Affaire du financement libyen : Brice Hortefeux échappe à une mise en examen
Le jeudi 1er août, l’ancien ministre Brice Hortefeux avait été convoqué par les juges d’instruction chargés de l’enquête sur les accusations de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, par l’ex-régime libyen de Kadhafi. L’homme n’a finalement pas été mis en examen, selon les dires de son avocat Me Jean-Yves Dupeux.

Accusé par Ziad Takieddine et Abdallah Senoussi
C’est le 25 octobre 2011 que la question du financement par le régime Kadhafi de la campagne de Nicolas Sarkozy, est révélée. Baghdadi Ali al-Mahmoudi alors premier ministre libyen en parle, lors d’une audience devant la cour d’appel de Tunis, qui examinait la demande d’extradition déposée par la Libye contre lui.
En mars et avril 2012, le site Médiapart déclenche un scandale en publiant deux documents qui attestent d’un versement de 50 millions d'euros. Ces documents sont signés de Moussa Koussa, ex chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, vivant en exil à Doha au Qatar. Ce fonds aurait été destiné au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et proviendrait de Mouammar Kadhafi l’ancien guide libyen, lui-même.
Les documents en question, révèlent un accord bien détaillé, préparé en 2005 et validé en 2006. Il accuse gravement en mentionnant les différents signataires et les témoins clés de cet accord. Il s’agit de Brice Hortefeux, à l’époque ministre délégué aux collectivités locales, de l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et intermédiaire dans les relations franco-libyennes, de Béchir Salah, ex-trésorier de Mouammar Kadhafi, de Claude Guéant et Nicolas Sarkozy.
Le15 novembre 2016, dans une vidéo et un article publiés toujours sur Mediapart, Ziad Takieddine confirme avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 « un total de cinq millions d'euros » dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris. Des fonds, dit-il, destinés à soutenir la compagne présidentielle qui sont remis au candidat Sarkozy et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
Le document de médiapart est authentifié par un expert en 2015. Cet autre élément vient s’ajouter à la liste des juges qui mènent plusieurs investigations pour corroborer les dires de.
De son côté, Abdallah Senoussi le beau-frère de Kadhafi avait quant à lui, dit avoir supervisé des transferts de fonds pour la même cause. Il indexait Brice Hortefeux qui lui aurait remis en décembre 2005, alors qu’il était ministre aux Collectivités territoriales, un papier portant un nom de banque et un numéro de compte pour le versement de l’argent.
Brice Hortefeux avait été interrogé le 20 mars 2018 par les policiers de l’office anticorruption à Nanterre. Il avait infirmé cette allégation et avait évoqué sa visite dans le cadre d’un voyage officiel, sans plus.
Pour l’heure, Ziad Takieddine âgé de 69 ans a été mis en examen pour « complicité de corruption et de trafic d’influence actifs et passifs ». Il est aussi poursuivi en diffamation par Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. L'audience prévue au 19 décembre 2019 à cet effet, surviendra après un premier procès qui se tiendra les 26 et 27 septembre 2019.
Théorie du complot
L’actuel député européen LR Brice Hortefeux, avait été convoqué par les juges d’instruction le 9 juillet. Son interrogatoire suspendu avait repris ce 1er août. Brice Hortefeux a enfin de compte été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté dans l’affaire. Son avocat Me Jean-Yves Dupeux a déclaré au Parisien : « Les juges n’ont pas considéré qu’il y avait suffisamment d’indices pour le mettre en examen » poursuivant que son client était « très soulagé ».
Même s’ils clament leur innocence, l’ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant ainsi que Nicolas Sarkozy ont eux, été mis en examen pour « corruption passive » et « recel de détournements de fonds publics ».
En juillet, Nicolas Sarkozy dénonçait sur BFMTV un « complot », pour lequel les responsables auront à « rendre des comptes ». Dans la même période, le JDD publiait le témoignage d’un des anciens employés de Ziad Takieddine, qui accréditerait la thèse selon laquelle, toute l’affaire Kadhafi ne serait qu’« une machination » visant à « tuer Sarkozy ».
Enfin, notons que Brice Hortefeux a récemment déposé une requête aux fins de saisine de la Cour de justice de la République (CJR). Cette institution est la seule habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Pour l’eurodéputé, le dossier ne relève pas de la compétence des juges d’instruction.
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