affaire des faux assistants parlementaires du Modem éclabousse le parti à quelques jours du premier tour des élections législatives. Le 28 février 2017, une pétition était lancée sur la plateforme change.org pour contraindre le Parquet national financier à se saisir du dossier des emplois fictifs au Modem, après une découverte d’un extrait du livre Mains propres, plaidoyer pour la société civile au pouvoir de Corinne Lepage : « C’est ainsi que des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire (…) Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé, en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européens… »
L’accusation est grave. Une enquête préliminaire pour « abus de confiance » est ouverte le 9 juin 2017, par le parquet de Paris. Au moment des faits, Mme Goulard est fraîchement nommée comme ministre des Armées. Elle démissionne un mois après sa prise de fonction entachée par ce scandale.
François Bayrou, lui, est alors ministre de la Justice, et Marielle de Sarnez, en charge des Affaires européennes. Acculé par les révélations de Corine Lepage et d’autres informations relayées par Selon le Canard enchaîné, il nie les faits en promettant d’apporter des preuves claires. Toutefois, Une enquête de France Info citant une dizaine d’employés du Modem rémunérés comme assistants parlementaires vient corroborer les accusations et clouer son parti au pilori.
D’autre part, les enquêteurs après des perquisitions et auditions de témoins, analysent des dizaines de contrats d'assistants européens et obtiennent des aveux clairs sur procès-verbal ainsi que la saisie de disques durs d'ordinateurs contenants des mails incriminants.
François Bayrou, émet des plaintes vis-à-vis de l’enquête mais il est recadré par le Premier ministre Édouard Philippe. Il démissionne. Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes l’imite également Nathalie Griesbeck renonce à se présenter aux élections européennes de 2019 et compromet sa candidature aux élections municipales de 2020 à Metz.
« Satisfaits et soulagés d’avoir été entendus »
Le président du parti centriste et l'ancienne députée européenne étaient entendus, les mercredi 11 et jeudi 12 septembre, sous le régime de l'audition libre dans les locaux de l'Oclciff à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Selon leur entourage cité par le Point, ils se sont dits « Soulagés et satisfaits d'être entendus. » Depuis deux ans et demi, ils auraient attendu vivement de pouvoir s'expliquer dans cette affaire.
Selon les informations du Point, la défense aurait déjà fait verser au dossier près de 2 300 pièces visant à démontrer le travail effectif des assistants parlementaires mis en cause.
Toujours sur le même site, Marielle de Sarnez nie l'existence d'une note, évoquée par Corinne Lepage dans son livre, selon laquelle les parlementaires nouvellement élus s'engageaient à mettre à disposition du parti un de leurs collaborateurs. « Le seul engagement était de contribuer à la délégation du MoDem, comme c'est le cas dans tous les partis ».
Et les 45.000 Euros de Sylvie Goulard ?
Sylvie Goulard, la commissaire européenne au « Marché intérieur », se désolidarisant de ses co-accusés et désirant prouver sa bonne foi, a effectué le remboursement de la somme de 45 000 euros. Ce montant correspond à plusieurs mois du salaire de Stéphane Thérou, son ancien assistant parlementaire. « Elle a payé au Parlement européen ce que le Parlement européen estimait lui être dû », a insisté son entourage sur 20 Minutes.
Ce remboursement interprété comme un aveu, met à mal toutes les stratégies de la défense. « Elle a tenté de se blanchir alors qu'on vient de découvrir qu'en étant parlementaire, elle a été rémunérée par des intérêts privés », s’est indigné, dans le Point, un proche de François Bayrou.
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