Allo, Alsacos, bobo !
On ne veut pas de la Grande Région Alsace-Lorraine-Champagne -Ardennes, même pas de l’Alsace-Lorraine dans les milieux alsaciens conservateurs, organisés avec de nombreux élus, parlementaires et autres. L’Alsace, un point c’est tout.
De là les regrets et la désolation pour beaucoup de Mosellans, particulièrement ceux de l’Est frontalier et ceux vivant en Alsace, outragés par l’incommensurable mépris de tout ce qui ne serait pas Alsacien, d’une Alsace fièrement repliée sur elle-même, dans le grand Est, alsacianophone, toute variante exclue… « Restons entre nous, dans notre nid de cigogne, ridiculement devenue rebelle ! ». Sic, pour la cigogne rebelle : un slogan ! Mais ce n’est pas du La Fontaine. Le bel oiseau se voyant ainsi honoré, doublera-t-il aussi les amas de fiente fertilisante au pied de son gîte ?
Heureusement tous les Alsaciens ne sont pas à ce point régionalistes étriqués !
Quoi ? Une Histoire, figée, désuète ? Quelles racines ? Quels arguments ?
« Cujus regio ejus religio » (en clair « tel prince, telle religion ») ? Bon nombre d’Alsaciens ne peuvent savoir à quel prince « ils » appartenaient jadis, pour la plupart parce que leurs ancêtres venaient d’ailleurs et même d’ailleurs encore, d’un ailleurs lointain, plus loin dans l’espace et le temps, déjà d’Outre-Rhin forcément et même de l’autre côté de la ligne bleue ( inventée) des cartes d’Etat-Major. Dès lors, quelle unité acquise, à la racine du bel arbre ? Quels princes élus aujourd’hui pour lui faire porter des fruits ?
L’Histoire Moderne par les traités de 1648 puis 1681 pour Strasbourg, plus tard encore pour le sud butténerrois serait elle plus unificatrice ? Les purs et durs doivent encore souffrir de l’invasion française, les pauvres, ici régionalistes et là jacobins, plus français que français, tout en étant plus alsacien qu’alsacien et plus encore….
L’Histoire contemporaine alors ? Alors là, nous sommes nombreux à n’avoir pas choisi… à part quelques rares héros dans l’épreuve. Rares, comme entre autres, Pierre Bockel (le chanoine) qui le disait en connaisseur, haut et fort, l’ancien aumônier de la brigade Alsace-Lorraine commandée par Malraux, son ami : « La résistance a été maigrichonne en Alsace ». On peut comprendre d’une certaine manière cette spécificité infligée par une Histoire douloureuse.
Mais, diable qui donc a renoncé à la langue dialectale alémanique ou francique comme la mienne par exemple ? Quand ? Quid des lois d’après conflit qu’on s’est attaché à oublier, parfois vainement aussi ? Etait-ce bien nécessaire si ce n’est pour « traficoter » aujourd’hui une unité factice. « Alsace Unie » ? A fins électoralistes surtout dans les campagnes.
Que n’a-t-on suivi alors l’imparable logique de Richert, le président de Région qui, alors ministre, avait vraiment « chiadé » la question pour sa Région et plus loin. L’Alsace serait apparue comme un exemple sûrement susceptible de peser utilement sur ce nouveau projet, incohérent certes en l’état, mais que souhaitaient tous les bords pour des raisons d’économie administrative, disait-on. En gros, c’est ce qu’on préconisait, logiquement dans le principe mais à chacun son choix postérieur. Comme le fit savoir le référendum.
Aujourd’hui pour éviter toute confusion entre Nord et Sud de l’Alsace, à l’unisson, faux-culs d’alors compris, tous rejoignent le président,…enfin. Chapeau Monsieur Philippe Richert, c’est un gouvernement dit de gauche, qui peut-être réussira, chez vous, à faire aboutir votre projet si soigneusement élaboré ! Ce n’était donc pas en vain. Mais il y a désormais des dégâts collatéraux, des deux côtés de l’oppidum, cerné par l’ennemi imaginé ou des voisins méprisés, fondement de cette union sacrée ridicule dans cet esprit-là et mille fois vaine. Vous, vous ne pouvez être contre l’Alsace-Lorraine, vous qui êtes quasiment frontalier des deux, si l’on peut dire !
Courageux et sinon unificateur du moins conciliateur, le président PS de la CUS( Communauté Urbaine de Strasbourg) Robert Hermann qui a ouvert les portes à une opposition raisonnable dans l’institution qu’il préside, s’est clairement déclaré pour une région Alsace-Lorraine. Il n’a pas confondu le cursus honorum professionnel comme certains dont l’ascension politique a accompagné les promotions par exemple celle de l’instituteur politique promu, à terme, proviseur sans doute par des élèves électeurs …et bien d’autres situations identiques.
L’Unité par la Langue, l’argument premier.
Unité allemande et l’unité italienne, au XIX° siècle, au nom de quoi ? Une unité ethnique qui s’appuie sur une langue ? Bien sûr, chers Alsaciens que c’est bien plus complexe, cependant tout de même moins que l’Identité Française, (notre Etat-Nation) , dont on sait qu’elle a été forgée, souvent à douleur, ne suscitant ici et là que rébellions et haines, exprimées dans des langues, des dialectes ou des patois très différents. Il a fallu des ordonnances, des lois, une Constitution pour imposer le français à « La grande Nation ».
L’actualité en Ukraine par exemple montre les dégâts encore incommensurables pour l’heure que le panslavisme russe peut produire. Tous les « pan » en préfixe ( tout) portent et porteront toujours leur corollaire, c’est à dire l’exclusion.
Et puis au « Salon imaginaire des Régions Unies » on ne veut pas de voisins trop pauvres comme la « Meuse endormeuse » de Péguy : nommer le poète, c’est rendre hommage à toutes les victimes et particulièrement en terre Lorraine, à Verdun. Combien de vies perdues, combien de « malgré-nous » avant la suivante où l’on créera l’appellation contrôlée, des deux côtés, qu’on se le dise.
Le monument aux morts de la place de la République à Strasbourg dit tout. Serait-ce compris par les cigognes qui ne s’installent pas place de la république.
De leur côté les Vosgiens semblent assez indifférents, en apparence du moins, car ils se savent impuissants comme les Meusiens d’ailleurs en raison de leur poids démographique et surtout de leur PIB. On y travaille pourtant et fort bien, souvent pour de plus grandes entreprises alsaciennes. Curieux mépris pour les moins riches !
Pour les Meurthe et Mosellans et particulièrement Nancy, la concurrence avec une cité Européenne comme Strasbourg est insurmontable mais pourquoi pas d’adhésion-participation ? Et puis Metz a bien du charme en Moselle aussi ! Danger pour autant ? Celui de voir apparaître une coopération renforcée ente Moselle et Luxembourg
Alors quoi ? La crainte de la perte de l’appellation de vins d’Alsace et autres produits dûment estampillés ? Pourquoi pas Bugatti tant qu’on y est ? Plus que ridicule.
A tout cela en dépit de la qualité du « made in Alsace », je préfère Albert Schweitzer, l’enfant de Kaysersberg, étudiant sans préjugés jusqu’à l’obtention de doctorats de philosophie, de théologie et enfin de médecine, à Strasbourg, à Berlin et à Paris. Pour enfin étendre sa vie d’Alsacien et son action de premier humanitaire jusqu’à Lambaréné au Gabon.
Avec une cantate de J.S Bach comme fond musical.
Reste à imaginer une grande région aux frontières avec le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse. L’alsacien pas plus que les autres dialectes n’y serait interdit.
Antoine Spohr.
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