Appareils idéologiques d’État ou comment l’Etat nous asservit
Beaucoup de gens croient que l’État est une hydre omnipotente millénaire (si ce n'est éternelle) que rien ni personne ne pourra détrôner de son piédestal. Et il est effectivement le cas que l’État jouit d'un atout puissant : le monopole de la violence légale (ou le monopole légal de la violence) sur un territoire donné et pour une population donnée. Et pourtant, ce n'est ni la police, ni les tribunaux, ni l'armée, qui maintiennent l'ordre étatique en place à coups de triques et de crosses. Ce qui maintient l’État est en place est bien plus pernicieux : c'est nous-mêmes.
Refoulée en nous, notre croyance en cette grande fiction qu'est l’État, notre crainte devant un monde fondé sur la liberté et le consentement mutuel, s'expriment sous la forme d'une adhésion répétée à l'existence du Léviathan.
Mais pourquoi laissons-nous la part libertaire de notre esprit être étranglée de la sorte par sa part autoritaire ?
Le marxiste Althusser y a répondu en trois lettres : AIE (pour Appareils Idéologiques d’État). Ce sont les structures de propagande étatiques qui influencent notre esprit, et le conditionnent à craindre la liberté et à se résoudre à la société bureaucratique contemporaine. Parmi ces nombreuses structures, ses trois piliers sont : le contrôle des médias (et de la presse), le contrôle des arts (ce qu'on appelle souvent de nos jours laculture), et le contrôle de l'éducation (et de la formation).
Par le contrôle des médias, soit direct lorsque l’État est propriétaire majoritaire de certains médias, soit indirect lorsqu'il se contente de les subventionner, l’État favorise la diffusion des informations qui arrangent ses intérêts (ceux de la classe politicienne et bureaucratique, et de leurs complices économiques). Toute concurrence des médias étatiques ou subventionnés par des médias libres est évidemment rendue ainsi très difficile (très coûteuse et risquée), ce qui pousse les médias libres à rentrer eux aussi dans le système de la dépendance-subvention envers l’État.
Par le contrôle des arts, essentiellement à travers le système asservissant des subventions, l’État peut favoriser les formes d'expression artistique, et les contenus idéologiques qu'ils colportent, qui ne remettent pas en question son existence ou ses intérêts. Même des artistes anarchistes finiraient par cesser de critiquer l’État s'ils se mettaient à vivre sous perfusion étatique. Et c'est ainsi que se crée la servitude volontaire et que les opposants sont muselés avant même d'envisager tout acte subversif.
Enfin, par le contrôle total étatique de l'éducation et de la formation, le pire de tous, la classe politicienne et bureaucratique contrôle le formatage des esprits de l'ensemble des membres de la société et élimine tout enseignement potentiellement subversif.
Voici comment la classe politicienne et bureaucratique, et ses complices économiques, maintient son pouvoir, et voilà ce que nous devons libérer en premier lieu. Car si le mouvement libertarien parvient à libérer les médias, les arts, et l'éducation, les verrous mentaux sauteront, l'endoctrinement étatique prendra fin, et une société libre deviendra enfin possible.
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