Allo, j’écoute !
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH208/alloj_ecoute-67d81.jpg)
Cette phrase, d’un autre temps, prononcée par des standardistes lors d’un appel, est aussi un piège qui s’est refermé sur Brice Hortefeux, l’ami du président, qui a manifestement oublié que la justice aimait bien laisser traîner ses oreilles…
En effet, dans le cadre de l’affaire du Karachigate, après les révélations de l’ex épouse de Gaubert, ami d’Hortefeux, ce dernier l’a appelé pour l’informer que son ex « balançait à tout va », et la conversation que celui-ci avait avec Thierry Gaubert a été enregistrée par la justice.
Elle a eu lieu le 14 septembre, quelques minutes après que l’ex épouse de Gaubert, la princesse Hélène de Yougoslavie ait « balancé ». lien
Et, à part avoir accédé au dossier, c'est-à-dire avoir brisé le secret de l’instruction, comment Hortefeux aurait-il pu avoir cette information ?
Le juge Courroye vient à son tour d’être mis en examen, accusé d’avoir surveillé des journalistes du monde (lien) après qu’en février dernier, le juge Marc Trévidic ait affirmé que Sarközy était « un multirécidiviste ». vidéo
Une pétition vient d’ailleurs d’être lancée par AVAAZ.org, reprochant au président de la république de bloquer l’enquête judiciaire sur l’affaire Karachi. lien
Voilà une affaire qui tombe plutôt mal au moment ou le scandale du Karachigate ne menace pas seulement Gaubert et Bazire, mais aussi le Président de la République, lequel était à l’époque le ministre du Budget et le porte parole de Balladur. lien
Comme l’avait écrit la journaliste Ghyslaine Ottenheimer dans son livre « les deux Nicolas, la machine Balladur-chez Plon : « Sarközi et Bazire, les deux gamins les plus puissants de France (…) contrôlent les principaux leviers de commande (Matignon, Budget, Communication… etc. » lien
Mais aujourd’hui, Gaubert, Bazire, et Sarközy ne sont pas les seuls menacés, puisque le Directeur de la Police Nationale, Frédéric Péchenard sera entendu vers le 15 octobre.
Frédéric Péchenard est un ami d’enfance de notre autocrate présidentiel : ils s’étaient revus en mai 1993, lors de la prise d’otage de la maternelle de Neuilly, alors que Sarközy en était le maire, (lien) et celui-ci l’a nommé directeur général de la police nationale le 23 mai 2007, quelques jours après sa propre élection. lien
Auparavant, alors que Sarközy était Ministre de l’intérieur, puis ministre des finances, (lien) Péchenard avait été nommé à la tête de la sous direction des affaires économiques et financières, en 2003 avant d’en être promu contrôleur général en 2004. lien
Ce même Péchenard après avoir été fait chevalier de la légion d’honneur, en avait été promu officier en juillet dernier mais devra attendre un peu pour recevoir les insignes des mains du Président de la République : la cérémonie prévue pour le 6 septembre dernier a été reportée, et les politologues pensent que l’affaire d’espionnage des journalistes du journal « le Monde » pourrait en être la cause, ce que démentent les services de « com » de l’Elysée. lien
Pourtant Frédéric Péchenard, le DGPN, a reconnu le 9 septembre sur l’antenne de France Info avoir « demandé à la DCRI d’identifier le haut fonctionnaire qui, soumis au secret professionnel et ayant un accès à des documents sensibles, divulguait des informations confidentielles dans une affaire judiciaire en cours ». lien
Un bienfait n’est jamais perdu : c’est ce même Pechenard qui avait sorti le fils de Sarkozi d’une bien mauvaise situation : celui-ci, en état d’ivresse au volant d’un scooter en février 2009 injuria le policier qui l’avait arrêté « tu n’es qu’un pauvre con, tu fais un métier de con, je vais te faire buter à la circulation » ajoutant à destination d’un autre : « je vais t’exploser, t’es qu’une merde » l’affaire ayant été discrètement étouffée par l’ami présidentiel. lien
Mais la liste des amis du président qui se sont du jour au lendemain trouvé dans de jolies places bien rémunérées est longue et prestigieuse.
Après le népotisme prouvé dans l’affaire de l’Epad, ou le chef de l’Etat avait voulu faire siéger dans le fauteuil de la présidence, un homme dont la seule qualité était d’être son fils, prénommé Jean, on sait déjà que des membres de sa famille se retrouvent installés dans des situations enviables.
Guillaume, son frère est patron des caisses d’assurances complémentaires Malakoff-Médérick, dont les caisses se remplissent, au fur et à mesure que les remboursements de la sécurité sociale se réduisent comme peau de chagrin, est aussi le bénéficiaire de la réforme des retraites. (lien)
François, l’autre frère, l’un des personnages influant de Big Pharma, a profité des largesses de Roselyne avec ses vaccins inutiles, et indirectement, des subventions mirifiques que le chef de l’état à octroyé aux labos de recherche médicale. lien
Sur la question des « amis du président », outre Frédéric Péchenard, on trouve aussi Christine Ockrent, épouse du ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, François Pérol, futur directeur de la CEBP, deuxième banque française, et conseiller économique de Nicolas Sarközy, Jean Pierre Jouyet, président de l’AFM (autorité des marchés financiers), nommé à ce poste sans validation du Parlement, son salaire ayant été doublé pour passer à 220 000 €, Laurent Solly, ex directeur de campagne de Sarközy devenu directeur adjoint de TF1, Pierre Mariani, ancien directeur de cabinet de Sarközy lorsque celui-ci était ministre du budget, nommé directeur de la banque Dexia. lien
Sur ce lien, un diaporama des amis du président.
La liste des amis de ce dernier placés à des postes clefs est longue : de Pierre Charon, conseiller à la présidence de la république, nommé au CESE (conseil économique social et environnemental) à Raymond Soubie, conseiller aussi de l’Elysée, nommé dans la même institution, en passant par Jean Paul Delavoye, ou Maud Fontenoy, la navigatrice UMP, et Arno Klarsfeld, le conseiller de François Fillon, bombardé au Conseil d’Etat, leur promotion sent le fait du prince à plein nez. lien
Ajoutons pour la bonne bouche Jean Paul Bailly (PDG de La Poste), Sophie de Menthon (Medef), Laura Flessel, l’escrimeuse, Hervé Marseille, Sylvie Brunet, Annie de Roscoat, Ange Santini, le député UMP…etc.
Luc Ferry, ex-ministre de l’éducation, reçoit mensuellement 3750 € brut au titre du CESE, dirigeant par la même occasion le CAS (conseil d’analyse de société) en échange de 1800 € brut, dans lequel il a fait entrer un ami de 30 ans, Claude Capelier, qui perçoit 3200 € net à ce titre.
Quitte à assombrir un peu plus le tableau édifiant des cadeaux aux amis, il faut évoquer les « inspecteurs gadgets » de l’Académie de Paris.
Ils n’étaient que 7 en moyenne pendant 2 siècles, et ils ont fait des petits, étant 22 aujourd’hui, ce que dénonce, sans résultats, la Cour des Comptes.
Arnaud Teullé, ex-conseiller élyséen est l’un d’entre eux, tout comme David Teillet, ou Nathalie Briod, et ils sont gratifiés chaque mois d’un salaire de 4500 € net mensuels pour quasi ne rien faire, même si le gouvernement a promis d’agir bientôt en les intégrant au sein du corps des inspecteurs d’académie.
D’autres sont des dirigeants non exécutifs, grassement rémunérés, comme Lindsay Owen Jones, (2 millions d’euros) président de l’Oréal, l’entreprise de la généreuse donatrice du clan présidentiel, Liliane Bettencourt, ou Jean François Dehec, président de Sanofi-Aventis, (2,28 millions d’euros), le fabricant de vaccins inutiles du H1N1, Thierry Desmarest, (1,1 million €) président de Total, Yves Thibault de Silguy (1,6 million €) président de Vinci, Amaury de Seze (Carrefour) fermant la marche avec 700 000 €. lien
En attendant, malgré la crise, notre autocrate présidentiel n’a pas vraiment changé son train de vie : il a toujours 1000 employés, 44 chauffeurs, 61 voitures de fonction, 87 cuisiniers, 280 000 € annuels de fleurs dans son appartement élyséen, son airbus, ces 6 Falcon, et dépense toujours 1 million d’euros pour ses boissons (champagne) faisant ainsi le pied de nez à la Reine d’Angleterre qui elle à moitié moins d’employés. lien
Pas étonnant dés lors qu’un sondage récent sur « Le Post » nous apprend que 83,9% souhaitent la démission de Sarközy, et 12,9% supplémentaires acceptent qu’il finisse son mandat, mais préfèrent un autre président en 2012 (lien)
S’il est vrai que l’impopularité présidentielle en fin de mandat n’est pas une nouveauté, ils ne sont pas nombreux à avoir sombré si profondément que Nicolas Sarközy.
Chirac avait atteint le seuil de 81% de mécontents en juin 2006, Mitterrand était tombé à 67% en février 1993, et le plus mauvais score de Giscard avait atteint 55% de mécontents à la fin de son mandat. lien
Pas étonnant dès lors qu’ils ne soient plus que 57 % de son propre camp à souhaiter la candidature de Sarközi pour 2012. lien
Comme l’écrit « Médiapart » le 30 septembre 2011, les présidences Giscard, Mitterrand, Chirac ont toutes eu leur lot de scandales, mais « aucune ne fut menacée d’engloutissement comme l’est aujourd’hui celle de Sarközy ». lien
Comme dit mon vieil ami africain : « on ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre, et après la chasse ».
Merci à Corinne Py pour son aide efficace
L’image illustrant l’article provient de « mouton-noir.net »
Articles anciens :
Vers un dénouement du Karachigate
85 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON